Les 25 ans de la COI -1-

Dépasser les héritages de l’Histoire

9 janvier 2009, par Manuel Marchal

Demain, la Commission de l’océan Indien commémorera à Anjouan son 25ème anniversaire. Une délégation réunionnaise au sein de laquelle la Région sera représentée par Yvon Virapin qui participera à cet événement. C’est l’occasion de revenir sur les différentes étapes qui ont permis d’aboutir à la Déclaration de Mahé, le 10 octobre 2007. Cet événement marque le renforcement d’un partenariat stratégique pour faire progresser le co-développement des Comores, de Madagascar, de Maurice, des Seychelles et de La Réunion.

10 janvier 1984 : un Accord de coopération est signé à Victoria aux Seychelles entre Madagascar, Maurice et les Seychelles. 25 ans plus tard, le 10 janvier 2009, ce sont cinq pays qui commémoreront le premier quart de siècle de la Commission de l’océan Indien. Cette organisation originale rassemble des peuples qui ont tous en commun d’avoir vécu sous le régime colonial pendant plusieurs siècles.
Les Comores, Madagascar, Maurice, La Réunion et les Seychelles ont été le terrain de grandes migrations qui a amené dans notre région des habitants venus de trois grands continents : Asie, Afrique et Europe. Ces migrations n’étaient la plupart du temps pas volontaires, elles étaient le résultat la traite pratiquée pour subvenir aux besoins en main d’œuvre de sociétés esclavagistes. Même après l’abolition de l’esclavage dans l’océan Indien au 19ème siècle, le régime colonial a perduré. Cela impliquait que nos pays étaient exploités dans un seul but : assurer le développement des économies des puissances coloniales. Cela explique pourquoi par exemple la canne à sucre a connu un développement considérable à La Réunion et à Maurice. Il s’agissait de satisfaire les besoins en sucre de la France et de la Grande-Bretagne.
Cela a abouti d’une part à des politiques qui ne visaient absolument pas à assurer le développement de nos pays, mais au contraire à les cantonner dans le rôle de fournisseurs de matière première dont ils ne fixaient pas le prix. D’autre part, les échanges les plus importants se faisaient entre la colonie et sa métropole, ce qui rendait marginaux les échanges entre peuples colonisés.
Malgré la vague des indépendances et des décolonisations, cet héritage est toujours présent : les échanges entre les îles de la COI ne représentent qu’à peine 5% de leur commerce global.

Les héritages de la colonisation

Cet héritage, ce sont également des économies concurrentes et non complémentaires.
Au moment de la décolonisation, les organisations progressistes de l’océan Indien échangent, trouvent des points de convergence. Elles tiennent des conférences internationales à Antananarivo en 1973, puis à Mahé aux Seychelles en 1978. Ces conférences sont les événements fondateurs de ce qui allait devenir la COI. Car dans plusieurs pays de notre région, les progressistes dirigent les destinées de leur pays, et ont une convergence de vue sur plusieurs points : définition de stratégies de lutte communes, démanteler les bases militaires de notre région pour faire de l’océan Indien une zone de paix, créer les condition d’une « libération économique de nos îles ».
Dans le prolongement de cette dynamique, trois pays dirigés par des progressistes constituent la Commission de l’océan Indien : Madagascar, Maurice et les Seychelles. L’Accord général de coopération est signé le 10 janvier 1984. Deux ans plus tard, la COI s’élargit aux Comores et à la France par l’intermédiaire de La Réunion.
La COI a mené plusieurs projets dans des domaines tels que la recherche, l’environnement, la pêche ou la santé. En 1998, le programme PRIDE est un premier pas vers une amélioration des échanges commerciaux entre les pays de notre région. Il aboutit à la fin des droits de douane entre Madagascar et Maurice.

Vers le co-développement

2007 marque une année décisive pour l’organisation. Intégré dans le groupe de l’Afrique australe et orientale (AFOA), les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles constatent que les négociations entre l’Union européenne et l’AFOA ne vont pas déboucher sur la signature d’un Accord de partenariat économique. Cet accord est nécessaire pour maintenir un accès préférentiel au marché européen pour nos quatre voisins. Ils décident alors de créer leur propre groupe appeler CMMS afin de discuter eux-mêmes avec l’Union européenne pour pouvoir signer au moins un accord intermédiaire garantissant le maintien de relations commerciales privilégiées en attendant la signature de cet APE. Le 10 octobre 2007 à Mahé, le conseil extraordinaire de la COI discute de cette question en associant La Réunion au débat. Il débouche sur la déclaration de Mahé qui constitue une avancée importante pour nos pays car elle jette les bases d’un co-développement de notre région, sur des bases différentes de celle du libre-échange.
La déclaration affirme la reconnaissance par nos voisins, pays ACP, de la spécificité de La Réunion en tant que région ultrapériphérique de l’Union européenne. C’est un fait sans précédent qui ouvrent des perspectives essentielles.Six mois après Mahé, La Réunion accueillait un séminaire sur le co-développement durable des îles de la COI avec deux grands sujets à l’ordre du jour : l’autonomie énergétique et l’autosuffisance alimentaire.

(à suivre)

Manuel Marchal


Quelques dates

10 janvier 2004 : Accord général de coopération signé entre Maurice, Madagascar et les Seychelles précise la structure et le champ d’application de la COI

10 janvier 2006 : l’adhésion de la France/Réunion et des Comores est adoptée à l’unanimité.

10 octobre 2007 : la Déclaration de Mahé marque la reconnaissance par quatre pays ACP des spécificités d’une région ultrapériphérique de l’Union européenne, La Réunion.

10 janvier 2009 : sous la présidence comorienne de la COI, l’organisation commémore à Anjouan ses 25 ans.

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