Favoriser l’intégration plutôt que l’isolement

Améliorer la circulation des personnes : une condition du développement

13 mars 2008

Questions de ’Nations’ à Imamo Ben Mohamed Imamo, Conseiller régional en promotion commerciale, Programme de promotion du commerce Sud-Sud, Centre Du Commerce International, Genève. Il souligne que l’intégration est un moyen efficace de corriger les inégalités.

Que pensez vous de l’initiative de convoquer un tel colloque ?
- L’initiative du Président des Seychelles est louable. Elle est salutaire parce que, aujourd’hui, la configuration de l’économie mondiale exige à ce que les pays se regroupent pour défendre leurs intérêts mais aussi pour adopter une stratégie commune pour tirer profit des avantages de la mondialisation, une mondialisation qui s’impose tous les jours dans le monde entier.
Je pense donc que ce colloque de trois jours mettra à profit la participation de tous les délégués pour jeter les bases d’une vision claire et nette de la COI sur l’intégration régionale en tant qu’élément de renforcement de la solidarité au sein de la sous-région Océan Indien mais également en tant qu’outil de développement des pays membres.

Et justement, comment réconcilier la mondialisation avec l’intégration régionale ?
- Cette réconciliation se fera seulement si ces pays partagent un idéal commun parce que, quoiqu’on dise, la mondialisation est là, elle s’impose au jour le jour, et les pays qu’on appelle les pays émergents foncent à une vitesse extraordinaire pour imposer leur efficacité au monde entier. Vous savez, les pays de l’Asie du Sud-est augmentent.
40% par année le commerce intra-régional, donc 4 fois plus que la vitesse des échanges commerciaux au plan international, alors qu’aujourd’hui, au niveau de la COI, ce taux de commerce intra-régional ne représente que 3,9% par an.

Est-ce que, selon vous, c’est la volonté de chaque pays membre de préserver ses intérêts qui empêche le développement de ce commerce intra-régional dans l’océan Indien ?
- Absolument. C’est ce que j’ai souligné le matin (mercredi - ndlr) lors de la première moitié des travaux. Il va falloir que chaque pays fasse un peu de concessions et ne pas avoir une idée courte de ses intérêts et donner un certain pouvoir supranational à la COI qui est un bien commun pour ces pays.
Je prends un exemple simple : aujourd’hui, la circulation des personnes entre les pays de la COI est un obstacle majeur à l’intégration parce que pour qu’un Comorien arrive aux Seychelles, il va lui falloir passer 2 nuits à Madagascar et éventuellement une nuit à Maurice. Pouvons-nous parler d’intégration dans ce contexte-là ?
Pour aller à l’Ile de La Réunion, un Comorien ou un Malgache doit passer par des procédures administratives très pénibles pour obtenir un visa.

Il y a aussi la différence dans le niveau de développement économique de chaque pays de la COI...
- D’où la nécessité impérieuse de mettre en place une politique d’intégration. Prenez le cas du Portugal ou de l’Espagne qui étaient très arriérés à leurs adhésions à l’Union Européenne (l’UE). Prenez le cas de l’Irlande du Nord, considéré comme un pays en voie de développement à son entrée dans l’UE, mais qui a rattrapé son retard à travers une politique d’intégration économique régionale. Ce sont là des exemples qui démontrent que la coopération régionale tire tous ses pays membres vers le haut.


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