La République populaire de Chine a 60 ans

1949-2009 : La Chine retrouvée

1er octobre 2009, par Geoffroy Géraud-Legros

Le 60ème anniversaire de la République populaire de Chine permet de mesurer le chemin parcouru en un peu plus d’un demi-siècle par un peuple que la colonisation avait ruiné et divisé.

Le 1er Octobre 1949, Mao Zédong, président du Parti communiste chinois depuis 1943 ; proclamait la République populaire de Chine. L’édification de ce nouveau régime mettait fin à plus d’un siècle de domination étrangère et d’écrasement colonial.
Jusqu’au XIXème siècle, la Chine se situait, du point de vue de l’économie et de la puissance, bien au-delà des États occidentaux. Ainsi, au XVIIIème siècle, le pays produisait à lui seul près de 30% du revenu mondial. Cette part fut presque divisée par 6 en seulement quelques décennies, sous les attaques conjuguées des puissances coloniales occidentales, du Japon et de la Russie.

L’écrasement colonial

La pénétration des marchés chinois prit un tour particulièrement odieux lorsque le Traité de Nankin (1842) imposa par la force le commerce de l’opium au profit des commerçants Anglais. Organisée et encouragée par les puissances coloniales, la consommation de drogue fit d’immenses ravages dans la population. La France ne fut pas en reste : participant dès 1857 aux « Secondes guerres de l’opium » aux côtés de l’Angleterre, elle étendit son contrôle au cours des décennies suivantes à de vastes zones du pays.
Entre 1894 et 1899 ; le « démembrement de la Chine » (break-up of China) s’amplifia, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et la Russie faisant main basse sur de vastes « zones d’influence » en territoire chinois. En plus des exactions coloniales, la Chine fit l’objet d’une mise à sac en règle de ses ressources, et se vit en outre imposer en 1901, après l’écrasement de la révolte « 55 jours de Pékin » le paiement d’une infâmante – et écrasante –« indemnité » au profit des occidentaux. À ce brigandage, généralisé, les puissances occupantes dites « civilisées » ajoutèrent les brutalités propres au colonialisme, visant à imposer la culture occidentale aux héritiers d’une civilisation millénaire. À cette violence s’ajouta celle – extrême – de l’occupation japonaise des années 1930 et de la seconde guerre mondiale.

Développement et réunification

Fondé à Shanghaï en 1921, le Parti communiste chinois (PCC) prit la direction de la lutte de libération contre la colonisation occidentale et la conquête japonaise.
Accédant au pouvoir en 1949, les communistes chinois emmenés par Mao Zedong héritaient du bilan catastrophique de plus d’un siècle de colonialisme occidental et de militarisme japonais. Un produit intérieur brut n’atteignant pas les trois quart de celui de 1820 ; des infrastructures presque entièrement détruites par les guerres ; des populations minées par la famine et la maladie ; l’incapacité de se faire entendre dans le concert des nations, tel est le tableau qu’offrait le pays à l’heure de la proclamation de la République populaire.
60 années plus tard, la poursuite de l’indépendance nationale et de la modernisation a permis à la Chine, au prix d’immenses sacrifices, d’accéder au développement et de retrouver une place centrale au sein de l’économie mondiale. Avec la rétrocession de Hong-Kong en 1997 et de Macao en 1999, la réunification du pays est en voie d’achèvement. La détente que l’on constate aujourd’hui entre les autorités de Pékin et le régime de Taïwan laisse espérer un règlement définitif et pacifique de ce processus.

Nouvelles contradictions

Des contradictions nouvelles accompagnent cette résurrection de la Chine. Elles s’expriment notamment dans le domaine social – où la crise et le développement de l’économie de marché intensifient les conflits – et dans les relations entre les différents groupes culturels qui composent le pays. Les orientations adoptées récemment par le Parti communiste permettent cependant d’espérer un abaissement des tensions.
Après les mouvements sociaux qui ont secoué l’industrie chinoise, le pouvoir politique a pris acte de la nécessité d’accompagner le développement d’une meilleure répartition des fruits de la croissance. L’attitude des dirigeants chinois qui pointent la responsabilité des directeurs d’entreprise trop âpres au gain tranche d’ailleurs avec la stigmatisation croissante dont font l’objet les mouvements sociaux dans les pays occidentaux, depuis le commencement de la crise.
La récente crise du Xinjiang, au cours de laquelle se sont affrontés des Chinois du groupe Han et Ouïghours, a mis en évidence la montée de problèmes de coexistence – à laquelle certaines stratégies de déstabilisations extérieures semblent ne pas être étrangères. Là encore, le PCC privilégie une stratégie d’apaisement des conflits et d’aide au développement régional, en vue de raffermir l’unité républicaine.

Resserrement des liens entre la Chine et La Réunion

L’ascension de la République populaire de Chine intéresse évidemment les Réunionnais, qui ont intégré un considérable apport de population et de culture chinoise. Le Parti communiste réunionnais a entretenu au cours de son existence des rapports privilégiés avec son homologue chinois, dont ont bénéficié les relations entre les Réunionnais et les Chinois. Celles-ci ont pris tout récemment une dimension nouvelle, avec la réception dans notre île le 19 Août dernier de Zhang Guobin, Consul général de Chine populaire. Objet d’un consensus parmi les Réunionnais d’origine chinoise, ce raffermissement des liens entre nos deux pays a marqué en outre une nouvelle avancée de l’unité réunionnaise elle-même, par le biais d’une prise de conscience par les Réunionnais de la diversité de leur culture… et de leur capacité à échanger d’un peuple à l’autre avec le plus grand pays du monde.

Geoffroy Géraud

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