La Commission de l’océan Indien (1984-2004) : 20 ans au service de la coopération régionale - 6 -

L’affirmation de la COI sur la scène internationale

18 janvier 2005

La 21ème session du Conseil des ministres de la Commission de l’océan Indien (C.O.I.) s’est achevée hier au siège de la Région Réunion. À l’occasion de cette rencontre, après avoir dressé un bilan des actions menées par la C.O.I. dans l’océan Indien, le géographe et universitaire Wilfrid Bertile nous explique comment cette organisation a pu s’affirmer sur la scène internationale, en créant notamment un partenariat avec les autres organisations mondiales et régionales.

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La Commission de l’océan Indien (C.O.I.) a noué progressivement des liens avec d’autres organisations internationales et s’est affirmée sur la scène internationale. (1)
L’établissement de relations avec les autres organisations régionales ou internationales a toujours été une préoccupation de la COI, même si le mouvement s’est accentué ces dernières années. Au-delà des bailleurs de fonds dont il a déjà été question, la COI a signé des accords de partenariat (“memorandum of understanding”) avec le COMESA (Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe), l’UNESCO (Organisation des Nations-Unies pour l’éducation, la science et la culture), et l’OIF (Organisation internationale de la francophonie) en 1999, avec l’ONU-SIDA pour la mise en œuvre d’un Plan d’action régional contre le VIH-SIDA, avec le Centre de développement des entreprises (ex-Centre de développement industriel de la communauté économique européenne) en 2002, avec l’AUF (Agence universitaire de la francophonie), avec l’UNITAR (Institut des Nations-Unies pour la formation et la recherche), avec l’OMM (Organisation météorologique mondiale) en 2003 et enfin avec l’UNICEF en 2004, pour la création d’un Observatoire des droits de l’enfant dans l’océan Indien.
La COI s’est efforcée d’aider les pays de la région à faire face aux défis de la mondialisation. Ainsi, dès le début des années 1990, elle a joué un rôle de facilitateur pour la mise en place dans ses États-membres ACP des mesures de libéralisation économique connues sous le nom "d’Initiative transfrontalière" sous l’égide de l’Union européenne, de la Banque Mondiale, de la Banque africaine de développement et du Fonds monétaire international. Des liens ont été tissés avec le PRIDE (Programme régional intégré de développement des échanges) qui poursuit les mêmes objectifs.
La COI s’est naturellement intéressée à la mise en œuvre du Programme d’action de la Barbade adopté en 1994 par les Nations-Unies, à l’occasion de la Conférence mondiale sur le développement durable des Petits États insulaires en développement (PEID).
Si, en 1997, elle avait déjà participé à un atelier organisé à Turin par l’Organisation internationale du travail sur ce thème, c’est à partir de 1998 qu’elle s’y est véritablement impliquée, avec le lancement, dans les pays membres, du réseau Internet consacré aux PEID (SIDSnet), avec la réunion ministérielle des petits États insulaires africains, avec la conférence ministérielle des PEID de l’océan Indien, de l’Atlantique et de la Méditerranée, avec la participation à la première rencontre des institutions intergouvernementales des États insulaires, aux Fidji, avec le renforcement des liens avec l’Alliance des Petits États insulaires (AOSIS).

Rôle de coordonateur pour les P.E.I.D.

La COI participe aussi depuis 1999, au groupe de travail (“Task force”) mis en place par la Banque mondiale et le Secrétariat du Commonwealth (Londres) sur les petits États insulaires et a participé en 1999, à l’élaboration du rapport du Secrétaire général de l’ONU sur la mise en œuvre du Plan d’action de la Barbade.
Encouragée par le “Livre Blanc” de 1998 concernant ses orientations stratégiques, la COI a continué son action en ce domaine à Doha (Qatar), en novembre 1981, où elle a été pour la première fois invitée comme observatrice à la réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle a participé à l’élaboration d’une demande d’adoption par l’OMC, d’un traitement spécial et différencié en faveur des petites économies insulaires et vulnérables, qui a été portée par le ministre mauricien du Commerce international, Maurice présidant alors la COI. La Conférence ministérielle de l’OMC à Cancun en septembre 2003, a permis de vérifier que le Groupe de travail mis en place à Doha sur ce thème avait bien remis son rapport au Conseil général de l’OMC à Genève.
La fragilité des écosystèmes insulaires a été l’objet d’une intervention de la COI au Sommet mondial du développement durable qui s’est tenu à Johannesbourg en septembre 2002.
Enfin, l’ONU vient d’organiser une réunion des Petits États insulaires en développement à Maurice la semaine dernière, en vue de faire le point concernant la mise en œuvre du Plan d’action de la Barbade, dix ans après (Barbade + 10). Dans ce cadre, en septembre 2003, la COI est désignée comme structure de coordination pour les petits États insulaires de l’Atlantique (Cap Vert, Guinée Bissau, Sao Tome et Principe), de la Méditerranée (Malte et Chypre), de l’océan Indien (Comores, Maldives, Maurice, Seychelles) et du Sud de la mer de Chine (Singapour).
L’accord de Cotonou veut remplacer, à partir de 2008, les dispositions commerciales des Conventions de Lomé en faveur des pays ACP par des accords de partenariat économique (APE). La COI est concernée par l’APE signé avec la région Afrique orientale et australe (AOA). Elle a initié en 2002 une étude (Rapport Salmon) sur les problèmes des petites économies insulaires face à la mondialisation, qui sert de base aux travaux de l’Union européenne et des pays ACP sur ce thème.

L’action politique et diplomatique

La coopération politique et diplomatique figure en premier parmi les objectifs fixés par l’Accord de Victoria. On peut estimer que cela se faisait lors des Conseils des ministres annuels ou extraordinaires ou encore au cours des deux Sommets de 1991 et de 1999.
Pourtant, on regrettait l’absence de la COI, organisation régionale de proximité, dans la recherche de solutions à des conflits internes à ses pays membres. Les choses ont changé depuis 2001. En décembre de cette année-là, la COI a envoyé des observateurs lors de la consultation populaire sur la Constitution des Comores. Elle a fait de même aux élections législatives de Madagascar en 2002 et aux élections législatives des Comores en mars et avril 2004.
Lors des événements du premier semestre 2002 à Madagascar, consécutifs à la contestation des résultats des élections présidentielles, la COI a envoyé une mission d’information, d’amitié et de solidarité dans la Grande Île. Elle a rencontré les principaux protagonistes et proposé notamment l’organisation d’une conférence de réconciliation aux Seychelles. Finalement, les deux présidents ayant donné leur accord pour se rencontrer lors d’une conférence internationale, ce fut à Dakar, à l’occasion d’une réunion de l’Union africaine.
La Commission de l’océan Indien a enfin participé à la signature de l’accord du 20 décembre 2003, à Moroni, qui mettait fin au blocage du processus de Fomboni concernant la réconciliation comorienne. Cet accord, initié par l’Union africaine, sous l’égide du président Thabo Mbéki d’Afrique du Sud, en présence des Premiers ministres mauricien et malgache, et du ministre français de la Coopération, et des représentants d’organisations internationales dont la COI, a permis l’organisation des élections législatives, aussi bien pour les îles autonomes que pour l’Union des Comores, dernière étape du processus de normalisation de la situation créée aux Comores par les événements d’Anjouan et le Coup d’État de 1999.

Wilfrid Bertile

(à suivre)

(1) Voir “Témoignages” depuis le mercredi 12 janvier 2005.


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