Aujourd’hui et demain : l’État organise une conférence de coopération régionale

La faillite d’une classe politique réunionnaise fait disparaître le co-développement d’une conférence internationale

8 novembre 2012, par Manuel Marchal

Au Cinépalmes de Sainte-Marie, l’État organise une conférence de coopération régionale clôturée par le ministre des Outre-mer. Voilà qui illustre bien comment une partie de la classe politique réunionnaise a abdiqué ses responsabilités dans ce domaine.

Quand en juin 2008 sous l’impulsion de Paul Vergès, la Région Réunion organise le séminaire sur le co-développement durable des îles de l’océan Indien, La Réunion est en pleine dynamique de la responsabilité. Cela se constatait en particulier dans la disposition des différents orateurs à la cérémonie d’ouverture ainsi que dans les mots utilisés.

La France était un participant au même titre que les autres pays. Son représentant, le conseiller diplomatique du préfet, était sur un côté de la tribune et il n’a pas été le dernier à prendre la parole. Dans son discours, il a longuement évoqué la coopération régionale. Le fonctionnaire français se démarquait des élus réunionnais et des membres de gouvernement de notre région, qui avaient pour leur part insisté sur le co-développement.

Cette différence de mot était révélatrice d’une différence d’approche. La coopération régionale reprend le terme de "coopération", ce qui renvoie aux relations que la France entretient avec ces anciennes colonies. Ainsi La Réunion est considérée comme une plate-forme d’action d’une politique qui ne peut s’opposer aux intérêts français. Force est de constater que cette vision post-coloniale a échoué et la voir persister aujourd’hui sous un gouvernement socialiste inquiète.

Où est le co-développement ?

Le co-développement relève d’une approche totalement différente. Quand s’est tenu le séminaire présidé par Paul Vergès en 2008, les pays de notre région sont rassemblés pour rechercher une issue à deux crises : l’énergie et la nourriture. Pour cela, ils ont jeté les bases d’une stratégie d’autonomie énergétique et alimentaire de notre région, au sein de laquelle en tant que Réunionnais, nous avons notre contribution à apporter. Une telle stratégie va à l’encontre d’intérêts français. En effet, si notre région peut produire toute son énergie en s’appuyant sur des technologies qui ne viennent pas de France, les entreprises de ce pays perdent un débouché.

Il est révélateur de constater qu’à l’arrivée de Didier Robert à la direction de la Région Réunion, Paris a aussitôt repris la main sur les relations extérieures de La Réunion. Et il est apparu que notre île devait servir les intérêts français dans le renforcement d’un axe Paris/Port-Louis. La coalition des conservateurs avait eu pour résultat de stopper net les progrès que nous enregistrions dans nos relations avec les Comores, Madagascar et d’autres pays de notre environnement régional qui ont contribué à notre peuplement.

C’était le retour de la coopération à la française dans laquelle le co-développement n’a plus sa place, car il relève d’une approche centrée sur la réalité de notre région, qui n’est pas celle de Paris.

Ce co-développement est à ce point expurgé que le mot ne figure pas dans le communiqué adressé par l’État pour présenter l’événement.

Voilà où conduit la faillite d’une classe politique attachée à un modèle qui est pourtant en train de s’écrouler. Elle préfère laisser des fonctionnaires nommés par Paris gérer les relations entre La Réunion et son environnement. Comme celle qui défendait le statut colonial, cette classe politique disparaîtra aussi dans l’oubli.

M.M.

« Une plus grande implication des postes diplomatiques français… »

Voici un extrait du communiqué de la préfecture précisant l’organisation de la conférence de coopération régionale.

Une conférence de coopération régionale de l’océan Indien se tiendra les 8 et 9 novembre 2012 au Cinépalmes de Sainte-Marie. Organisée par l’ambassadeur délégué à la coopération régionale, elle réunit l’ensemble des acteurs de la coopération dans la zone océan Indien, aussi bien à La Réunion, à Mayotte et aux Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) que dans les pays du sud-ouest de l’océan Indien.

Outre les préfets de La Réunion, de Mayotte et des TAAF, les présidents des conseils régional et général de La Réunion, du Conseil général de Mayotte ou leurs représentants, le Conseil économique et social environnemental, les services déconcentrés de l’État, les chambres consulaires, les conseillers du commerce extérieur, les acteurs de la société civile et du monde économique des deux départements d’outre-mer, seront présents sept ambassadeurs de France, le secrétaire général de la commission de l’océan Indien (COI), la délégation de l’Union européenne de Maurice, les directeurs d’Agences locales de l’agence française de développement (AFD) ainsi que des représentants des administrations centrales des ministères des Affaires étrangères et des outre-mer français.

Ouverte en séance plénière le jeudi 8 novembre à 9h, cette conférence sera clôturée par monsieur Victorin Lurel, ministre des outre-mer vendredi après-midi.

Cette conférence sera marquée cette année par une plus grande implication des postes diplomatiques français et de la COI. Cette participation active se traduit par une intervention dans tous les ateliers : ambassadeurs, conseillers de coopération et d’action culturelle, secrétaire général de la COI, délégation de l’Union européenne. Elle répond à la volonté d’associer plus étroitement les partenaires aux actions développées et de faire en sorte que les actions de coopération régionale conduites depuis La Réunion ou Mayotte tiennent mieux compte du besoin exprimé par les pays partenaires.
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