Coopération régionale avec l’archipel des Comores

L’enseignement agricole se dote d’un accord-cadre...

12 février 2005

Dans la région, la coopération dans le domaine de l’enseignement agricole est une réalité. Le lycée d’enseignement général et technologique agricole (LEGTA) de Saint-Paul et le lycée d’enseignement professionnel agricole (LEPA) de Saint-Joseph ont signé hier un accord-cadre de coopération avec le lycée agricole de Coconi (Mayotte) et de l’Université de Patsy (Anjouan).

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Le LEGTA de Saint-Paul et le LEPA de Saint-Joseph ont une culture de la coopération régionale. Les actions ne manquent pas comme l’envoi, depuis quatre ans, de jeunes BTS du LEPA dans le Nioumakélé (Anjouan) pour une campagne de sensibilisation à l’hygiène de la traite laitière ; la mise à disposition de livres techniques mais aussi l’enquête et l’analyse de la filière laitière en octobre 2004 réalisée par dix jeunes BTS du LEGTA ; un stage en cours sur l’irrigation pour deux techniciens anjouanais au CFPPA de Piton Saint-Leu ou le stage, cette semaine, de quinze techniciens de l’Union des Comores au LEPA de Saint-Joseph.
Ces actions ont trouvé un support, hier matin au LEPA. Un accord-cadre de coopération a été signé entre Bernard Isebe, proviseur du LEPA de Saint-Joseph ; Joseph Gestin, proviseur-adjoint du LEGTA de Saint-Paul et Fatima Bacar, responsable de l’Université de Patsy (Anjouan), seul établissement de l’Union des Comores disposant d’un département agricole de ce niveau. Le lycée agricole de Coconi (Mayotte) qui dispense des formations de niveau BPA a par ailleurs été pleinement associé à cet accord-cadre. Ce qui permettra de développer des actions tripartites. Mais, comme l’a souligné Bernard Isèbe, "il appartiendra à chaque établissement de construire des partenariats particuliers avec l’université de Patsy".

Une agriculture qui progresse

La signature de l’accord-cadre s’est déroulée en présence d’Omar Houmadi, ministre de la Production, de l’Agriculture et des Transports de l’île autonome d’Anjouan, accompagné de son conseiller technique, Mohamed Hamed Hazi. En marge de la cérémonie officielle, le ministre a dressé un panorama optimiste de l’agriculture anjouanaise. Il s’enorgueillit, par exemple, de la production d’oignon qui a atteint 237 tonnes en 2004. Et il estime que compte-tenu de l’engouement des agriculteurs qui vendent leur production au syndicat chargé de la commercialisation, la production pourrait vers 2010 se stabiliser à 400/450 tonnes pour Anjouan et à 1.000/1.500 tonnes pour les trois îles de l’Union des Comores. Le schéma est le même pour la pomme de terre. Et dans les deux cas, ces semences pourraient venir de La Réunion.
Anjouan connaît également une bonne progression de la production laitière, notamment concentrée dans le région de Nioumakélé, avec une moyenne par vache et par jour de 10 litres de lait, selon le ministre. Une Association des éleveurs du Nioumakélé a été créée en 2001. Son président, Mohamed Toybou indique qu’elle rassemble 150 éleveurs de 13 villages. Elle a trois objectifs : l’encadrement des éleveurs, le développement de la production et la commercialisation. L’unité laitière produit aujourd’hui du lait conditionné qui peut être commercialisé dans les autres îles, du lait caillé très prisé en Grande Comore et du fromage. Mais le point noir, selon Mohamed Toybou reste l’amélioration génétique des vaches laitières. Un premier essai dans les années 80 avec l’importation depuis La Réunion de trois taureaux de race frisonne s’est soldé par un échec. La difficulté d’importer de nouveaux taureaux de La Réunion a amené les responsables de l’agriculture à se tourner vers le Kenya d’où on été importés deux taureaux et trois vaches. Mais selon le président de l’association, "cela n’a pas donné les résultats escomptés".

Multiplier les échanges professionnels

Le développement d’un petit élevage familial de poules pondeuses s’est heurté à la question de l’importation de la provende. Mais, selon Omar Houmadi, "la volonté de développement aux Comores ouvre de nouveaux horizons". Et dans le domaine de l’élevage de volaille, le savoir-faire de l’Urcoopa pourrait, selon le conseiller technique du ministre, Mohamed Hamed Hazi, relancer le projet. L’Urcoopa qui peut également fournir de l’aliment, mais aussi de la farine de blé.
D’autre part, le ministre met l’accent sur la production de tomates, regrettant la surproduction saisonnière. Un des stagiaires comoriens qui a visité des exploitations agricoles réunionnaises s’est montré particulièrement intéressé par les tomates produites en hors-sol, "chose que nous souhaitons mettre en œuvre". Évidemment !
Cependant, le chemin est encore long pour arriver à ce degré de développement aux Comores. Mais il est certain que le développement des échanges professionnels, objet de l’accord-cadre signé hier, comme l’a souligné Aha Majani, responsable de la centrale d’achat d’Anjouan, devrait permettre de franchir une à une les étapes d’un développement profitable aux agricultures comoriens et à leurs collègues réunionnais.

Y.V.D.E.


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