Troisième temps fort de la semaine d’actions de REAGIES

L’avenir en commun entre Madagascar et La Réunion

8 septembre 2017, par Manuel Marchal

Ce soir l’association REAGIES organise un dîner solidaire au restaurant la Gare du Nord à Saint-Denis à 19 heures. Hier, le débat sur l’avenir en commun de Madagascar et de La Réunion a débouché notamment sur la proposition de création d’un groupe de réflexion au sein de REAGIES pour travailler sur cette question.

Vue d’une partie du public.

Simone Yée Chong Tchi Kan, présidente de REAGIES, a accueilli le public, présentant le thème de ce troisième temps forts de la semaine d’actions lancée par son association : un échange sur l’avenir en commun de Madagascar et de La Réunion.

Philippe Yée Chong Tchi Kan a introduit le débat en rappelant ce que Madagascar a apporté à la culture réunionnaise. Il a insisté sur la puissance de la culture. La poésie en prose dans la littérature française a été créée par Evariste de Parny qui traduisait des chants malgaches. « Les contacts entre les cultures de La Réunion et de Madagascar ont donc influencé la culture française. Cette proximité fait que La Réunion et Madagascar ont à offrir au monde », a-t-il ajouté citant d’autres champs possibles comme l’économie et le savoir.

« Trouver des alternatives en commun »

Eric Rakotomanga, président de l’AKFM, est ensuite intervenu pour rappeler que « Paul Vergès et Gisèle Rabesahala ont posé les fondations de cette coopération. Le moment de prolonger cette fondation est venu ». L’histoire de cette relation entre La Réunion et Madasgascar a commencé dès le peuplement de notre île, a-t-il dit.

Il a ensuite décrit les grands problèmes globaux. Tout d’abord l’injustice sociale dans le monde, chômage et précarité sont des problèmes communs à nos deux pays. Le changement climatique touche particulièrement l’océan Indien, l’insécurité également avec les trafics humains, de drogues ou de matériels.

« Qu’allons-nous faire face à ces problèmes communs à nos deux peuples ? Quel avenir bâtir ensemble ? »

Eric Rakotomanga a souligné qu’il faut « trouver des alternatives en commun entre nos deux peuples ». Il a cité le tourisme, et la participation de Réunionnais au développement de Madagascar.

L’importance de l’organisation

Yves Ravelonamanantsoa a plaidé pour une autre coopération. Le monde agricole malgache a un grand potentiel. La Réunion a des laboratoires. Nous avons à gagner avec les Réunionnais. À Madagascar se pose le problème de la gestion des moyens. L’expertise en organisation manque, pour récolter l’impôt afin de donner à l’État les moyens d’agir. Il cite ainsi comme exemples les 1,850 tonnes d’or récoltée par les orpailleurs ou le saphir extrait à Madagascar et revendu 100 fois plus cher ailleurs. Il est important de « s’organiser pour que notre richesse ne parte pas comme cela, la coopération avec La Réunion peut nous aider dans ce domaine ». Il a en effet estimé que notre île a bénéficié de l’apport de la France en termes d’organisation.

Pour sa part, Jean-Yves Ananélivoua a insisté sur les possibilités de trouver des solutions communes. « Comment avoir un regard sur ce qui se passe en Afrique ? Quelle coopération financière ? La Réunion s’approvisionnait à Madagascar ». Progressivement, s’est imposé le flux vers l’Europe qui a réduit les échanges.

Aimé Ratsifehera de la délégation malgache a souligné le problème pour l’accès à l’Université à Madagascar. 40 % des nouveaux bacheliers ne pourront pas aller à l’université publique. Ils vont grossir les rangs des chômeurs. Par ailleurs, le nombre d’analphabètes va augmenter, car les Malgaches ne peuvent plus acheter leurs fournitures pour aller à l’école. Aimé Ratsifehera cite l’exemple d’une lavandière qui vit seule avec ses enfants. N’ayant la possibilité d’envoyer un seul enfant à l’école, elle a choisi le garçon.

À la tribune : Philippe Yée Chong Tchi Kan, Eric Rakotomanga et Yves Ravelonamanantsoa.

Emulation grâce aux institutions de base

Ary Yée Chong Tchi Kan a noté l’importance de « ce que nous avons en commun : la géographie, l’histoire, la culture, un patrimoine… Nous sommes condamnés à imaginer l’avenir différemment sans être nostalgique d’un passé ». Cela passe par « imaginer l’avenir en remettant en cause les systèmes de pensées et de production ».

L’Accord de Paris sur le climat appelle à une nouvelle civilisation débarrassée des productions de CO2.

Quand on va appliquer sur le coût des produits le coût du CO2, beaucoup de choses changeront. En effet, plus de la moitié des importations de La Réunion viennent de l’Europe, à 10.000 kilomètres. Madagascar est bien plus proche.

« Nous avons aussi beaucoup de choses à apprendre de Madagascar : comment font-ils pour survivre dans ces conditions ? »

Ary Yée Chong Tchi Kan a rappelé que 1.300 communes existent à Madagascar, 200 métiers de la ville sont recensés. Les besoins sont importants en termes d’état civil, de cadastre… « En remettant en place les institutions de base, une émulation permettra une dynamique ».

Le potentiel du tourisme

Avec 50 millions d’habitants à Madagascar en 2050, la solution pour La Réunion ne se trouve plus en Europe, poursuit-il. « Dans quelle langue se comprendre plus tard ? Le français un moyen de développement s’il est débarrassé de ses éléments de colonisation ». L’importance aussi d’apprendre le malgache dans nos écoles.

Comme exemple de coopération, il cite le tourisme. S’il s’est développé à Maurice, c’est grâce au tourisme populaire des Réunionnais. 150.000 Réunionnais partent chaque année à Maurice. Si un Réunionnais dépense 1.000 euros : cela 150 millions d’euros qui restent à Maurice.

Sur ces 150.000, si seulement 10.000 Réunionnais partaient à Madagascar, cela ferait 10 millions d’euros pour Madagascar. Il a conclu son intervention en proposant que REAGIES propose un groupe de travail sur l’avenir en commun.

Simone Yée Chong Tchi Kan a conclu le débat en remerciant les participants et rappelant l’invitation pour le dîner solidaire aujourd’hui à 19 heures 30 au restaurant la Gare du Nord à Saint-Denis.

M.M.

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