Coopération régionale

Il faut être riche pour accéder aux études

28 septembre 2005

Le président de l’Université de La Réunion a reçu hier dans son bureau la députée Huguette Bello accompagnée des représentants des étudiants comoriens : au centre des discussions, la difficulté pour les étudiants de l’océan Indien à s’inscrire à La Réunion.

Les difficultés rencontrées par les étudiants de l’océan Indien souhaitant poursuivre ou entamer leur cursus à l’Université de La Réunion sont de différents ordres. Le président de l’Université de La Réunion, Serge Svizzero, la députée Huguette Bello et les représentants du monde associatif, Haribou Zoubert, actuel maire-adjoint au Port et Mohamed El-Amine, ancien président de l’Association des étudiants comoriens, ont passé ces difficultés en revue lors de leurs rencontres.

Trouver le dossier bleu

Pendant ce temps, à l’extérieur, nous avons pu discuter avec Chelina Kassamaly, une jeune Française ayant obtenu son Baccalauréat dans un lycée français à Madagascar, qui est partie faire des études de stylisme en Inde à Bangalore pendant 3 ans et qui vit aujourd’hui à La Réunion où ses parents, Français, ont aménagé il y a 6 mois. Son inscription lui a été refusée, car elle n’a pas retiré en décembre à Madagascar, un dossier bleu. Sa demande de bourse a reçu un avis favorable mais pas sa demande d’inscription. Le président de l’Université n’est pas autorisé à l’inscrire sans ce dossier bleu. Faute d’information, la voici donc contrainte d’attendre l’année prochaine où somme toute, il lui faudra accomplir la même démarche.

Si ce n’est en France, ce sera donc au Soudan

Le problème des étudiants comoriens est différent. La difficulté ne relève pas tant des règles de l’université mais de la préfecture et du Ministère de l’Intérieur, car comme nous le précise Huguette Bello, "les étudiants comoriens souhaitant venir à La Réunion doivent ouvrir un compte bancaire et justifier d’un virement permanent de 427 euros par mois". C’est d’ailleurs une mesure qui concerne toutes personnes demandant un visa. La difficulté est énorme, car comme Haribou Zoubert nous l’informe : "cela correspond à 4 mois de travail d’un fonctionnaire aux Comores, dans un contexte où on travaille 12 mois pour être payé 5". La consigne est appliquée à la lettre et Mohamed El-Amine le déplore, car "si les étudiants ne peuvent pas venir en France, où iront-ils sinon dans des pays comme le Soudan ? La lutte contre le terrorisme devrait commencer par là". En attendant, les étudiants sont souvent ballottés entre préfecture, ambassade et université. Quid de la coopération régionale ?

Défaut d’information

Le président de l’Université pourtant a un objectif clair : "accueillir des étudiants étrangers et en priorité ceux de la zone océan Indien". On compte chaque année environ 500 étudiants de la zone. Les conditions d’entrée dépendent de mesures nationales. La seule chose que l’Université puisse faire c’est "donner de l’information aux ambassades, aux universités, aux Alliances françaises", ce qui sera fait notamment lors d’une prochaine mission, début décembre, auprès des acteurs du système éducatif et de l’Ambassade française aux Comores. Cette mission marque le redémarrage de la coopération régionale qui redémarre après 14 années de sommeil. Quant à Chelina, il ne lui reste qu’un recours, celui de solliciter le CNOUS (Centre national des œuvres universitaires et sociales) pour demander qu’on autorise son inscription.

Eiffel


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