Plus de 7 milliards d’habitants peuplent aujourd’hui la Terre. Le système capitaliste dominant, présenté comme modèle, nécessiterait les ressources de plusieurs planètes Terre pour garantir à tous ses habitants un niveau de vie et de confort équivalent à la minorité présentée comme le standard à atteindre. Un cycle a commencé voici 500 ans avec le début de la conquête du monde par les États européens, ce fut le début de la colonisation. Le capitalisme est devenu le système dominant en Europe depuis le milieu du 19e siècle. Il est responsable de l’amplification du pillage des ressources naturelles, de l’exploitation des êtres humains, et des émissions de gaz à effet de serre qui sont à l’origine du changement climatique. Le bilan du colonialisme et du capitalisme est le suivant : il permet à environ 20 % de la population mondiale de bénéficier d’un niveau de vie et de confort sans équivalent dans l’histoire de l’humanité. Le prix est payé par 80 % de la population du monde qui est maintenue en très grande majorité dans la pauvreté. Une des conséquences de ces inégalités est la persistance de nombreuses guerres pour la conquête de ressources naturelles, ou pour la domination d’un peuple sur un autre. Plus de 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim chaque jour, ce système n’est plus tenable et le sera de moins en moins au fur et à mesure de l’accroissement de la population mondiale.

Solidarité de luttes entre Afrique et Chine

L’arrivée en 1949 d’un Parti communiste à la tête de la Chine, pays le plus peuplé du monde a changé la donne. L’orientation appliquée depuis les années 1980 a permis l’enrichissement des Chinois, l’émergence d’une classe moyenne unique au monde par son nombre dans un pays en développement, et surtout l’éradication de la grande pauvreté depuis 2020, 10 ans avant l’objectif fixé par l’ONU dans ses Objectifs du développement durable.
Pour de nombreux pays en développement, ce que la Chine a accompli est source d’inspirations. En effet, 60 ans après la vague des indépendances en Afrique, la coopération avec les anciennes puissances coloniales a maintenu les inégalités, avec une classe dominante peu nombreuses éduquée principalement en Occident plutôt que dans son pays, et souvent plus de 80 % de la population vivant avec moins de 2 dollars par jour.
La Chine a développé des relations de plus en plus étroites avec ces pays. La création du Forum de coopération Chine-Afrique a été la première instance de coopération internationale créée par la Chine. La Chine et le continent africain ont actuellement une population équivalente, 1,4 milliard d’habitants, mais ce n’est pas le seul point commun. Comme l’Afrique, la Chine a été colonisée par l’Occident. La Chine voue également une reconnaissance éternelle aux États africains, qui pour la plupart ont lutté pour que la République populaire de Chine remplace Taïwan comme représentation de la Chine à l’ONU, et par conséquent comme membre permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU. Parmi les 5 membres permanents actuels de ce Conseil de Sécurité, la République populaire de Chine est le seul à n’avoir envahi et encore moins colonisé aucun pays.
Au moment où l’Afrique se constitue en Zone de libre échange continentale africaine (ZLECA), la Chine coopère pour transférer son expertise dans les infrastructures. Les échanges des humains et des marchandises s’amélioreront considérablement lorsque l’Afrique sera parcourue par de grandes lignes de chemin de fer transcontinentales à l’image du quadrillage du territoire par voies ferrées modernes réalisé en Chine. Le chemin de fer Éthiopie-Djibouti est une préfiguration de cet avenir possible.

Une guerre peut remettre en cause progrès accomplis et à venir à plusieurs milliers de kilomètres

Un an après la création de la ZLECA, le RCEP a été fondé. C’est la plus grande zone de libre échange du monde regroupant 30 % de l’humanité et du PIB mondial. Le RCEP comprend notamment la Chine et le Japon, deux des plus grandes puissances économiques mondiales, et s’étend jusqu’à l’Australie.
ZLECA et RCEP ont naturellement vocation à échanger, ce qui fera à nouveau de l’océan Indien la zone mondiale la plus active en termes de commerce. Ceci contribuera à favoriser l’élévation du niveau de vie en Afrique, tout en s’appuyant sur des transferts de technologies en énergies renouvelables. Pour ne parler que du soleil et de la géothermie, ces sources d’énergies propres sont disponibles en abondance en Afrique.
Cette nouvelle ère des relations internationales s’appuie sur la mise en œuvre d’échanges gagnant-gagnant, mais ils ne peuvent se développer si la première préoccupation est de se précipiter sur les routes pour échapper à un conflit, ou si le coût de la vie augmente d’une manière tellement brutale qu’il soit à l’origine d’émeutes de la faim pouvant remettre en cause tous les progrès accomplis et à venir.

L’hégémonie d’une grande puissance guerrière, les États-Unis, conduit le monde dans le mur

Or, le conflit en Ukraine est à l’origine d’une hausse du prix du blé, car il implique Russie et Ukraine, qui représentent 30 % des exportations mondiales. L’Afrique importe les deux tiers de sa consommation en blé, et le tiers de ces importations provient de Russie et d’Ukraine. L’Egypte, plus de 100 millions d’habitants, est dépendante à 90 % des importations de blé russe et ukrainien.
Le risque d’émeutes de la faim comme en 2008 est à prendre en compte, alors que dans le même temps, la population de l’Afrique a augmenté de 400 millions d’habitants.
Un conflit peut donc avoir des répercussions planétaires, amplifiées dans les pays gravement touchés par la pauvreté.
La lutte contre la pauvreté ne peut être contrariée par la guerre. Le changement climatique est aujourd’hui la principale cause des migrations forcées avec les conflits. C’est pourquoi la sauvegarde de la paix est une priorité absolue. La nouvelle ère des relations internationales ne peut se construire que sur la paix, et pas sur l’hégémonie d’une grande puissance guerrière, les États-Unis, comme l’ordre international actuel qui conduit le monde dans le mur.

M.M.