CRISE ALIMENTAIRE

Encourager le co-développement face à la crise actuelle

4 juin 2008, par Risham Badroudine

Face à la crise actuelle, les pays de la région doivent travailler ensemble afin de surmonter les difficultés. Selon l’ONU, deux pays voisins, Madagascar et les Comores, sont particulièrement vulnérables du fait de la flambée des prix alimentaires et des carburants. Leur stabilité macroéconomique est aujourd’hui menacée.

Vingt-deux pays, dont deux pays voisins, Madagascar et les Comores, sont particulièrement menacés par la crise des prix alimentaires, selon l’Organisation des Nations Unies.
« La flambée des prix alimentaires et des carburants menace la stabilité macroéconomique et la croissance, en particulier dans les pays à faible revenu qui sont des importateurs nets », souligne le FAO, l’agence des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Les 22 pays recensés par la FAO sont « particulièrement vulnérables en raison de hauts niveaux de sous-alimentation chronique (plus de 30% de la population du pays) conjugués à une forte dépendance vis-à-vis des importations pétrolières (100% dans la plupart des pays) ainsi que, dans de nombreux pays, des importations de céréales pour la consommation ». Ces pays vont très vite se retrouver dans une situation économique difficile caractérisée par un manque de devises du fait de l’augmentation des prix des produits de première nécessité (PPN), mais aussi de la flambée de la facture énergétique. Le pétrole représente souvent le premier poste d’importation de ces pays.
Le rapport de la FAO souligne « la fragilité de l’équilibre entre les ressources alimentaires globales et les besoins de la population mondiale ». Pour produire plus, deux leviers existent : l’augmentation des surfaces et celle des rendements.
Selon la FAO, il y a 1,5 milliard de terres cultivées à l’échelle mondiale et 4 milliards de cultivables. Avec plus ou moins de potentiel néanmoins, car celles cultivées aujourd’hui sont les meilleures et les plus accessibles. Rappelons que les pays en voie de développement représentent plus de 70% de la population mondiale pour 13% de la production totale. Selon l’Institut international de recherche sur la politique alimentaire (IFPRI), l’accroissement de la production alimentaire résultera principalement de l’augmentation des rendements. Certaines augmentations auront lieu quand davantage de facteurs de production seront utilisés et que les méthodes de production seront améliorées. Mais l’accélération des investissements dans la recherche agricole est indispensable à l’obtention des augmentations de productivité qui s’avèrent nécessaires. Par exemple, les recherches de la “révolution verte” ont réduit d’environ 30% le coût de production d’une tonne de riz.
Les pays en voie de développement à faible revenu investissent moins de 0,5% de la valeur de leur production agricole dans la recherche agricole, alors que dans les pays à revenu élevé, le pourcentage dépasse 2%. La situation est particulièrement mauvaise en Afrique subsaharienne où le taux de croissance annuelle des dépenses pour la recherche agricole est tombé de 6,8% dans les années 1960 à zéro ou presque aujourd’hui.

A Madagascar, les prix de produits de premières nécessités s’envolent. Des carburants jusqu’au riz en passant par huile alimentaire et les produits laitiers. Selon le journal “Tribune Madagascar”, « en ce qui concerne le riz, les commerçants notent que le riz importé, notamment le riz thaïlandais, a déserté le marché. Même le riz local comme celui du Fanampy Rice Madagascar, le plus abordable et assez apprécié par le consommateur, est introuvable. Pareil pour le stock de riz pakistanais qui devient de plus en plus rare. Heureusement qu’il y a les autres riz locaux pour la prochaine saison de récolte ». Le pays doit absolument augmenter sa production locale de riz en augmentant les rendements et la surface cultivée. Madagascar importe aujourd’hui 10% de ses besoins en riz.
Le Président de la République malgache exhorte également les consommateurs à varier leur alimentation. De même, les prix à la pompe des carburants ne cessent de flamber. La dernière hausse est celle du mois dernier qui était de l’ordre de 8%.

Pour ce qui concerne l’île Maurice, face à la flambée du prix du pétrole, l’ambition du gouvernement est de développer les énergies renouvelables. Une récente visite sur notre île a permis aux ministres des Finances et des Infrastructures publiques, Rama Sithanen et Abu Kassenally, de constater la viabilité des énergies solaires, éolienne, hydroélectrique et bagasse pour ne citer qu’elles. « On voudrait calquer le modèle réunionnais », soutient le président du Conseil d’administration de Central Electricity Board (CEB), Patrick Assirvaden, qui était aussi du voyage. Le Dr Khalil Elahee, chargé de cours à l’Université de Maurice et collaborateur sur le projet “Maurice, île durable”, explique dans “l’Express” que « la bagasse est notre première source d’énergie locale et renouvelable, avec un potentiel de générer deux fois plus d’électricité d’ici 2012. Pour cela, il faut des centrales de cogénération modernes. Dans 10 à 20 ans, avec l’introduction de cannes à hautes teneurs en fibre et la pratique de la gazéification sur une échelle commerciale, l’industrie de la canne pourra probablement nous fournir plus d’énergie que nous en aurons besoin ».
Comme La Réunion, tous les pays de la région doivent relever le défi de l’énergie, tout en préservant leur environnement, ce qui leur permettrait d’alléger leur facture énergétique. Le secteur des énergies renouvelables comme celui des produits agricoles peuvent devenir des piliers du co-développement de la région et permettre ainsi d’atteindre l’autosuffisance alimentaire dans la zone.

Risham Badroudine

Chronique économiqueEmeutes de la faim

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