Voyage linguistique de la Section orientale du collège Juliette Dodu

Koman i koz sinoi an Chine ?

10 juillet 2004

Grâce à un voyage linguistique de 12 jours au cœur de la Chine, des élèves de la Section orientale du collège Juliette Dodu à Saint-Denis ont pu approfondir leur connaissance de la langue chinoise. À cette occasion, ils ont pris conscience avec intérêt que si à La Réunion l’on parle fréquemment un ’chinois créolisé’, la langue officielle de la Chine - le mandarin - compte de plus en plus d’adeptes dans notre île.

Initialement incités par leurs parents - conscients des compétences économiques et commerciales de la Chine qui sont riches d’expériences et porteuses d’avenir -, des élèves de la première promotion de 3ème de la Section orientale du collège Juliette Dodu ont rejoint la Section orientale pour y apprendre le chinois. Mais ceux-ci sont à présent de plus en plus nombreux à effectuer spontanément cette démarche chaque année. Car ils sont attirés par l’originalité de la langue mais également intrigués par ce pays qui concourt au métissage culturel de notre île.
Ainsi, après quatre années d’un laborieux apprentissage, qui exige rigueur et ténacité, ces élèves méritants ont pu tester leur pratique de la langue, tout en améliorant leurs connaissances d’une civilisation en pleine transition, qui conjugue tradition et modernité.
De la Muraille de Chine en passant par le Temple du Ciel (lieu de prières des empereurs), les vestiges du patrimoine chinois de Pékin et de sa province n’ont plus de secret pour ces mandarins en herbe, "accueillis comme des rois", souligne Nathalie Dreyer, accompagnatrice. Les élèves ont pu apprécier toute la courtoisie et la chaleur de la population, avide d’échanges et de partages.

Dialogue

Selon Yu Chang Hai, professeur de chinois à la Section orientale, cela fait 20 ans qu’une dynamique économique et politique de changement est intervenue dans le pays. "J’ai quitté la Chine en 1982, et à chacune de mes visites régulières, le changement s’effectue sous mes yeux. La Chine s’ouvre au reste du monde et absorbe les cultures occidentales, tout comme elle utilise des techniques modernes pour faire partager plus facilement son Histoire et ses rites ancestraux".
Et la spectaculaire démonstration du Ballet de Pékin, qui s’est produit dernièrement sur la scène réunionnaise, corrobore ce constat. Yu Chang Hai nous confirme que la population chinoise ne s’offusque en rien de la méconnaissance occidentale de sa culture, mais au contraire, s’en amuse et trouve dans certaines maladresses du visiteur l’opportunité de nouer le dialogue.

Jumelage

Ce voyage fut également l’opportunité de la signature d’un jumelage entre le collège Juliette Dodu et celui de Xinhua, reconnu comme le meilleur établissement de la ville de Tianjin, et qui compte pas moins de 4.000 élèves pour 300 professeurs. Les parents des élèves de cet établissement ont d’ailleurs spontanément accepté d’accueillir dans leur demeure un élève réunionnais, l’espace de deux jours, associant ainsi à l’aspect linguistique du périple l’aspect culturel.
Une aventure dans l’aventure qui, malgré l’appréhension initiale des élèves, s’est soldée avec beaucoup d’enthousiasme et l’envie de réitérer l’expérience. Ainsi, dans le carnet de voyage de Nathalie Dreyer, Laura qualifie son séjour de "merveilleux, merveilleux et merveilleux". Ondine confie quant à elle que ce fut une expérience enrichissante qui lui a permis d’apprendre à vivre avec les autres. Unanimement, la classe se dit fière d’être la pionnière des échanges scolaires entre La Réunion et la Chine.

Estéfany


L’insularité n’est pas une fatalité

La langue, aussi difficile d’apprentissage soit-elle, n’est en rien une barrière et ce type de voyage démontre, au contraire, que le savoir et la connaissance sont les clés de bien des portes qui s’ouvrent sur le monde. Soulignons particulièrement l’investissement des professeurs et du collège qui organisent régulièrement différentes ventes et manifestations (pour compléter le financement des collectivités), afin de permettre chaque année à de nombreuses classes de pouvoir découvrir la richesse des peuples de la zone (Inde, Australie, Afrique du Sud...).
Cette initiation de la vie, par l’apprentissage de l’autonomie, par la découverte de l’autre, offre à la jeunesse réunionnaise l’opportunité de prendre conscience que le monde ne se limite pas à la barrière de l’horizon et l’aide à vivre son insularité non comme une fatalité mais bien comme un point d’encrage, une précieuse racine qui fait l’intérêt et la singularité d’un peuple du monde parmi les peuples du monde.


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