Retour sur la Semaine internationale à l’Université de La Réunion avec sa vice-présidente aux Relations internationales, à l’Europe et à la Coopération régionale

Anne-Françoise Zattara : « L’Université de La Réunion passerelle entre les universités européennes et celles de l’océan Indien et d’Afrique australe »

17 octobre 2022

Du 10 au 14 octobre, la 7e édition de la Semaine internationale s’est déroulée aux Campus du Moufia et du Tampon dans le cadre du 40e anniversaire de l’Université de La Réunion. Anne-Françoise Zattara, vice-présidente de l’Université aux Relations internationales, à l’Europe et à la Coopération régionale présente le bilan de cet événement. Elle fait également le point sur les échanges entre l’Université de La Réunion, les universités européennes et celles de notre région avec en particulier le programme REUNION et celui de mobilité croisée avec l’Université du Kwazulu-Natal. Cette ouverture est d’autant plus importante que « l’agenda Union européenne-Union africaine intègre un volet enseignement supérieur recherche conduisant les universités européennes à s’intéresser à l’offre de formation délivrée dans cette région du monde »

Anne-Françoise Zattara (au centre) lors de la signature de la convention entre l'Université de La Réunion et celle de Szeged en Hongrie, le 15 octobre 2022.
Anne-Françoise Zattara (au centre) lors de la signature de la convention entre l’Université de La Réunion et celle de Szeged en Hongrie, le 15 octobre 2022.

Dans le cadre des 40 ans de l’Université de La Réunion, quel était le message particulier de la Semaine internationale et comment a-t-il été perçu ?

Anne-Françoise Zattara : Il s’agissait, pour l’université de La Réunion, au travers cette semaine d’ouvrir le champ des possibles à nos étudiants et personnels, nourrir les rêves d’ailleurs de nos étudiants et, parce que nous ne sommes pas dans les vœux pieux, de faire en sorte que ces rêves d’étudier ailleurs se réalisent en les accompagnant dans leurs démarches, avec le soutien des acteurs de ces territoires (les collectivités présentes, les opérateurs de l’État, les associations), en conviant aussi nos nouveaux partenaires universitaires (universités hongroises et polonaise) pour présenter les nouvelles destinations de mobilité. La semaine internationale a été placée cette année sous le thème de la diversité et de la durabilité, thématiques fortes du programme ERASMUS+ 2021-27. De nombreux ateliers linguistiques et culturels, en sus de la présentation des programmes de mobilité ont été proposés aux étudiants aux fins de leur permettre de se préparer activement à leur séjour à l’étranger. Nous sommes très heureux car beaucoup d’étudiants ont participé cette année aux différentes réunions d’informations, nombreux ateliers et manifestations proposés.
Nous avons également, pour les 35 ans du programme ERASMUS+, dessiné l’Europe avec nos étudiants, collègues, partenaires, opération montée avec le concours de l’École supérieure d’arts de La Réunion. Nous avons voulu, en ces temps difficiles que traverse l’Europe, dessiner une Europe qui fait envie, une Europe qui donne envie, une Europe carrefour de cultures, terre de métissage, en un mot incarner une Europe unie dans la diversité et face à l’adversité.

La Semaine internationale a présenté plusieurs programmes de mobilité ouverts aux étudiants de La Réunion. Quels sont les programmes les plus populaires auprès des étudiants réunionnais ? Des formations nécessitent-elles plus de mobilité que d’autres ?

Anne-Françoise Zattara : Le programme ERASMUS+, le plus connu, est très prisé par nos étudiants, comme les programmes vers le Canada-Québec (BCI, PPI). Nous avons noté cette année un engouement particulier pour les programmes de mobilité vers l’Asie : en particulier la Corée du Sud et le Japon, que nous essayons de développer.
Certaines formations sont internationalisées et nécessitent effectivement une mobilité à l’étranger comme par exemple la licence LEA anglais-mandarin ou la bi-licence franco-allemande ou encore les diplômes de l’ESIROI, qui sanctionnent un cycle d’ingénieur, les double-diplômes comme le Master biologie santé, les diplômes délocalisés comme le Master de génie civil, les diplômes de type ERASMUS MUNDUS comme le Master BEST-T (Biodiversité des EcoSystèmes Tropicaux Terrestres).

Quel est le département de l’Université de La Réunion le plus attractif auprès des étudiants internationaux ?

Anne-Françoise Zattara : La composante la plus attractive actuellement est la Faculté de droit et d’économie depuis 4 ans, avec en moyenne deux cent étudiants internationaux accueillis chaque année, suivie de près par la Faculté des lettres humaines et sociales et de la Faculté sciences et technologies. Les étudiants internationaux se concentrent majoritairement au niveau licence (autour de 400 étudiants). De nombreux diplômes sont attractifs en économie, droit, biologie, santé, lettres, génie civil...

Parmi les dispositifs présentés, REUNION est spécifique à votre établissement parmi les Universités françaises et européennes. Comment est née cette initiative ? REUNION a-t-il pour vocation d’être un ERASMUS de l’océan Indien ?

Anne-Françoise Zattara : Fort de son expertise en matière de gestion de programmes de mobilité, reconnue notamment par l’agence ERASMUS+ en 2020 par l’octroi d’un label bonnes pratiques, l’Université de La Réunion a commencé en 2017 à réfléchir à la création d’un programme régional de mobilités encadrées de grande ampleur, s’inspirant du programme Erasmus+. En décembre 2018, elle a été bénéficiaire de l’appel à projet du « dispositif régional de coopération dans l’océan Indien » de la Région Réunion, qui visait à accompagner les initiatives, et favoriser l’émergence de projets susceptibles de répondre aux critères du programme INTERREG V océan Indien. Elle a signé en en 2019 avec la Région Réunion et Campus France une convention destinée à favoriser la mise en place de ce programme.

Oui, le programme REUNION (« Regional Exchange University Indian OceaN »), lancé lors du Conseil des ministres de la COI en novembre 2021, est la version expérimentale du programme ERASMUS OI appelé de ses vœux par le président de la République lors de Choose La Réunion en 2019. Soutenu par le Programme Opérationnel INTERREG V 2014-2020, il permet la mobilité des étudiants et du personnel de 10 établissements partenaires de 6 pays de la Grande Zone Océan Indien (Comores, Kenya Maurice, Madagascar, Mozambique, Seychelles). Il a permis d’accueillir 43 étudiants à ce jour au sein de l’Université de La Réunion. Il vient s’ajouter aux autres projets de mobilité ERASMUS+ que l’Université de La Réunion a mis en place ces dernières années, en répondant aux appels à projets ERASMUS+ mobilités internationales. Ce sont des crédits qui permettent le financement de mobilités entre l’Union européenne et des pays tiers (exemple : Afrique du Sud, Éthiopie…), favorisant la synergie des fonds européens.

Une convention a été signée vendredi dernier avec l’Université de Szeged en Hongrie. Quels sont les secteurs les plus dynamiques en matière de coopération avec les Universités de l’Union européenne ?

Anne-Françoise Zattara : Pour ce qui est de cet accord en particulier signé avec l’université de Szeged, il a vocation à développer la mobilité dans 4 domaines : agro-alimentaire, santé, lettres françaises et droit/sciences politiques. De façon générale, l’on travaille au niveau européen tous les secteurs pour favoriser la mobilité du plus grand nombre. L’on favorise aussi la diversification des partenariats pour multiplier les expériences linguistiques, culturelles, pédagogiques, et avoir des flux équilibrés. Les secteurs les plus dynamiques actuellement en termes de mobilité sont les langues, littératures et civilisations, l’économie et le droit, la biologie, la santé, l’ingénierie dans le domaine de l’agro-alimentaire.

Dans quelle mesure votre Université est-elle une passerelle entre les universités européennes et celles de l’océan Indien et d’Afrique australe ?

Anne-Françoise Zattara : L’Université de La Réunion est à l’évidence une passerelle entre les universités européennes et celles de l’océan Indien et d’Afrique Australe à différents niveaux. Elle est une porte vers l’Europe.
Parmi nos étudiants internationaux accueillis, deux tiers viennent de l’océan Indien. Ces étudiants, qui viennent en mobilité individuelle ou via des programmes de mobilité (comme le programme REUNION, ERASMUS + ou encore le dernier en date de mobilités croisées que nous avons initié avec l’Université du Kwazulu Natal), acquièrent des diplômes dotés d’une assurance qualité européenne, leur permettant parfois de continuer leur cursus dans d’autres universités en Europe.
Elle est aussi, pour les étudiants européens, qui viennent étudier chez nous le temps d’un semestre ou d’une année, une porte sur l’Afrique et l’océan Indien, particulièrement digne d’intérêt à l’heure où l’agenda Union européenne-Union africaine intègre un volet enseignement supérieur recherche, conduisant les universités européennes à s’intéresser à l’offre de formation délivrée dans cette région du monde. Dans cette perspective, l’Université de La Réunion, en tant que seule université française et européenne de la région, a un rôle à jouer et joue d’ailleurs ce rôle d’interface entre l’Europe et l’océan Indien en s’unissant à des universités africaines ou de la zone pour structurer une offre de formation que l’on appelle dans notre jargon franco-X et proposer des cursus de type double diplôme ou délocalisé à destination des populations de notre bassin géographique.


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