Visite d’une délégation du Conseil général de Mayotte

D’île en île, « main dans la main »

28 juillet 2004

Le président du Conseil général de Mayotte, Saïd Omar Oili, accompagné d’une délégation de conseillers généraux, est en visite de travail dans notre île jusqu’à vendredi. Différentes problématiques seront traitées pour qu’émergent des solutions pérennes, profitables à la coopération entre les deux collectivités voisines et spécifiquement françaises.

La présidente du Conseil général de La Réunion, Nassimah Dindar, en présence d’élus du Département et des membres de la communauté mahoraise de La Réunion, a accueilli officiellement, hier, à la Villa du Département, la délégation de conseillers généraux de Mayotte. "Au-delà d’un échange chaleureux avec la communauté mahoraise, cette visite représente la base d’un partenariat étroit entre les deux collectivités voisines", l’opportunité de traiter "main dans la main de sujets partagés", a confié la présidente à la presse.
Politique sociale, décentralisation et gestion des compétences, Fonction publique territoriale et gestion des déchets seront les thèmes des réunions de travail au cours de ce séjour. "C’est en disant les choses de manière explicite que nous lèverons bien des ambiguïtés", a souligné la présidente.
Nassimah Dindar affirme que parler des difficultés de logement ou d’insertion de la population mahoraise en transit à La Réunion "ne veut pas dire que l’on soit raciste", mais appelle, par la concertation, à la mise en place de solutions pérennes dans l’intérêt des populations. Elle qualifie cette première rencontre d’"essentielle", "pour une vision partagée", "pour faire entendre d’une même voix nos spécificités propres". Elle rappelle au passage que la Région Réunion a déjà "enclenché la démarche, ouvert beaucoup de portes et de volets de coopération".

"La France de l’océan Indien"

Même si Mayotte a confirmé par trois fois sa volonté de rester française, elle est toujours confrontée à de nombreux problèmes (logement, insalubrité des bidonvilles, santé, éducation...). Ces difficultés poussent la population mahoraise à immigrer vers La Réunion, son "eldorado", comme le confie Saïd Omar Oili, président du Conseil général de Mayotte, conscient que "ce flux pose problème".
"On ne peut pas laisser les choses comme ça et l’on ne doit pas attendre de solutions miracles de l’Hexagone. Mais c’est à nous, Domiens, de travailler de façon solidaire et de solliciter par la suite les financements nécessaires à Paris", a affirmé Saïd Omar Oili. Il a d’ailleurs profité de son passage pour s’adresser à la population mahoraise de La Réunion et l’inviter à participer activement à la vie de la collectivité, à s’investir de façon citoyenne et humaine.
Depuis le 2 avril dernier, la décentralisation est effective à Mayotte et ses élus comptent beaucoup sur l’expérience réunionnaise "pour répartir les compétences sans heurt". La bataille pour le non transfert des TOS aux collectivités est un exemple révélateur de savoir-faire en matière de négociation pour le président Oili : "Vous allez nous dire comment on se fait entendre à Paris pour que la France de l’océan Indien parle d’une seule et même voix".

Estéfany


Rencontre tripartite en septembre

Saïd Omar Oili a souligné que les coups d’États successifs perpétrés aux Comores, qui contraignent les Comoriens à s’exiler dans des conditions parfois très difficiles pour rejoindre Mayotte. Les différentes problématiques rencontrées par les îles voisines ont donc un effet boule de neige jusqu’à La Réunion qui ne peut, à elle seule, apporter toutes les solutions adaptées. Dès septembre, une rencontre tripartite entre Mayotte, l’Union des Comores et la France devrait avoir lieu.
Alors que depuis 1979 il n’y a pas de véritable rencontre entre les trois territoires domiens, le président du Conseil général mahorais se réjouit de ce prochain rendez-vous, car "pour une véritable coopération régionale, les Comores se doivent aussi d’être structurées". En effet, avec 660.000 habitants, 60 ministres et 4 chefs d’État, Saïd Omar Oili estime que le système comorien "ne peut pas fonctionner".


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