Dans les débats : Pour des liens plus intenses avec Madagascar

20 juin 2007

Tout d’abord, Paul Fotse Njomgang, élu socialiste, a proposé une motion sur les emplois tremplins, mesure chère à Ségolène Royal. Il a souhaité la réalisation d’un partenariat avec les régions expérimentatrices. Au cours des débats, c’est un autre socialiste, Michel Tamaya, qui a ouvert la discussion.

La coopération régionale en question

Michel Tamaya a constaté que la coopération régionale se développe beaucoup et il s’en est félicité. Néanmoins, il s’est demandé si celle-ci n’était pas trop ambitieuse. C’est pourquoi il a demandé qu’une évaluation soit réalisée. Paul Vergès a répondu en disant qu’il ne connaissait pas de jugement négatif des partenaires avec lesquels la Région a signé des accords de coopération. Au contraire, ces pays demandent tous, ou presque, une extension de ces liens. Pour le Président du Conseil Régional, c’est plutôt à ce niveau-là que le problème se pose. En effet, il faut convaincre Paris de la pertinence des liens entre La Réunion et les pays de la zone. Il a alors rappelé que Madagascar connaît une croissance démographique impressionnante. En effet, la population y a décuplé en un siècle, passant de quatre millions d’habitants au sortir de la guerre à quarante-cinq millions d’habitants en 2050. Or, pour intensifier les liens avec la Grande-Ile, le Conseil Régional doit bénéficier de plus de soutiens financiers avec la métropole et Bruxelles. Paul Vergès en veut pour preuve que Marc Ravalomanana a récemment exprimé son désir de venir à La Réunion. C’est la première fois qu’un chef d’État voisin exprime son désir de se rendre dans l’île !
Puis, le Président du Conseil Régional a cité un autre exemple de coopération qui doit obtenir un soutien accru de Paris. Il s’agit du câble SAFE. À ce sujet, La Réunion a proposé de s’unir à Madagascar pour établir une meilleure communication Internet. Réaliser le désenclavement de la Grande-Ile par le câble SAFE, constitue un moyen pour La Réunion d’aller au-delà en aidant les autres îles de la zone. Ainsi serait-il possible de joindre le projet Eassy (Eastern African Submarin System), câble sous-marin qui reliera l’Afrique du Sud à Port-Soudan. Paul Vergès balaie alors d’un revers de main la critique récurrente qu’il entend selon laquelle le Conseil Régional serait trop ambitieux. Pour lui, c’est l’avenir de La Réunion qui se joue par son intégration dans son environnement proche.
Enfin, le dernier exemple cité est celui de l’envoi de Réunionnais au sein de l’Association Française de Volontaires du Progrès (AFVP). Paul Vergès indique avoir demandé au gouvernement de créer un statut de la coopération. En effet, les Réunionnais envoyés dans les réseaux de l’Alliance française n’ont qu’un emploi aidé. S’ils disposaient d’un contrat plus avantageux, l’île pourrait envoyer beaucoup plus de jeunes pour le co-développement. Il rappelle alors que Paris devrait prendre en compte La Réunion comme lieu stratégique pour garder un étroit contact avec un pays qui comptera bientôt quarante millions d’habitants et dont la dernière modification de la constitution malgache a ajouté l’anglais comme troisième langue. Il clôt cette discussion en proposant de faire une réunion pour débattre de la meilleure coopération à mener.

Le faux débat sur l’Est, région prétendument oubliée

Paul Fotse Njomgang critique le fait que la région Est est le territoire délaissé par ce bilan et s’exclame « Les habitants de l’Est sont des Réunionnais comme les autres. (...) En tant qu’élu de l’Est, je demande que les habitants de ce territoire bénéficient d’une discrimination positive. » Yvon Virapin Kichenin a rappelé les compétences de chacune des collectivités. Il a appelé pour cela les maires de l’Est à travailler plus pour que cette région agisse plus. Il a également déploré que les édiles de ce territoire ne veuillent pas de la traversée du tram-train dans ce territoire. Paul Vergès a cité quelques chiffres. Pour les crédits 2006, la proportion des crédits affectés pour l’Est a été de 23% ce qui est supérieur à sa part de population. Trop aisé de s’en tenir à une seule année ? Le Président du Conseil Régional a ensuite cité les chiffres qui concernent la période depuis laquelle il dirige la collectivité territoriale. Selon ceux-ci, de 1998 à 2006 : le Nord a eu 25% ; l’Est, 21% ; l’Ouest, 21% ; et le Sud, 32%.

La nécessité de revoir le Fonds Régional de Développement Economique

Raymond Lauret a invité les cinq députés nouvellement élus ou réélus à reposer le problème du FRDE. Il ne souhaite pas que ce fonds revienne à la Région. En revanche, il regrette son émiettement. Il rappelle en effet que les communes, bénéficiaires de 80% des recettes du FRDE depuis la loi du 2 juillet 2004 relative à l’octroi de mer, n’ont pas l’obligation de réaliser un bilan annuel spécifique sur l’utilisation de cette dotation importante. Hilaire Maillot critique de son côté que, du temps où le FRDE revenait intégralement au Conseil régional, il avait permis de construire le port de Sainte-Rose, mais aussi le colosse de Saint-André. Il écrit alors : « C’est le fameux élu du colosse qui a dit à Paris qu’il fallait retirer le FRDE à la Région. Pourquoi pas finalement ? Mais, au final, les maires n’utilisent pas bien ces fonds. » Ne désirant pas critiquer seulement, il a voulu être force de proposition et a indiqué : « Je souhaite que les élus régionaux de l’Est participent à une réunion sur ce qu’il est souhaitable de mettre sur la table à notre niveau pour faire avancer ce territoire. » Raymond Lauret reprend alors la parole pour rappeler que sur les 36 millions d’euros du FRDE en 2006, trente sont allés aux communes. Il remémore également la création en 2002 des Etablissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI). Du coup, il propose que la part du FRDE qui revient aux communes soit plutôt affectée aux EPCI. Et, il conclut en livrant : « Si la part qui restait à la région pouvait corriger les inégalités économiques, on pourrait prétendre à quelque chose d’intelligent. »

Les élus connaissent-ils les compétences des collectivités territoriales et de l’Etat ?

De nombreux hommes politiques de l’opposition ont lancé de nombreuses accusations contre l’exécutif du Conseil Régional. Une partie non négligeable d’entre elles ratait totalement leur cible puisqu’elles faisaient preuve d’une méconnaissance des compétences des collectivités territoriales.
Suite à une critique de Michel Vergoz qui déplorait que l’endiguement de la rivière des Marsouins n’ait pas été réalisé, Philippe Berne a rappelé que ce domaine était du ressort des communes. En revanche, il a donné raison à Michel Vergoz en ce qui concerne les routes. Si toutefois une commune souhaite obtenir un financement de la part du Conseil Régional, il lui faut adresser une lettre d’intention, puis un dossier complet au Conseil Régional. Or, Paul Vergès indique que, pour la Rivière des Marsouins, aucun dossier complet n’est parvenu, mais seulement une lettre d’intention.
Ainsi, à un élu qui critiquait le manque de volontarisme de la Région au niveau du logement, Paul Vergès a répondu en indiquant que ce domaine relevait de la responsabilité de l’État. Il a également indiqué que le tourisme n’avait été que récemment transféré à la Région : il est donc difficile de critiquer cette collectivité territoriale dans ce domaine sur les dernières années.

Piètre spectacle de Michel Vergoz

L’élu socialiste avait montré des signes de rapprochement au début de la séance. Il avait indiqué vouloir travailler mieux avec le PCR. Il avait également fourni quelques remarques constructives. Par exemple, il avait appelé les élus de l’Est à provisionner rapidement les tracés de futurs transport en commun, tel que le tram-train, tant l’urbanisation va progresser dans ce territoire au cours des prochaines années.
Toutefois, c’est un élu de son camp qui l’a amené à sortir de ses gonds. En effet, Paul Fotse a eu le malheur de féliciter le travail du Président, de lui souhaiter que le travail en partenariat avec le PCR se renforce avant de lui annoncer qu’il allait voter son compte administratif de la Région. En prenant la parole, Michel Vergoz a déversé sa bile concernant les dépassements de coût sur la Route des Tamarins. Puis, contre toute évidence au regard des comptes de la Région, il a qualifié le travail du Président du Conseil Régional d’« impasse budgétaire ». Au final, il a surtout lancé une véritable diatribe contre son collègue Paul Fotse. Ce dernier a répliqué en rappelant que François Hollande, lors de sa récente venue à La Réunion, avait invité les forces de gauche à se rassembler et non à se diviser. De son côté, Paul Vergès a regretté « l’outrance » de cet orateur.

Une faible opposition de la droite

Par comparaison, l’opposition de la droite a presque paru anecdotique. Didier Robert a été un des seuls élus de la droite à prendre la parole. Il a notamment remercié le Président du Conseil Régional pour la teneur des travaux. En revanche, il a remis en cause les problèmes d’aménagement routier du Tampon. Néanmoins, son argumentation n’a pas pesé bien lourd puisqu’il s’est très vite absenté des débats. C’est donc avec sagesse qu’il faut saluer sa décision de démissionner de son mandat de conseiller régional pour se concentrer sur ses deux mandats de député-maire du Tampon. Roland Hoarau, quant à lui, a souligné la bonne santé financière des comptes. Il a regretté à ce titre que le Conseil Régional épargne autant.
Lors du vote du compte administratif pour l’exercice 2006, les membres de la droite ont voté contre sauf Mme Nguyen et M. Fournel qui se sont abstenus. Pour ce qui est du Parti Socialiste, il s’est abstenu sauf M. Fotse. Le reste de l’assemblée, soit la grande majorité des présents a donné son assentiment à cet exercice.

Matthieu Damian

Paul Vergès

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