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L’insurrection malgache de 1947 – 1948 : la lourde responsabilité du gouvernement français -1-
4 avril 2017, par
À l’occasion du 70e anniversaire de la révolte du 29 mars 1947 à Madagascar, Eugène Rousse a publié un article intitulé « L’insurrection malgache de 1947 – 1948 : la lourde responsabilité du gouvernement français ». Il retrace les causes et les conséquences de cet événement. Voici la première partie de ce texte, qui revient sur la colonisation de Madagascar par la France, une invasion demandée et soutenue par la classe dominante de l’époque à La Réunion. Les inter-titres sont de Témoignages.
Le dimanche 30 mars 1947, les très rares possesseurs d’un poste radio à La Réunion apprennent cette stupéfiante nouvelle : une insurrection a éclaté la nuit dernière à Madagascar. À Saint-Denis, on assiste alors à la ruée des citadins vers les haut-parleurs publics qui diffusent les informations en provenance de la Grande Ile. L’inquiétude se lit sur les visages car, avec la mise en place entre l’aéroport de Gillot et Madagascar d’un véritable pont aérien chargé du transport des militaires de la Caserne Lambert, le doute n’est plus permis : à Madagascar, c’est la guerre.
Chacun devine aisément l’angoisse que l’annonce que ce douloureux événement ne manquera pas de provoquer dans d’innombrables foyers de notre pays, en raison de l’importance du nombre de Réunionnais vivant à Madagascar, qui se chiffre vraisemblablement à plus de 50.000. Cette angoisse est partagée par la communauté malgache de La Réunion ainsi que par les Réunionnais descendants d’anciens esclaves d’origine malgache, qui représentaient environ le tiers du peuple réunionnais en 1947.
Il est bon de rappeler que sur les 12 premières personnes à fouler pour la première fois de façon pérenne le sol de Bourbon en 1663, on comptait 10 Malgaches (7 hommes et 3 femmes), les deux autres étant les Européens Pierre Pau et Louis Payen).
Lors de l’abolition de l’esclavage en 1848, le nombre de Réunionnais d’origine malgache s’élevait à environ 50.000 sur une population servile de 62.000, la population du pays s’élevant en 1850 à 100.071 habitants (chiffre donné par le gouverneur, mais contesté par Textor — 110.891 — et Maillard — 129.700). On peut donc estimer qu’à cette époque, un Réunionnais sur deux était d’origine malgache.
Ces précisions étant apportées, ajoutons que la nouvelle de l’insurrection malgache plonge dans l’inquiétude tous les Réunionnais, car le ravitaillement de La Réunion, qui dépend de Madagascar pour la quasi-totalité des denrées alimentaires, risque de ne plus être assuré. Aux privations consécutives à la Seconde Guerre mondiale, qui perdurent après la guerre en raison de la destruction de deux-tiers de la flotte commerciale française, s’ajouteront celles du conflit malgache.
Voilà brièvement exposées les réactions provoquées par l’annonce de cette insurrection de Madagascar, qui débute le 30 mars 1947 et ne s’achèvera qu’en fin décembre 1948.
La question que chacun est fondé maintenant à se poser est de savoir les raisons pour lesquelles les Malgaches ont estimé devoir recourir aux armes en cette fin de mars 1947.
Sans la moindre hésitation, il faut répondre que les Malgaches des 18 tribus de la Grande Ile ont inlassablement et énergiquement combattu le statut de colonie française de leur pays, que la loi du 6 août 1896 votée à Paris leur a imposé par la force.
Comment ne pas rappeler que, « en s’installant à Madagascar, la France a trouvé non plus un peuple barbare, mais une véritable nation organisée et pensante possédant un esprit national », selon Léon Réallon, gouverneur honoraire des colonies.
Le 15 février 1867, les États-Unis d’Amérique ont signé un traité reconnaissant la souveraineté de la reine Ranavalona II sur l’ensemble de l’Ile ; un traité rédigé dans les mêmes termes que le traité anglo-malgache du 5 décembre 1862.
Profitant de son court passage à la tête du ministère français de la Marine et des Colonies, le député réunionnais François de Mahy entend accélérer le processus de colonisation de Madagascar en obtenant du cabinet Fallières l’envoi en 1883 sur les côtes de la Grande Ile d’une flotte en vue de bombarder les ports de Majunga, Tamatave et Vohémar. Cette intervention militaire est dictée selon François de Mahy par l’ambition d’accomplir à Madagascar « une œuvre de civilisation ». Deux ans plus tard, le 28 juillet 1885, le président du Conseil Jules Ferry abonde dans le même sens que le député réunionnais en déclarant : « Les races supérieures ont le devoir de civiliser les races inférieures ». Et Jules Ferry d’ajouter à la Chambre des députés : « Les colonies sont pour les pays riches, un placement des capitaux des plus avantageux. (…) C’est pour cela qu’il nous faut Madagascar et que nous sommes à Diego-Suarez et que nous ne les quitterons jamais ».
Le 24 juin 1845, le conseil général de La Réunion s’était déjà prononcé pour la colonisation de Madagascar afin « d’assurer les chances d’avenir de nos enfants… et de voir s’élever la fortune de la France et s’accroître ses richesses ».
Désormais tout devient clair : Madagascar, un pays souverain, qui ne menace aucun autre pays, doit s’attendre à la fin du 19e siècle à une occupation militaire dont le seul but est l’exploitation de ses richesses naturelles ainsi que l’exploitation de la force de travail des Malgaches.
L’attente sera de courte durée : dès 1895, à la tête d’un corps expéditionnaire, le général Duchesne débarque à Madagascar. Il sera suivi du général Galliéni, dont le rôle est de s’opposer par la force à l’insurrection qui éclate sur tout le territoire de la Grande Île en vue de combattre la colonisation. Il s’ensuit une répression, qui, de l’aveu même de Galliéni, sera « extrêmement pénible ». Cette répression s’accompagne du massacre de la famille royale et de l’exil de la reine Ranavalona III. Cette féroce répression provoquera la mort de 100.000 à 700.000 Malgaches selon les sources. Dans son ouvrage intitulé ‘’9 ans à Madagascar’’ (1896 – 1905), Galliéni nous apprend que « des pourparlers en vue d’une entente pacifique furent entamés avec les tribus insoumises, mais ils se heurtèrent partout à des refus ». Cela prouve l’attachement viscéral des Malgaches à la terre de leurs ancêtres. Cela explique aussi que « l’œuvre de pacification » ait duré 20 ans, malgré les moyens mis en œuvre.
À l’oppression par les armes, s’est ajoutée l’oppression culturelle : la langue malgache, parlée par toutes les tribus, fut remplacée par la langue française.
(à suivre)
Eugène Rousse
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