Seychelles - La Réunion : une amitié consolidée

James Michel : « un long bout de chemin ensemble pour notre bénéfice mutuel »

11 octobre 2007

Lundi dernier, Paul Vergès a été reçu aux Seychelles par le président de la République, James Michel. Cette rencontre se situe dans la continuité d’une politique de co-développement entre nos deux pays, marquée l’an dernier par le séjour du Président Michel à La Réunion. Retour sur cet évènement.

« Je vais à La Réunion en ami. Nous sommes le résultat d’une histoire et de brassages qui ont laissé une empreinte que l’on ne peut effacer. Tant de choses aux Seychelles parlent de La Réunion, depuis les noms de famille jusqu’à l’expérience de tous ces enseignants, de tous ces artistes, de tous ces sportifs, de tous ces patients qui ont trouvé à La Réunion l’accueil, la chaleur, l’amitié, le respect, le savoir-faire, l’entraînement, les défis, la connaissance, ou les soins dont ils avaient besoin. Je parle de complémentarité, d’une complémentarité de moyens et d’opportunités qui fait que nous pensons spontanément à La Réunion et donnons souvent la préférence à La Réunion », tel est le message délivré par James Michel, Président de la République des Seychelles, dans les colonnes de "Nation" quelques jours avant sa visite dans notre île du 18 au 21 décembre dernier.
Le volet économique de l’accord-cadre du 2 août 2006 était à l’ordre du jour. Le 19 décembre à la Région, le président seychellois a rencontré les acteurs réunionnais de ce secteur.

« Communauté d’histoire et de destins »

Dans son discours de bienvenue, Paul Vergès, le Président de la Région, a d’emblée salué la présence longtemps attendue du Président des Seychelles et a souligné le fait qu’il fallait « corriger certains déficits de notre action par rapport aux échanges entre les populations des îles du Sud-Ouest de l’Océan Indien ». Nous avons, dans la salle ici, « une véritable communauté d’histoire et de destins entre les Seychelles et La Réunion, qui se traduit par les origines », a-t-il poursuivi.
Poursuivant son allocution, Paul Vergès a déclaré que l’histoire et les colonisations différentes (française et britannique) sont à l’origine de la distension des relations entres les Seychelles et La Réunion. Mais, a-t-il souligné, « il y a la fidélité à nos origines communes. Il y a un sens historique qui parle. Cette zone partage une même communauté de cultures et de traditions. Aujourd’hui, avec l’institutionnalisation de la Commission de l’Océan Indien, nous devons donc voir ce qui nous rassemble, au-delà de l’histoire, de l’économie et de la coopération entre nos îles », a ajouté Paul Vergès. Pour le Président de la Région, les îles de la zone peuvent être exemplaires et servir de modèle, en matière de développement durable. « La grande leçon historique serait de construire un nouveau modèle de développement », a ajouté Paul Vergès. Selon lui, le siècle présent est celui de l’espace et des océans, d’où la nécessité et l’urgence de réfléchir à la recherche marine, la pêche, l’aquaculture et le respect de la biodiversité. « Nos îles ont ainsi un devoir vis-à-vis des populations des pays riverains. Ceux-ci doivent être les premiers à bénéficier de nos recherches à l’échelle de l’Océan Indien », a-t-il conclu.

Appel à toutes les énergies du pays

Dans son allocution, le Président James Michel a précisé qu’il a pu, en Europe comme en Asie, prendre la mesure des attentes et des besoins des investisseurs étrangers, notamment en ce qu’il s’agit de la sécurisation des investissements. « La globalisation des échanges - cette mondialisation qui, pour certains, a tous les défauts, et pour d’autres, toutes les qualités - est une réalité incontournable que nous devons aborder avec un certain pragmatisme », a-t-il déclaré.
Pour le Président James Michel, lorsqu’un petit Etat insulaire, avec des ressources naturelles et humaines limitées, cherche à s’engager dans une nouvelle phase de son développement, l’attitude à adopter est « de se dire qu’il n’y a pas un modèle unique de développement, surtout quand vous êtes à la fois un petit pays insulaire et un pays à revenu intermédiaire ». Cette manière de faire qui a été adoptée par le Président James Michel consiste « à rester maître chez soi et à ne pas se laisser imposer des ajustements structurels et des réformes macro-économiques radicales qui, en fin de compte, vous mettraient à genoux et handicaperaient votre avenir ». Cette attitude, a-t-il ajouté, consiste à redresser la barre soi-même, à son propre rythme, en faisant appel à toutes les énergies du pays et à toutes les forces productives nationales, en étant plus compétitifs et en mettant en place un environnement incitatif des plus modernes, avec les facilités légales, bancaires et fiscales, qui inspireront les investisseurs.
Le Président James Michel a précisé que la direction à suivre est le « parler vrai » avec les pays partenaires des Seychelles, dont la France, tout en développant des synergies régionales et en établissant un nouveau type de dialogue avec les investisseurs potentiels en région. « Les Seychelles ont le vent en poupe. Mais plutôt que d’opter pour une internationalisation sauvage des investissements, nous avons choisi de nous ouvrir d’abord sur les îles sœurs de l’Océan Indien », a-t-il ajouté. Il a enfin souhaité faire avec La Réunion « un long bout de chemin ensemble pour notre bénéfice mutuel ».


James Michel dans "Témoignages" du 19 décembre 2006

La COI : « une relation totale de proximité et de solidarité »

Dans un entretien paru dans "Témoignages" du 19 décembre 2006, le Président James Michel expliquait le sens de la première visite d’un chef d’État seychellois à La Réunion. Extraits.

« Je placerais plutôt cette visite dans le cadre de retrouvailles entre dirigeants de peuples frères unis par la culture, l’histoire et la géographie et désireux de donner un nouvel élan à leur coopération.
Certes la conjoncture actuelle se présente de façon favorable à une intégration plus forte entre les pays membres de la COI. La sous-région va de l’avant, c’est incontestable. Mais il y a encore beaucoup à faire.
Les relations entre les Seychelles et La Réunion notamment connaissent depuis la signature de l’accord-cadre de coopération un réel essor. Par cette visite, je veux donc, d’une part, réaffirmer et consolider les liens d’amitié et de solidarité entre nos deux îles et, d’autre part, donner une nouvelle impulsion à notre coopération, bilatérale et régionale, 3 mois avant que mon pays n’accède à la Présidence tournante de la Commission de l’Océan Indien.
J’attache une grande importance à cette responsabilité dans l’espace COI, car je pense que la Commission de l’Océan Indien représente le premier cercle de coopération régionale, celui dans lequel tout prédispose à ce que l’on entretienne avec les voisins une relation totale de proximité et de solidarité dans un véritable esprit de co-développement durable. (...)
Ce dont nous avons besoin dans l’Océan Indien, c’est de projeter l’image d’une région à la fois pacifique et stable, mais aussi forte de ses multiples atouts, bref, l’image cohérente d’une région qui vit ses différences dans l’harmonie et qui se mobilise avec solidarité quant il s’agit de la gestion de ses ressources communes, comme de l’action en faveur des priorités qui nous rapprochent, notamment l’environnement, la sécurité, l’emploi, la lutte contre les maladies émergentes, les transports etc... Il nous revient aussi de trouver nos propres réponses aux grands défis de notre temps : le terrorisme, les trafics, l’exploitation illégale de nos zones maritimes et, de façon générale, toutes ces difficultés que nous éprouvons à accéder dans des conditions justes et équilibrées aux marchés internationaux. »


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