C’est chaleureusement que l’accueil se passe. La Réunion a pignon sur lalana (rue) Réunion, en plein Tananarive, en face des installations sanitaires de l’ambassade de France. Le décor est ainsi planté. Depuis 1958, les Malgaches savent que les Réunionnais occupent ce bâtiment, depuis l’installation des locaux de la Société Mutuelle d’Entraide des Réunionnais (SMER). Aujourd’hui, les Réunionnais peuvent encore adhérer à la SMER, et découvrir les installations du Conseil Régional. Cette antenne vise le renforcement des relations entre la Grande Île et La Réunion, selon la politique régionale de coopération avec les pays de la zone Océan Indien.
Pour Michel Galindo, il importe de montrer aux Réunionnais toute l’opportunité du territoire malgache, autant pour les activités économiques, que culturelles et sociales. Il note cependant l’appréhension des Réunionnais. « Comment faire comprendre aux Réunionnais que Madagascar a changé ? Est-ce qu’à La Réunion, on reste figé sur des photographies des années 1960 ? » demande M. Galindo. Pourtant, « Madagascar, c’est un pays jeune, qui bouge, avec des secteurs aussi divers que le minier, le tourisme, la pêche, l’agriculture, qui sont intéressantes pour les Réunionnais en recherche d’activités. Les PME de services doivent également être présentes ici, cela à la périphérie de tous les secteurs économiques », indique-t-il.

Représenter les Réunionnais

Outre l’accueil, sa structure veut accompagner les Réunionnais dans leurs démarches. Faciliter leur relation avec les instances malgaches. D’ailleurs, elle permet d’établir des contacts privilégiés avec les ministères malgaches, et les différentes ambassades. En effet, dans le cadre de sa mission de veille économique, l’antenne de la Région Réunion soutient les Réunionnais, administrativement, dans l’analyse d’opportunités et de faisabilité, dans le suivi financier, etc. Et Michel Galindo de préciser « L’ambassade de La Réunion, c’est ici. Ici, il n’y a pas de questions qui n’amènent de réponses, avec une réactivité totale. On veut être rapide et au service des Réunionnais ».
L’autre mission de l’antenne est de développer les échanges entre Madagascar et La Réunion, autant sur le plan économique, culturel et social. Il note les nombreuses expériences encourageantes entre les deux pays, et la réussite de nombreuses entreprises réunionnaises sur le terrain malgache. UNIMA et URCOOPA deviennent un des leaders mondiaux de crevette, par exemple. Cela bouillonne de plus en plus pour ce qui concerne l’économique. De nombreux réunionnais, même pour de petites initiatives, s’en sortent. C’est le message. Qu’en est-il des autres secteurs ?

Montrer une autre image de Madagascar

C’est par une citation d’Albert Einstein que Michel Galindo explique la difficulté de casser les préjugés des Réunionnais. « Il est plus facile de briser un atome qu’une idée reçue », disait le célèbre physicien. La présence du Conseil Régional devrait changer la donne. Pour se faire, Michel Galindo entend déclencher un réflexe chez les Réunionnais de passage, pour des raisons personnelles ou professionnelles. L’élargissement des relations Réunion-Madagascar, comment le dessiner ? « Le développement des relations entre Madagascar et La Réunion est tributaire d’une meilleure communication. Arrêtons avec le misérabilisme. Les journaux télévisés, les radios, les médias en général, doivent se tourner davantage vers les informations régionales. Il faudrait même un reportage par jour sur Madagascar, en montrant le bon côté de ce partenariat. Il faut dire que l’élite de demain, c’est l’élite réunionnaise et malgache ; il faut faciliter la mobilité des jeunes Réunionnais, mais aussi des Malgaches à La Réunion », note Michel Galindo.
Pour autant, il accorde une place privilégiée à la culture, et les échanges qui émanent de ce secteur. « La culture permet d’avoir l’estime de soi, et quand on a l’estime de soi, on va de l’avant, on a confiance », indique-t-il. D’ailleurs, plusieurs programmes vont dans ce sens, notamment en termes d’éducation, et de formation professionnelle. Le Programme d’Appui Réunionnais au Système Éducatif Malgache (PARSEM) en est la preuve. Le PARSEM 2007-2010 entreprendra de former 3.000 instituteurs de brousse. L’ingénierie pédagogique sera à la gouverne du CIEP, de l’IUFM, de l’Université de La Réunion et du CRDP. Ils constitueront un pôle d’expertise pour les programmes.
D’autre part, le programme d’appui à l’insertion socio-économique appuiera le perfectionnement des artisans d’art, de plusieurs affinités : le tissage de la soie à Tananarive, la menuiserie et la mécanique à Majunga, le bois à Tamatave, le bois et l’agro-artisanat à Tuléar et à Diego. Encore faut-il compter sur les volontaires du progrès. 14 opéreront dans les Alliances Françaises de Madagascar. Sûrement que cela contribuera à donner une image plus valorisante de Madagascar. Souhaitons que cela contribuera à l’épanouissement des relations « historiques » entre nos deux pays.

Un soutien évidemment accru

L’Europe, par ses fonds INTERREG et la Région Réunion, soutient un programme de sécurisation foncière à Madagascar. Le CIRAD, la SAFER, le CNASEA, et la DAF, ont participé à la création des premiers guichets fonciers. Un logiciel aura d’ailleurs été réalisé. « L’expertise réunionnaise est reconnue ici », déclare Michel Galindo. Non sans dire que cela sera soutenue par l’Europe. Le prochain programme INTERREG accordera à Madagascar 3 millions d’euros pour les actes de coopération. Les fonds INTERREG pour la région Océan Indien augmenteront de 5 millions à 36 millions d’euros. La Région Réunion continue également à apporter son soutien aux actes de coopération dans l’Océan Indien, à hauteur de 800.000 euros. Michel Galindo rappelle que tous les dossiers réunionnais doivent être montés à La Réunion, auprès des services du Conseil Régional.

W. T.