Partenariat économique ACP-UE

Co-développement : pour ’une approche globale’

16 novembre 2004

Au séminaire du Medetom à Saint-Denis, le représentant de la Région a exprimé les réserves de la collectivité. Notamment pour les négociations sur la canne à sucre et la pêche.

Le séminaire organisé les 9 et 10 novembre par le ministère de l’Outre-mer (Medetom) sur les “zones de complémentarité économique” s’est tenu à Saint-Denis alors que se préparait à l’île Maurice le Sommet de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe).
Le séminaire du Medetom a fait suite à celui tenu en Guadeloupe les 3 et 4 novembre avec les trois Départements français d’Amérique (DFA) et leurs “partenaires extérieurs” de la zone des Caraïbes.
Il s’agit pour les autorités françaises d’associer à un dialogue triangulaire entre l’Union européenne, les ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique) et les régions ultrapériphériques que sont les quatre départements d’Outre-mer, les services de l’État, les régions concernées, les entreprises et leurs “partenaires extérieurs”, dans la préparation des “accords de partenariat économique” qui doivent être conclus entre l’Union européenne et les ACP au 1er janvier 2008.
Dans ce partenariat, les RUP cherchent, aux termes de l’article 299-2 du traité d’Amsterdam, à construire des relations de co-développement et à mieux affirmer leur intégration régionale, dans un double principe de réciprocité et de complémentarité avec les pays ACP de leur environnement.

Contradictions entre les décisions

Soixante-six personnes ont pris part au séminaire indocéanique de deux jours auquel ont participé aussi, pour la Commission européenne, Carlos Alonso-Rodriguez, de la direction générale des Régions, Hans Rhein, représentant de l’UE à Port-Louis (Maurice), ainsi que Richard Randriamandrato, directeur de la Prévision du COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) et Albert Mushanga, le “n°2” de la SADC.

Le Medetom a envoyé Bernard Blaubomme, directeur adjoint des douanes. "Il nous faut favoriser une approche concrète et avoir une volonté d’ouverture, dans les filières - agriculture, pêche, NTIC, parmi d’autres...- où l’identification d’axes d’action et leur valorisation par un partenariat avec les autres peuvent jeter les bases d’une intégration renforcée" a-t-il déclaré à l’issue du séminaire. Ajoutant qu’il reste à "préciser les modalités de coopération" par lesquelles La Réunion pourra faire entendre sa voix au sein des instances internationales, comme l’y autorise la loi d’orientation pour l’Outre-mer (décembre 2000).

Des projets qui "excluent La Réunion"

La Région Réunion, représentée par Raymond Lauret, président de la Commission du développement économique, a exprimé les réserves de la collectivité devant une approche qu’elle souhaite plus globale.
L’élu régional s’est dit aussi "inquiet de l’évolution de certains dossiers". Celui de la canne à sucre, qui a structuré les économies et les territoires de l’île Maurice et de La Réunion, est négocié dans deux cadres différents - OCM sucre et APE (Accords de partenariat économique). "Si cette base productive était remise en cause, quel sens aurait une réflexion sur les complémentarités agricoles ?" a demandé l’élu régional.

Dans le domaine de la pêche également, le président de la commission régionale de développement économique a relevé des contradictions dans les décisions européennes et gouvernementales ; ou encore des incohérences dans la conduite et le calendrier de discussions sur la coopération transnationale et transfrontalière, les échanges commerciaux et les mesures douanières...
Autant de thèmes sur lesquels des projets de règlement en discussion "excluent La Réunion", a regretté l’élu régional.
Ces constats, ainsi que l’organisation du séminaire, ont conduit le représentant élu de la collectivité à se retirer des débats dès la première journée, non sans avoir fait passer trois messages du président de Région, Paul Vergès, et une proposition.

Un comité permanent public-privé

La Région a réitéré son attachement et celui de la Conférence des RUP "à un partenariat franc et efficace avec la Commission européenne", pour une prise en compte des intérêts des RUP "comme précisé dans les directives de négociation arrêtées par le Conseil de l’UE".
Elle considère qu’"il n’y a pas d’autre voie (...) que celle de la recherche d’un co-développement durable, où chaque territoire - au-delà des statuts institutionnels - apporte sa contribution".
Et enfin, elle tient à réaffirmer aux acteurs socio-économiques son engagement dans cette politique d’ouverture "dès lors que (...) transparence, loyauté et partenariat y président".
La proposition de la Région est celle d’un comité permanent public-privé, à l’image des forums nationaux des pays ACP, pour suivre ces négociations, qui relèvent de la compétence de la Commission européenne.

P. David


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