Conseil des ministres extraordinaire de la COI

Définir une stratégie commune face aux enjeux de l’intégration dans la mondialisation ultra-libérale

10 octobre 2007, par Manuel Marchal

Sous la présidence du ministre des Affaires étrangères des Seychelles, le Conseil des ministres de la Commission de l’Océan Indien se réunit aujourd’hui avec une question à l’ordre du jour : les Accords de partenariat économique. Président de la Région, Paul Vergès représente la France/Réunion.

La question de la négociation des Accords de partenariat économique (APE) est à l’ordre du jour d’une réunion extraordinaire du Conseil des ministres de la Commission de l’Océan Indien. Ces APE doivent donner un nouveau cadre aux relations commerciales entre l’Union Européenne et les pays d’Afrique-Caraïbes-Pacifique (ACP). Un des points communs des pays voisins de La Réunion est de faire partie des ACP. Cela veut dire que le résultat des négociations en cours aboutira à établir de nouvelles règles commerciales entre La Réunion et les autres îles de l’Océan Indien.
Or, les producteurs réunionnais peuvent être inquiets si, pour notre île, ces Accords débouchent sur une intégration de l’économie à la mondialisation ultra-libérale sans prendre en compte les spécificités réunionnaises. Ces spécificités qui valent à La Réunion d’être une Région Ultra-périphérique de l’Union Européenne, et à ce titre, notre île peut bénéficier de mesures dérogatoires prenant en compte sa vulnérabilité.

Faire avancer les négociations

Madagascar, Maurice, les Comores et les Seychelles font partie de la région Afrique australe et orientale (ESA) du groupe des ACP. Les APE sont en effet signés par l’Union Européenne avec un ensemble régional. Cela veut dire que les négociations n’en sont pas partout au même stade.
Et elles sont très difficiles entre l’ESA et l’Union Européenne.
Dans la région, la situation est particulière. Du fait d’un très grand écart de développement avec les pays de l’Union Européenne, plusieurs États de la région bénéficient déjà d’un accès sans quota et droit de douane au marché européen pour quasiment tous les produits : c’est l’initiative "Tout sauf les armes" lancée en direction des pays dits les moins avancés (PMA) par Pascal Lamy. À l’époque, le directeur de l’Organisation mondiale du commerce était le Commissaire européen au Commerce et avait mandat des pays de l’Union pour négocier.
Cela veut dire que si rien n’est signé à la date butoir fixée par l’Union Européenne, le 31 décembre, les pays éligibles à "Tout sauf les armes" ont une porte de sortie. Porte à laquelle n’ont pas accès deux pays de la COI : Maurice et les Seychelles. Lors du séminaire RUPMER, le Secrétaire général du Ministère seychellois des Affaires étrangères, l’Ambassadeur Callixte d’Offay, avait d’ailleurs souligné toute l’inquiétude dans son pays face à cette situation.
Pour surmonter ce blocage et tenter d’aboutir à un accord avec l’Union Européenne à la date fixée, Madagascar, Maurice, les Comores et les Seychelles tentent d’élaborer une stratégie commune en constituant un bloc spécifique. C’est la raison de cette conférence extraordinaire aujourd’hui aux Seychelles.

Des convergences

La Réunion est invitée à contribuer à cette bataille commune. Elle représentera la France/Réunion lors de ce Conseil des ministres qui fera date. C’est sans nul doute une nouvelle étape vers un renforcement des liens des pays de la région autour d’un socle commun de revendication qui se dessine.
Déjà hier, le quotidien seychellois "Nation" a rappelé un des enseignements à tirer de la rencontre de lundi entre Paul Vergès et James Michel, le Président des Seychelles. Au-delà des liens culturels et historiques, La Réunion et les Seychelles « ont toutes les deux des économies fragiles et vulnérables, ce qui les force à coopérer et à se retrouver autour de leur communauté de destin, de leurs aspirations et de leurs intérêts complémentaires ».
Trouver des convergences et des complémentarités pour construire un co-développement de la région : c’est à partir de ces atouts que les peuples de la région peuvent parler d’une seule voix afin que leur message soit entendu face aux grands changements qui se préparent.

Manuel Marchal

Les atouts de La Réunion

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