La congrégation des Frères du Sacré-Cœur et l’association Les Enfants du Sourire Réunion

’Chaque parrainage sort un enfant de la rue...’

13 juin 2005

Où placer judicieusement nos euros ? Comment aider les miséreux, les laissés pour compte, les va-nu-pieds ? Cette piste vous intéressera au plus haut point. Ouvrez votre cœur. Le frère Romain a ouvert le sien.

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Sortir les jeunes malgaches de la misère, les laissés pour compte, les va-nu-pieds de l’île Rouge. C’est la mission que s’est donnée frère Romain, de la congrégation des Frères du Sacré-Cœur, qui explique simplement son action : "parce que j’aime Madagascar, je me suis donné à elle, à ses enfants".
Il y a 50 ans, ce site d’Ambatolampy n’aurait jamais espéré voir un centre scolaire aussi performant. D’autant que là, il s’agit des plus fragiles, ceux que la vie n’a pas épargnés de la désillusion, de la souffrance aussi.
C’est un rêve réalisé. C’est surtout une expression d’amour pour ce peuple, digne, accueillant, travailleur, de grande volonté. Lorsque notre délégation s’arrête dans ce centre, mercredi matin, nous ne nous attendons pas à voir une aussi belle concrétisation.
Frère Romain, qui fête tout juste ses 80 ans, nous reçoit chaleureusement. Il s’empresse de nous faire visiter cette infrastructure, qui s’étend sur 230 hectares de terres fertiles. Le centre d’Ambatolampy, tenu par les Frères du Sacré-Cœur, accueille un public indigent, allant de la maternelle au baccalauréat, en passant par des ateliers manuels.
En clair, cette structure fait de l’enseignement général, comme de l’enseignement professionnel, plus pratique. Il forme aussi les séminaristes. Le but est de recueillir des enfants de la rue, ceux des prisonniers aussi, et les remettre sur pied.
Florence Deleflie, membre de l’association Les Enfants du Sourire Réunion, explique : "chaque parrainage sort un enfant de la rue". Chacun d’entre nous peut se faire défenseur de cette cause, juste. Et puis, comment ne pas tomber en admiration devant l’œuvre de Frère Romain ? Mais est-ce suffisant d’être seulement en admiration ?

"Je leur donne mes dernières années"

Médiathèque multimédia. Le centre d’Ambatolampy est ouvert sur le monde. Les jeunes apprennent dans un espace paradisiaque, serein, propice à l’étude. Oui, étudier, ce grand plaisir qu’ils n’auraient pu goûter sans cette action de longue haleine.
Les entrepreneurs réunionnais sont pareillement émus de cet accomplissement. Je dis "pareillement", et n’aurais pu dire autrement. Je l’étais moi-même, tellement l’entreprise de Frère Romain est en déconnexion avec le capital, la recherche du marché.
"Il y a 55 ans que je suis à Madagascar. Depuis 4 ans, je me donne totalement aux laisser pour compte, en recueillant des filles-mères, des femmes en détresse, des jeunes alcooliques, drogués. Je leur donne mes dernières années", me confie modestement Frère Romain.
Au bout d’efforts inavouables, ce centre dispose aujourd’hui de deux ateliers performants, axés sur la pratique, "pour ceux n’aiment pas l’école, mais qui veulent travailler". L’atelier menuiserie fabrique des bancs, des tables, tout en fait, peut-être pour la création de cet orphelinat, initié par l’association Les Enfants du Sourire Réunion (EDSR) qui accueillera d’ici septembre prochain, 200 enfants "abandonnés à eux-mêmes".
Cet orphelinat a été financé en partie par des investisseurs privés, comme Clinifutur, l’association Développement Solidarité, des donateurs du Sud de l’île de La Réunion, et tant d’autres. 150.000 euros auront suffi pour donner de l’espoir à ces jeunes enfants. Nous rappelons cependant que l’EDSR aura à supporter des prêts à hauteur de 87.000 euros.
Nous sortons de l’atelier de menuiserie pour découvrir le travail des femmes. Elles s’affairent dans l’atelier de couture, qui enseigne également l’assemblage, le tricot. Dehors, des tenues de sport attendent patiemment le jour où ils pourront fouler le terrain de football du centre du Sacré-Cœur.
Le cours de notre visite nous mène aux pieds du caveau où reposeront à terme une centaine de frères missionnaires décédés à l’étranger. Un chef d’œuvre d’architecture, représentant la croix, l’emblème de cet ordre religieux, qui parcourt le monde pour la bonne cause, plus que pour la bonne nouvelle.
"Depuis longtemps, les familles malgaches ont voulu que nos frères reposent ainsi. Ça ne se fait pas pour eux de mettre un corps en terre. Pour eux, on fait cela pour les bêtes. Nous avons donc réalisé ce mausolée, question d’acculturation", explique Frère Romain à la délégation réunionnaise.
C’est auprès des siens, de ses frères malgaches, que le Frère Romain, de son nom Bruno Légaré, veut se reposer, dans le site considéré comme le plus beau domaine de Madagascar, dans ce mausolée des missionnaires du Sacré-Cœur.
Mais Frère Romain a encore des projets. Oui, encore des projets. Il compte utiliser les hectares de terrains boisés inexploités, pour ouvrir une section agricole dans son centre. Non, il ne manque pas de projets. Peut-être seulement de financeurs. "La moisson est grande, les ouvriers trop peu nombreux".

Bbj


Si vous voulez soutenir les orphelins d’Ambatolampy, contactez

Les Enfants du Sourire Réunion

12, allée des Glaïeuls
97490 Sainte-Clotilde, Bois de Nèfles
Tél./Fax : 0262.29.68.38
Email : [email protected]


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