32e Conseil des ministres de la COI

Changement climatique et sécurité à l’ordre du jour

2 mars 2017, par Manuel Marchal

Le Parc des expositions de Saint-Denis accueillait hier le 32e Conseil des ministres de la Commission de l’océan Indien. Cet événement a permis de faire le bilan de la présidence française et de marquer le début de la présidence mauricienne de l’organisation. Il a vu aussi une rapide avancée des travaux qui se sont conclus avec deux heures d’avance sur l’horaire prévu. Lors des cérémonies d’ouverture et de clôture, aucun élu réunionnais n’a pris la parole.

Les membres du Conseil des ministres de la COI : Mohamed Bacar (Comores), Béatrice Attacha (Madagascar), Jean-Marie Le Guen (France), Hamada Boléro (secrétaire général de la COI), Seetanah Lutchmeenaraidoo (Maurice) et Jean-Paul Adam (Seychelles).

La France a transmis hier la présidence de la Commission de l’océan Indien lors du 32e Conseil des ministres de l’organisation créée en 1984 par Madagascar, Maurice et les Seychelles, et à laquelle ont adhéré en 1986 la France par l’intermédiaire de La Réunion, et les Comores. Outre les ministres des Affaires étrangères de nos plus proches voisins, la Chine était représentée par son ambassadeur à Maurice. La Chine a en effet le statut d’observateur. L’Union européenne, principal contributeur financier, avait délégué son ambassadeur à Maurice et aux Seychelles. Des élus de la Région Réunion et le Département faisaient partie de la délégation française, les présidents de ces deux collectivités n’étaient pas présents.

L’ouverture et la clôture étaient présidées par l’ambassadeur Hallade, délégué à la coopération régionale dans l’océan Indien. Aucun Réunionnais n’a pris la parole lors de ces deux séquences.

Hamada Boléro, secrétaire général de la COI, a insisté sur le bilan comptable de l’organisation. En 2016, les dépenses de fonctionnement sont inférieures à 6 % du budget. Sur 300 millions d’euros gérés depuis 35 ans, moins de 30 millions ont servi au fonctionnement.

Sécurité énergétique et alimentaire

Comme tous les autres intervenants, il a insisté sur l’importance de prendre en compte le changement climatique dans les politiques. « Les questions climatiques pèsent de plus en plus sur les consciences et les finances », a-t-il souligné. L’Accord de Paris est un moyen d’accélérer la mise en œuvre des Plans climat, afin d’intensifier les politiques d’atténuation et d’adaptation.

Un autre point commun aux interventions est celui de la priorité accordée à la sécurité. C’est tout d’abord la sécurité des échanges, avec la mise en œuvre à Madagascar d’un centre de fusion des informations maritimes. L’objectif est de lutter contre la piraterie. L’autre volet de cette sécurité touche à l’alimentation. Avec le soutien de la FAO, la COI a lancé un programme régional de sécurité alimentaire qui vise à s’appuyer sur Madagascar pour en faire le grenier de notre région. C’est une réalisation très attendue, notamment par les Seychelles. Jean-Paul Adam, ministre de la Santé, a rappelé que les Seychelles importent 90 % de son alimentation. Le raccourcissement de son approvisionnement est donc un enjeu stratégique.

Les membres de la COI comptent également valoriser les ressources de l’océan. C’est un gisement d’emplois, a souligné Seetanah Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce extérieur de Maurice. L’économie bleue est un moyen sur lequel la COI veut s’appuyer pour se développer.

Hamada Boléro a également constaté que la COI est diminuée pour peser dans des dossiers importants, tels que la négociation des accords de partenariat économique avec l’Union européenne. Ce manque de moyen fait qu’elle ne pourra pas défendre les intérêts des peuples comme il se doit. C’est pourquoi le secrétaire général de la COI a plaidé pour un renforcement de l’organisation. Il demande à dépasser le cadre gestionnaire afin de faire évoluer la Commission de l’océan Indien en Communauté de l’océan Indien. Cet appel à une plus forte intégration trouve son origine dans l’histoire, avec des imaginaires imbriqués.

Début de la présidence mauricienne

Aussi bien lors de la cérémonie d’ouverture que celle de clôture, Jean-Marie Le Guen, secrétaire d’État au développement et à la francophonie, et également président en exercice de la COI, a fait le bilan de la présidence française dans trois domaines : sécurité, environnement et développement économique. Il a souligné des avancées.

L’ordre du jour du 32e Conseil des ministres devait notamment évoquer l’engagement d’un nouveau programme, SEGA One Health, un projet visant à prévenir les épizooties. L’épidémie de fièvre aphteuse à Rodrigues et à Maurice a en effet rappelé la vulnérabilité de notre région à ce genre d’événement qui a d’importantes répercussions sanitaires et économiques.

C’est pourquoi à côté du relevé des décisions, la signature de la Charte d’engagement pour SEGA One Health était un temps fort de la clôture du 32e Conseil des ministres. Il n’en demeure pas moins qu’interrogé sur le contenu de ce programme, Jean-Marie Le Guen a avoué son incapacité à répondre et a sollicité de l’aide dans la salle. Il fut donc secouru par le directeur régional de l’AFD. Un moment d’égarement sans doute compréhensible. Cela fait seulement trois mois que Jean-Marie Le Guen assume un poste au gouvernement qui fait de lui le président de la COI. Il n’a échappé à personne que pendant que les ministres intervenaient lors de la cérémonie d’ouverture, le représentant de la France passait du temps à consulter son téléphone.

Le conseil s’est conclu par une brève intervention de la nouvelle présidence mauricienne qui met en avant trois points pour sa feuille de route : approfondir l’intégration, informer la population sur les projets de la COI pour qu’elle puisse se les approprier, placer ’économie bleue au centre des préoccupations.

Au niveau du fonctionnement, l’Union européenne fera partie des commissions qui décident des grands projets. Seetanah Lutchmeenaraidoo conclut en saluant Paris qui veut s’impliquer à fond dans l’intégration régionale.

M.M.

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