Coopération régionale

La Commission de l’Océan Indien a vingt ans : ses objectifs et ses moyens

Une étude de André Oraison *

12 janvier 2004

À l’occasion du 20ème anniversaire de la Commission de l’Océan Indien (C.O.I.), nous avons présenté samedi dernier la composition et la structure de cette organisation de coopération régionale.
En ce qui les concerne, les pays insulaires de l’océan Indien occidental ont pris conscience, dès 1982, de l’intérêt pour chacun d’eux de promouvoir les échanges commerciaux et de collaborer plus étroitement. Néanmoins, les résultats acquis par ’les pays de la mer’ sont pour la plupart insuffisants, sinon décevants, à l’orée du 21ème siècle.
En vérité, la C.O.I. peut faire l’objet d’une double appréciation critique : elle poursuit en effet avec des moyens financiers certes non négligeables mais encore peu diversifiés [1] des objectifs qui sont, pour la plupart, ponctuels [2]

Conclusion générale

Vingt ans après sa naissance, la C.O.I. manque encore d’ambition au niveau de ses objectifs qui demeurent pour la plupart ponctuels. De plus, ses résultats concrets sont récents, rares et modestes.
Une coopération interétatique durable est-elle alors possible dans l’océan Indien occidental ? Dans l’hypothèse d’une réponse positive, quelles sont alors les conditions à remplir pour donner un sang nouveau à la C.O.I.?
Certes, il est bon que siège régulièrement le Conseil de la C.O.I., qui regroupe des ministres des Etats membres, parce que c’est un organe politique de prise de conscience et de décision sur des projets d’intérêt commun. À ce titre, la C.O.I. a déjà le grand mérite d’exister. Mais il faut aller beaucoup plus loin.

Il faut d’abord renforcer les pouvoirs du Secrétaire général, afin qu’il devienne un véritable exécutif de la C.O.I.
Sur un autre plan, il n’est pas sain que la C.O.I. ait toujours pour principal bailleur de fonds l’Union européenne. Il faut donc songer autant à diversifier qu’à accroître les sources de financement de l’Institution, afin de la rendre toujours plus autonome et plus efficace.
De même, les programmes de la C.O.I. méritent d’être plus audacieux et, de toute façon, insérés dans le cadre de plans d’ensemble à long terme, avec pour finalité première le renforcement et l’autosuffisance de la région.
C’est en ce sens que le Sommet réuni à Saint-Denis le 3 décembre 1999 a pu se féliciter de "l’engagement des Etats à apporter les soutiens nécessaires à la mise en œuvre d’une politique régionale en matière de développement durable".

Sur un dernier plan, l’espace économique de la C.O.I. - qui intéresse 16 millions de personnes - n’est pas a priori suffisamment vaste pour être viable. La remarque est évidente lorsque l’on compare la C.O.I. aux autres organisations qui se sont constituées dans cette partie du monde (S.A.D.C., C.O.M.E.S.A., I.O.R.A.R.C.).
Dès lors, la création de liens institutionnels avec ces grands blocs économiques régionaux et l’élargissement de la C.O.I. à certains pays d’Afrique orientale devraient être considérés comme de nouvelles priorités pour l’Institution. Une impulsion décisive pourrait être donnée en ce sens à l’occasion du troisième Sommet des chefs d’Etat et de Gouvernement des pays membres de la C.O.I, programmé (en principe) à Moroni en 2004.

* Professeur de Droit public à l’Université de La Réunion (Université Française de l’Océan Indien).


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