Coopération régionale et agriculture

’Faire quelque chose de bon pour le paysan malgache’

22 janvier 2005

Les responsables des Chambres d’agriculture de Madagascar et de La Réunion veulent développer des relations privilégiées.

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La mission de la Chambre d’agriculture de Madagascar à La Réunion s’achève. Du 17 au 21 janvier, les agriculteurs malgaches ont été accueillis par leurs homologues réunionnais. Guy Derand, président de la Chambre verte, souhaite développer à partir de 2005 des relations privilégiées avec la grande île sœur.
Arrivés dimanche dans notre île, les 8 Malgaches qui composaient la délégation de la Grande île ont visité les différents services de la Chambre d’agriculture de La Réunion.
La Réunion souhaite coopérer avec Madagascar, et elle a tout intérêt à s’y engager, selon Guy Derand. Ce partenariat a été initié en février 2003 entre le Tranoben’ny Tantsaha, la Chambre d’agriculture de Madagascar, et l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA), et plus particulièrement la Chambre d’agriculture de La Réunion, et ce en collaboration avec la Formation paysanne et promotion des organisations professionnelles agricoles, les Agriculteurs français et développement international (AFDI) et l’ambassade de France à Madagascar.
Pour sa part, Solofo Andrianjafimahatratra, président du Tranoben’ny Tantsaha, indique l’importance d’établir une coopération forte avec La Réunion, notamment pour la gestion de l’eau et la formation des paysans malgaches.
Ce serait "faire quelque chose de bon pour le paysan malgache". D’autant que l’aide internationale s’essouffle. "L’aide internationale n’a pas porté tous ses fruits" explique-t-il. Et de poursuivre : "C’est à nous [ndlr : Malgaches] de faire l’effort".
Madagascar entend tirer profit de sa surface de terres cultivables. Mais la jeune Chambre d’agriculture malgache, qui n’existe que depuis le 7 octobre 2002, exige d’abord une structuration et une mise en réseau de ses services, pour un travail plus pertinent.

Expression de la coopération régionale

"La profession agricole malgache est amenée à se positionner davantage sur la politique agricole menée par son gouvernement", déclare Guy Derand. Ce qui impliquerait donc un rôle plus important pour le Tranoben’ny Tantsaha.
Dès lors, dans le cadre de la coopération régionale, la Chambre d’agriculture de La Réunion compte établir un véritable programme d’échange de techniciens et paysans entre Madagascar et La Réunion, afin que le Tranoben’ny Tantsaha puisse jouer tout son rôle en faveur de la profession agricole malgache.
Solofo Andrianjafimahatratra indique que la visite qu’il a effectuée en compagnie de la délégation a été particulièrement fructueuse.
Guy Derand rassure la profession agricole réunionnaise. Il n’est pas question de mettre les agriculteurs réunionnais dans une position compromettante de concurrence, même si La Réunion ne peut se soustraire à telle éventualité. Cette visite se déroulait au moment même où la Commission de l’océan Indien se réunissait à La Réunion. "Il est bon de parler de coopération régionale", explique Guy Derand, mais il est encore mieux de l’exprimer de manière concrète avec les pays de la zone, dont fait partie Madagascar.

Pas "pour gagner des parts de marché"

La Chambre d’agriculture de La Réunion devrait prochainement “missionner” des techniciens pour qu’ils aillent évaluer les besoins des paysans malgaches de manière la plus complète possible, et étudier la faisabilité des projets futurs à mettre en place. Il s’agit "d’apporter toute la technicité [nldr : réunionnaise] qu’il faut pour que ce grand pays puisse déjà s’auto-suffire de sa production", explique Guy Derand.
À aucun moment, il ne s’agira de s’implanter à Madagascar "pour gagner des parts de marché". Le président de la Chambre d’agriculture préfère parler de recherche de complémentarité entre les deux parties, tout en notant que les agriculteurs réunionnais en sortiraient gagnants, comme leurs homologues malgaches.
La délégation malgache a bénéficié d’une riche visite d’étude auprès des entreprises et agriculteurs réunionnais, et a pu voir les potentialités de l’agriculture réunionnaise. Reste l’heure de la réalisation de ce programme d’échange ambitieux. "On a tout intérêt à ce que Madagascar atteigne un niveau plus élevé de productivité", indiquera un membre de la Chambre verte. "Si ce n’est pas La Réunion qui coopère avec Madagascar, d’autres le feront à nos dépens",surenchérit Guy Derand.
Au lieu de subir les conséquences d’échanges trop onéreux avec d’autres pays de la zone, les agriculteurs, notamment les éleveurs, profiteraient de l’échange avec l’île rouge, particulièrement pour l’alimentation du bétail.
"Pourquoi acheter en lnde ou en Argentine, alors qu’à côté de chez nous, il y a de grosses possibilités de production ?" demande Guy Derand.
Mais cela ne doit pas nuire à la priorité de l’engagement de la Chambre verte. L’échange entre Madagascar et notre pays est avant tout technique et administratif. La Chambre s’y engage au moins dans deux régions pilotes, où il s’agira de mettre en place un projet de développement agricole avec les structures en place.

Bbj


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