L’IOR, une “coquille vide” pour “le Quotidien”

La difficile décolonisation des esprits

4 septembre 2004

Dans son édition d’hier, 3 septembre, “le Quotidien” consacre une large place à la participation d’une délégation française au Conseil des ministres de l’Indian ocean rim (IOR). Mais pour le journal du Chaudron, l’IOR est une « coquille vide », prétexte à l’organisation de voyages touristiques. « Face à l’ampleur des enjeux, c’est une vision réductrice et déformée », estime Wilfrid Bertile, qui conduisait la délégation. « Les attaques contre les organisations internationales dans lesquelles s’impliquent La Réunion sont la coutume chez une certaine presse », souligne le vice-président de la Région Réunion.

À la fin du mois dernier, une délégation française avait participé aux travaux de l’Indian ocean rim, organisation internationale de coopération qui rassemble 18 pays situés dans la zone du monde la plus dynamique sur les plans démographique et économique. L’IOR comprend également plusieurs “partenaires du dialogue”. La France-Réunion a cette qualité, qu’elle partage avec des pays tels que le Japon ou la Chine, qui, pour beaucoup de spécialistes, sera la première puissance économique mondiale.
On ne peut alors que s’étonner du parti-pris par “le Quotidien” dans un article paru hier dans sa rubrique “Notre région”. On voit que cela ne plaît pas au “Quotidien” de constater que des responsables politiques réunionnais de toutes tendances politiques travaillent de concert avec un ambassadeur délégué pour La Réunion, fassent des efforts afin de s’intégrer dans son environnement régional.

Coopération interdite aux Réunionnais ?

Des responsables politiques du monde entier se rencontrent tous les jours pour développer des échanges, des actions de coopération et des liens d’amitié entre les peuples. Cela serait-il interdit aux Réunionnais, selon “le Quotidien” ?
Mais au-delà de ce point de vue, avec lequel on peut être en accord ou pas, le journal du Chaudron se livre de manière à peine voilée à une attaque en règle contre une initiative de la majorité régionale.
En effet, la délégation était conduite par Wilfrid Bertile, vice-président de la Région. En outre, pour le journal de Jean-Louis Rabou, l’IOR est une "coquille vide", tout comme la COI. D’après cet organe, le co-développement est prétexte à passer des vacances au frais de la princesse. Les gouvernements qui s’investissent dans la coopération entre pays du Sud apprécieront.

Méconnaissance des enjeux ?

L’ancien secrétaire général de la Commission de l’océan Indien déplore l’orientation prise par “le Quotidien” dans le traitement du Conseil des ministres de l’IOR. "“Le Quotidien” ironise sur les réunions de l’IOR en retenant une dimension mesquine : “cela permet de voyager”", note Wilfrid Bertile.
"C’est une façon très réductrice de voir les enjeux", poursuit-il. L’IOR est un enjeu important pour la France, "très marginalisée dans un océan Indien anglophone riche en potentialités économiques", précise le vice-président de la Région.
L’enjeu de l’IOR est aussi essentiel pour notre île "qui doit développer ses liens avec les grands marchés" du continent asiatique, de l’Afrique et de l’Océanie.
"L’ampleur des enjeux du co-développement régional au sein de l’IOR contraste avec le caractère réducteur de l’information distillée par “le Quotidien”", constate Wilfrid Bertile. Dans ces grandes rencontres, "la tâche est difficile car La Réunion est peu connue", souligne-t-il. "Et au lieu d’encourager ce travail, on dénigre des actions patiemment construites qui commencent à porter leurs fruits".
"Mais nous sommes habitués à ce genre d’attaques, elles ont déjà été portées contre la COI et le COMESA. Certains esprits ne sont pas décolonisés", indique Wilfrid Bertile.

Prisonnier d’un parti-pris partisan

Mais au-delà d’une certaine démagogie qui vise à faire croire que travailler pour que La Réunion participe au développement durable de l’océan Indien du 21ème siècle est un prétexte pour faire du tourisme, le vice-président de la Région relève dans la tonalité de l’article, la confirmation de l’orientation pro-fédération socialiste prise par “le Quotidien”, "connue de tout le monde".
Cela amène l’organe de presse à traiter l’information sous l’angle d’une "hostilité globale à la politique de la majorité régionale" en portant des attaques sur des sujets où la direction du journal du Chaudron pense que l’opinion pourra réagir dans le sens qui lui convient.
"Chacun a pu remarquer que l’annonce du changement de direction de la représentation locale du Parti socialiste, a fait la une du “Quotidien” avec une grande photo en couleurs, tandis que la conférence de presse du PCR fait l’objet d’un petit article", indique en substance l’ancien secrétaire général de la COI.
Pour conclure, on peut dire que le parti-pris partisan d’un journal qui se proclame “indépendant” ne trompe personne. Mais il est dommage que cette ligne aboutisse à tenter de discréditer ce qui est fait pour nous rapprocher de nos voisins.
Car comment peut-on imaginer que La Réunion puisse rester isolée des formidables changements liés à l’accroissement démographique et à la mondialisation des échanges sur fond de bouleversements climatiques ? Un des moyens pour relever ces défis sans précédent, se situe dans le co-développement des peuples de l’océan Indien, car La Réunion ne se sauvera pas toute seule.
Mais pour une certaine presse, entendre les Réunionnais parler d’une même voix est déjà suspect ; alors, lorsque se construit un front à la dimension des pays de l’océan Indien, on ne peut qu’être dépassé par les événements.

M. M.


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