Mission MEDEF-CGPME-SYCOR-FDSEA et chefs d’entreprises affiliés - 1 -

’C’est maintenant le temps d’investir...’

15 juin 2005

Opération réussie pour les chefs d’entreprises réunionnais. La mission menée par François Caillé, président du MEDEF Réunion, a notamment abouti sur des signatures de conventions partenariales avec la Grande île.

(page 7)

François Caillé, du groupe Caillé, Michel Aleflie du groupe Clinifutur, ainsi que Régis Moreau chargé du développement de Royal Bourbon Industrie, revenaient vendredi dernier en gardant les précieux documents dans leurs serviettes. Guy Hagelauer, patron de la Cartonnerie de La Réunion, va installer une cartonnerie à Madagascar pour l’emballage du letchis malgache, soit 21.000 tonnes. Les deux sucreries réunionnaises, de Bois-Rouge et du Gol, répondront à l’appel d’offre du gouvernement malgache, lors du lancement de la privatisation de la SIRAMA. Le groupe Accor peut maintenant oublier ses griefs administratifs avec l’administration malgache. C’est le président malgache lui-même, devant nos yeux, qui s’est chargé de faire avancer le dossier. L’expression d’une volonté politique malgache de maîtriser ses richesses économiques, tout en s’ouvrant au monde... et à son porte-monnaie !
Mardi dernier, une délégation de chefs d’entreprises réunionnais s’envolait vers Madagascar, certains pour la première fois en prospection sur la Grande Île. L’île rouge appâte les investisseurs étrangers, malgré les récentes crises qui ont troublé l’économie malgache, déjà chancelante. Certaines entreprises réunionnaises, et pas des moindres, y sont déjà installées, non sans mal. Le transitaire Érick Pichon de Bury, représentant d’Air Madagascar à La Réunion, a ses bureaux à Tananarive et à Tamatave, comme à Paris, Rouen, Marseille, et La Réunion. "L’installation administrative est contraignante à Madagascar", reconnaît l’entrepreneur réunionnais. Mais il note après avoir participé à cette mission "plus de souplesse dans la fonction administrative. Il y a maintenant un esprit d’ouverture". Notons par ailleurs que tous les moyens ont été mis en œuvre pour démontrer la volonté politique malgache d’accueillir les investisseurs étrangers, dans les meilleurs conditions possibles. Le passage sur notre île, en avril dernier, du président de la République de Madagascar, Marc Ravolomanana, a donc bien fait son effet. Il exhortait les patrons réunionnais à coopérer avec Madagascar. La visite de la délégation réunionnaise lui permet de saluer le dynamisme des entrepreneurs réunionnais. Une quarantaine de chefs d’entreprises, et le rappelle François Caillé, "de la très petite, de la petite, de la moyenne et grande entreprise" est en effet venue illico presto honorer l’invitation du président malgache. Notons que cette mission se voulait en dehors de toutes entités syndicales. Pour ce faire, cette mission s’est voulue intersyndicale et interprofessionnelle. "Les Réunionnais ont toujours su s’unir quand il le faut", note Rémy-Jean Hoareau.

"Quand on veut, on peut..."

Premier jour de mission. Après la visite du centre du Sacré-Cœur (voir article "Chaque parrainage sort un enfant de la rue..."), chez Frère Romain, à Ambatolampy, la délégation met le cap sur Antsirabé, "là où il y a beaucoup de sel". De blé ! Et il faut dire que nous aurons tôt fait d’apprécier le marché juteux de cette ville de la région du Vakinankaratra. Accueillie par le chef de la région, Lanto Rabenantoandro, et le Fiova, Groupement des entreprises et des organismes du Vakinankaratra, la délégation réunionnaise sera vite au fait du potentiel de cette capitale de l’agroalimentaire à fort potentiel économique. Pour François Caillé, "c’est l’occasion de saisir l’opportunité qui est offerte aux entreprises réunionnaises". Discours que tiendra également Marc Ravalomanana. "C’est maintenant le temps d’investir", déclarera-t-il dans son palais présidentiel, le jour du départ de la délégation. Millionnaire à la tête du groupe Tiko, un fleuron de l’économie malgache, Marc Ravalomanana, en vrai chef d’entreprise, entend bien rassurer les investisseurs, et notamment les Réunionnais. Bizness pour bizness. Escortés par la police, ils découvrent un vaste terrain de 400.000 mètres carrés destiné à accueillir une zone d’activité industrielle, où tout reste à faire, "parce que placé en pleine zone marécageuse", indique Rémy-Jean Hoareau, gérant de Sud Armatures, spécialiste de l’acier à béton. Lanto Rabenantoandro, Olga Vololonirina Ramalason, maire de la commune urbaine d’Antsirabé, accompagnés de Salim Karmaly, président de la Chambre de commerce, d’industrie, d’artisanat et d’agriculture (CCIAA) du Vakinankaratra, espèrent justement que les investisseurs participeront à l’assainissement et à la viabilisation de cette zone, et sollicitent par ailleurs la technicité d’expertise de la DDE, représentée par M. Nicolas. Le projet concernant cette zone veut servir la structuration globale de la région du Vakinankaratra, qui souhaite s’équiper également d’un aéroport Cargo et d’une route de contournement de la ville d’Antsirabé, mais aussi d’une “agro-technopôle”. Les futurs investisseurs sont mi-figue mi-raisin, forcément impressionnés par l’immensité du terrain proposé, mais en proie à moult interrogations, particulièrement sur la question des formalités administratives pour une installation future. Toutefois, ceux-là se mettaient à vite rêver en visitant les installations malgaches de la STAR, filiale du groupe français Fraise, producteur de la célèbre bière malgache THB, et du groupe Tiko, la Cilam malgache. Mercredi soir, la délégation réunionnaise a rencontré les opérateurs économiques de la zone du Vakinankaratra. François Caillé signe pour son groupe une convention de partenariat avec la région du Vakinankaratra. Il projette de s’installer dans la zone, sur plusieurs dizaines d’hectares de terre, pour produire des fruits et légumes, qui ensuite alimenteront ses magasins réunionnais (Carrefour et Champion). "Quand on veut, on peut", insistera François Caillé auprès des chefs d’entreprises. Ces derniers ont du moins bénéficié d’un cours magistral sur les formalités administratives "plus souples imaginées par la nouvelle équipe présidentielle", explique le guide d’une partie de la délégation, Joely Ramagason.

Environnement économique favorable

Jeudi matin, après un vol inter, la délégation réunionnaise file vers “Le Colbert”, hôtel situé dans le quartier présidentiel, à Tananarive centre, pour rencontrer le Groupement des entreprises de Madagascar (GEM) et mettre à la lumière les zones d’ombre sur les questions fiscales et juridiques, tout ce qui a trait à l’installation d’une initiative étrangère à Madagascar. Olivier Ribot, juriste à Fidafrica, note dans son exposé “L’environnement juridique et fiscal de l’entrepreneur à Madagascar” toutes les évolutions législatives en faveur de l’investisseur étranger, la loi 2004-030 du 9 septembre 2004 sur la lutte contre la corruption par exemple, appuyée par la création du Bianco, institution de lutte contre la corruption. Il relève quelques petites contraintes restantes, notamment sur l’émigration des entrepreneurs. Des procédures longues et complexes mériteraient par exemple une adaptation au nouveau droit des sociétés. Mais en général, et cela a été rappelé à maintes reprises, les potentialités sont bonnes, le marché est vaste. Jeudi après-midi, les entrepreneurs réunionnais rencontraient de nouveau des opérateurs économiques malgaches, cette fois de la capitale, peut-être les plus rassurants. Certains chefs d’entreprises sont maintenant définitivement convaincus des avantages pour leur secteur d’activités, à l’image de Guy Hagelauer, Président directeur général de la Cartonnerie de La Réunion (CR). Le letchi malgache s’exporte, parce qu’il est peu cher, et l’entrepreneur réunionnais souhaite s’ouvrir à ce marché. Il s’établira à Tamatave pour répondre à ce besoin. D’autres sont déjà installés sur la Grande Île, et la participation à cette mission leur permet de s’ouvrir davantage aux marchés malgaches. Régis Moreau de Royal Bourbon Industrie signe avec un ténor de l’économie malgache, le groupe Ramanandraibe. Déjà installé à Madagascar pour le grain et pour la vanille - "une activité historique de mon entreprise", confiera-t-il - il souhaite également s’approvisionner en letchis et girofles à destination du marché singapourien.

Appel du président Marc Ravalomanana

Opération réussie donc pour la mission menée par François Caillé. Le président Marc Ravalomanana encourage les investisseurs réunionnais à s’implanter dans la région. "C’est maintenant le temps d’investir et de participer au développement de Madagascar", appelle le président malgache, Marc Ravalomanana. D’ailleurs, vendredi matin, petit-déjeuner studieux à l’hôtel Hilton. Pour que cette mission, courte mais enrichissante, soit complète, la Banque nationale de l’industrie (BNI) du groupe Crédit Agricole montre tous les avantages à investir à Madagascar, et pourquoi pas en plaçant toute la confiance nécessaire dans ses services. La BNI est le "premier établissement de crédit", "pourvu d’un système bancaire sain et rentable", ce que ne manque pas de préciser son directeur général adjoint, Francis Cachia. Juste le temps de visiter en coup de vent le 5ème Salon B to B, entendez Bizness to Bizness, Salon visant la rencontre et le partenariat des initiatives privées, la délégation réunionnaise revient à La Réunion la tête plein de projets ouverts à l’île sœur.

Bbj


Madagascar

Superficie : 587.041 kilomètres carrés
Nombre d’habitants : environ 17 millions
Espérance de vie : 53 ans
Pauvreté : 70% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté
Taux de fécondité : 6 enfants par femme
Inflation : 27,8% (controversé)
Salaire minimum : environ 20 euros par mois
Taux de croissance 2004 : 6%


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