26ème Conseil des ministres de la COI

L’avenir de notre économie se joue maintenant

8 juin 2010, par Manuel Marchal

Quelques jours après le 25ème sommet France-Afrique s’achève la présidence française de la Commission de l’océan Indien. Le 26ème Conseil des ministres de la COI se tient dans un contexte qui prend un caractère décisif pour notre île. Les conditions de l’intégration de La Réunion dans sa région vont en effet déterminer les conditions de survie de ses productions.

Présidé par Alain Joyandet, secrétaire d’État à la Coopération, le 26ème Conseil des ministres de l’océan Indien verra s’achever aujourd’hui à la Région la présidence française de l’organisation. Dès ce soir, c’est Maurice, un de ses fondateurs, qui présidera la COI.
Plusieurs thèmes sont à l’ordre du jour. Deux d’entre eux se détachent. Il s’agit de la situation institutionnelle à Madagascar et de « l’amplification de la coopération économique et des échanges commerciaux inter-îles ».
Le premier point renvoie à la question de la stabilité. Madagascar n’est pas le seul pays de notre région à connaître une instabilité, l’Union des Comores est également concernée. Et dans les deux cas, des intérêts français sont en jeu. Quelle sera la part de la France, actuellement présidente de la COI, à la recherche de solutions pour retrouver la stabilité institutionnelle dans ces deux pays de l’organisation ?
Cette question est importante car de sa résolution dépend également les conditions de l’intégration dans sa région, et donc détermine les conditions de survie de ses productions.
Car en 2008 s’était tenu à la Région un séminaire qui visait à définir des premières pistes d’action vers une stratégie de co-développement durable des îles de la COI.

Les APE ?

Avaient en effet commencé les négociations de l’accord de partenariat économique (APE) entre l’Union européenne et les pays de la COI.
Les APE s’inscrivent dans l’intégration de notre région aux règles de la mondialisation dictées par l’Organisation mondiale du commerce. C’est un nouveau cadre d’échanges entre l’Union européenne et les pays ACP dont font partie tous nos voisins. Pour être conforme aux règles de l’OMC, ils doivent prévoir une suppression des taxes douanières et des quotas sur l’essentiel du commerce, soit 90%. Pour atteindre ce seuil, la Commission européenne propose une ouverture totale du marché européen, et donc de celui de La Réunion, aux produits de nos voisins en échange d’une ouverture comprise entre 80 et 95% des marchés de nos voisins aux produits faits dans l’Union européenne. À cela s’ajoute une exclusion définitive de la concurrence européenne de plusieurs produits essentiels à l’économie de nos voisins.
De telles conditions s’expliquent par l’arrivée dans notre région de concurrents de l’Union européenne.
Les Etats-Unis proposent l’AGOA, tandis que la Chine et l’Inde, des soutiens historiques de la décolonisation de l’Afrique, sont les acteurs de partenariats de plus en plus nombreux. Dans les anciennes colonies portugaises telles que l’Angola ou le Mozambique, le Brésil noue des partenariats. Le Canada arrive également, en particulier à Madagascar, tandis que l’Afrique du Sud fait désormais partie des pays émergents, au même titre que le Brésil, la Russie, l’Inde ou la Chine.

Libre-échange ou co-développement ?

Si l’Accord de partenariat économique s’appliquait comme il s’applique aux Antilles entre l’Union européenne et les pays du CARIFORUM, alors la production réunionnaise entrerait en concurrence directe avec celle des pays voisins. Cela rendrait plus difficile l’écoulement de notre production, et menacerait donc la viabilité de ce qui reste de notre industrie. Quant aux ressources financières des communes, elles seraient remises en cause. En effet, les partenaires de négociation de l’Europe le considèrent comme une taxe douanière, susceptible de fausser la concurrence.
L’alternative à cette intégration ultra-libérale dans la mondialisation, c’est le co-développement. Le séminaire de 2008 avait d’ailleurs défini des orientations incluant tous les pays de la COI, ce qui signifie que la stabilité institutionnelle de tous ces membres est nécessaire.
Par exemple, Madagascar pourrait être le lieu de transfert de technologies afin que la Grande Île puisse non seulement atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais également devenir exportatrice de produits alimentaires vers les îles de la COI.
Au libre-échange destructeur, les pays de la COI ont proposé l’alternative du co-développement créateur de nouvelles richesses et permettant à notre économie d’être au service du développement d’une région de plus de 40 millions d’habitants. L’alternative élaborée dans notre région en fonction de la défense de nos intérêts commun sera-t-elle la voie suivie ?

Manuel Marchal

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