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Chagos, La Réunion, Maurice : « Solidarité de frères des îles »
Pour le retour des Chagossiens au pays natal
jeudi 18 octobre 2018, par
Suite à l’audience la Haute cour de justice de La Haye, Olivier Bancoult du Groupe Réfugiés Chagos a présenté les dernières avancées de la lutte aux côtés de Liseby Elysé dont le témoignage sur sa déportation a bouleversé de nombreuses personnes présentes à La Haye. Les Chagossiens sont accompagnés de deux amis mauriciens : Nandho Bodha, auteur du livre « l’Archipel du Sagrin » qui retrace les combats des Chagossiens, et Rama Poonoossamy, éditeur de l’ouvrage.

Hier matin, Olivier Bancoult et Liseby Elysé du Groupe Réfugiés Chagos, accompagnés de Nando Bodha, auteur du livre « l’Archipel du Sagrin » et ministre du Tourisme, et de Rama Poonoossamy, responsable d’Immédia, éditeur de l’ouvrage et ancien ministre de la Culture, ont été accueillis à l’aéroport de Gillot par une délégation du Comité de solidarité Chagos Réunion comprenant notamment son président, Georges Gauvin, et son secrétaire, Alain Dreneau.
Le séjour de la délégation chagossienne et de leurs amis mauriciens a deux objectifs. Tout d’abord, il s’agit de faire le point après l’audience du mois dernier à la Cour internationale de Justice concernant les Chagos. Ensuite, c’est la présentation du livre écrit par Nando Bodha, par ailleurs ministre en exercice. L’ouvrage retrace les luttes menées par les Chagossiens depuis le début de leur exil.
Solidarité réunionnaise saluée
Après l’accueil à l’aéroport, la délégation a tenu une conférence de presse à Saint-Denis. Puis un rassemblement à Champ Fleuri a permis de réaffirmer l’importance de la solidarité entre les Chagossiens et les Réunionnais. A cette occasion, Olivier Bancoult a remercié la contribution du Mouvement réunionnais pour la Paix et du Comité de solidarité Chagos Réunion. Les deux organisations ont lancé une levée de fonds sur Internet pour soutenir le déplacement d’une délégation chagossienne à La Haye. Le financement initial ne prévoyait que trois personnes. Grâce à la solidarité, ce sont finalement neuf Chagossiens qui sont allés à La Haye, trois originaires de Salomon, trois de Peros Banhos, et trois de Diego Garcia.
« Nous sommes reconnaissants de votre solidarité de frères des îles », a souligné Olivier Bancoult qui a rappelé que l’audience de La Haye n’est qu’une étape. La plus haute juridiction de l’ONU doit en effet trancher sur la question de la souveraineté de Maurice sur les Chagos, qui sont administrées par la Grande-Bretagne. Les Chagossiens et leurs amis mauriciens sont confiants en attendant le rendu de l’avis consultatif, car les 22 États qui ont plaidé devant la Cour ont tous reconnu que les Chagossiens ont été maltraités, y compris la Grande-Bretagne. 19 ont pris position pour la condamnation de la Grande-Bretagne. Cela confirme la tendance du vote de l’Assemblée générale de l’ONU, saisie par Maurice qui demandait que la Cour internationale de Justice soit saisie de l’affaire au nom de la non-application par la Grande-Bretagne de plusieurs principes du droit international. L’excision de l’archipel des Chagos à la veille de l’indépendance est un démembrement l’ancienne colonie Maurice, ce qui contrevient au droit.
Dignité humaine avant l’argent
L’occupation britannique des Chagos signifie que la décolonisation de Maurice n’est pas complète, et par conséquent celle de l’Afrique non plus. C’est pour cela que les 55 pays de l’Union africaine ont décidé de soutenir Maurice et les Chagossiens. En attendant le résultat de cette procédure, une autre est en cours auprès de la Haute cour de Londres. Le droit au retour des Chagossiens contre l’opposition du gouvernement britannique sera plaidé du 10 au 15 décembre devant la Haute cour de Londres.
Pour le représentant du Groupe Réfugiés Chagos, la perspective du retour au pays se rapproche.
Olivier Bancoult a conclu son intervention en rappelant un principe des Chagossiens : refuser toute compensation financière en échange d’un renoncement à retourner au pays. « Notre dignité humaine est plus importante qu’une poignée d’argent », a-t-il souligné.
Représentant le Mouvement réunionnais pour la Paix, Julie Pontalba a fait part d’un message de l’AKFM. Le parti politique malgache y réaffirme sa solidarité avec la cause chagossienne ce qui souligne la dimension internationale de ce combat.
« Océan Indien zone de paix »
Georges Gauvin, président du Comité de solidarité Chagos Réunion, a rappelé la nécessité de cette solidarité entre des peuples frères de l’océan Indien. C’est cette appartenance à une histoire et une culture partagée qui font qu’il n’est pas possible de « laisser tomber son frère », dit en substance Georges Gauvin, avant de rappeler les objectifs du Comité de solidarité : faire connaître la lutte des Chagossien et apporter un soutien financier à leur combat.
Après être revenu sur « l’Archipel du Sagrin » (voir par ailleurs), Nando Bodha a insisté sur le contexte géopolitique. La base militaire de Diego Garcia a été un élément déclencheur du mot d’ordre « Océan Indien zone de paix ». Et elle a acquis une importance encore plus grande depuis l’implication croissante des États-Unis dans les guerre au Moyen-Orient et en Afghanistan. C’est de là que décollaient les bombardiers qui pilonnaient l’Irak et c’est encore là qu’ont été détenus des supposés terroristes, dans des conditions indignes s’apparentant à celles des camps de Guantanamo.
M.M.