Association Coopération Réunion-Afrique du Sud

La Réunion et l’Afrique du Sud : une histoire commune... méconnue

25 avril 2005

Alors qu’approche le “Jour de la liberté” - Freedom day -, fête nationale de l’Afrique du Sud, l’association Coopération Réunion-Afrique du Sud, qui a été fondée récemment dans notre île, célébrera cet événement le 27 avril. Pour la première fois à La Réunion, l’association se propose de commémorer ce jour historique en présence du conseiller politique de l’ambassadrice de la République d’Afrique du Sud en France, Enrico Kemp.

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L’association Coopération Réunion-Afrique du Sud a pour objectifs de promouvoir l’Afrique du Sud à La Réunion et La Réunion en Afrique du Sud, contribuer au développement des échanges économiques, culturels et humains, favoriser la conclusion de partenariats mutuellement profitables entre acteurs de toute nature de l’Afrique du Sud et de La Réunion et organiser toute opération dédiée à ces objectifs.
Elle envisage aussi d’organiser des manifestations dans ce sens (la semaine de l’Afrique du Sud à La Réunion, la semaine de la Réunion en Afrique du Sud), des visites d’artistes, des expositions, séminaires, conférences, des opérations de communication. Elle souhaite aussi participer à des événements internationaux ou nationaux (Indaba, Foire internationale des Mascareignes, UCOI...), à une veille informative et à des formations. Enfin, apporter son appui aux procédures d’échange culturels, humains et commerciaux, ainsi qu’à la mise en réseau des acteurs clés (institutions, opérateurs économiques et associatifs) et de partenariats avec d’autres acteurs du rapprochement avec l’Afrique du Sud.
La Réunion et l’Afrique du Sud partagent, outre la proximité géographique, une histoire coloniale et postcoloniale commune trop souvent occultée en raison de la méconnaissance de certains faits historiques.

Des confluences dans le peuplement

Ainsi, on a coutume de dire que les esclaves et engagés africains venus de gré ou de force à La Réunion proviennent essentiellement du Mozambique, alors qu’une grande partie d’entre eux sont d’origine zouloue et xhosa.
Après la grande bataille de Blood River en 1838 entre les Boers (descendants des colons protestants hollandais, français et allemands d’Afrique du Sud) et les Zoulous, plusieurs milliers de prisonniers zoulous et xhosas ont été vendus par les Boers, transférés vers les port d’Inhambane, Maputo et Durban et vendus aux colons réunionnais.
C’est de ces ports que des milliers de Zoulous et xhosas ont été emmenés par bateau vers La Réunion. "Avec les autres peuples africains du Mozambique, de la Tanzanie et de l’Afrique de l’Ouest, les Noirs sud-africains ont ainsi apporté leur riche contribution au “miracle créole”", souligne Christophe Rocheland, président de l’association.

Des liens de solidarité

Outre les relations économiques importantes durant l’Apartheid (liaison directe de la South African Airways, Consulat général à Saint-Denis...), les mouvements progressistes réunionnais ont toujours été solidaires, depuis les années soixante, de l’African National Congress en lutte contre le système d’apartheid. Ils ont apporté leur aide financière et politique pour l’émancipation des Noirs sud-africains, le respect des droits humains et la victoire de la démocratie en Afrique du Sud.
Ainsi, en 1959, une des premières résolutions du Parti Communiste Réunionnais visait à condamner le régime raciste de Pretoria et à militer pour la rupture des relations diplomatiques entre la France et l’Afrique du Sud.
Durant les années soixante-dix et quatre-vingt, plusieurs mouvements progressistes réunionnais ont organisé des manifestations devant le Consulat général sud africain à Saint-Denis et appelé au boycott des produits sud-africains. Avec la fermeture de la liaison directe entre Johannesburg et Gillot, le Consulat de l’Afrique du Sud raciste a aussi fermé ses portes à La Réunion.
Depuis 1994, il n’existe aucune relation officielle entre Pretoria et les autorités de l’île de La Réunion. C’est pour favoriser le rétablissement de ces relations officielles et en nouer de nouvelles qu’il convenait de créer cette association de coopération avec un des géants du continent africain.


La Réunion et la R.S.A. :

une participation régionale différenciée

La Réunion, Département et Région d’Outre-mer, participe déjà à la COI (au titre de la France). Exclue de toutes les autres organisations régionales, des partenariats la lient cependant au COMESA, à l’IOR-ARC et à la SADC sans qu’elle en soit membre.
Outre l’Union Africaine, la RSA n’appartient qu’à la SADC et à l’IOR-ARC alors que la plupart des autres pays de la zone appartiennent à plusieurs organisations. Elle frappe à la porte du COMESA.
En parallèle à ces structures régionales, l’intégration mondiale des îles de l’Océan Indien est intimement liée aux relations qu’elles entretiennent avec la France en particulier (DOM, collectivité territoriale, Francophonie...) et l’Europe en général (Région UltraPériphérique-RUP, pays ACP).
RUP française dans l’océan Indien, La Réunion peut contribuer au rapprochement avec la RSA, marché prioritaire en termes de commerce extérieur avec la France et l’UE.


L’ambassadrice d’Afrique du Sud à Paris
présidente d’honneur de l’association

Dans un courrier adressé à Christophe Rocheland, président de l’association Coopération Réunion-Afrique du Sud, Nomasonto Maria Sibanda-Thusielle, ambassadrice d’Afrique du Sud à Paris, salue l’initiative de l’association. Elle se félicite que le but de l’association soit de "rapprocher les peuples réunionnais et sud-africains" et espère que l’action de celle-ci "renforcera plus encore les liens politiques, économiques et culturels qui existent déjà entre les autorités réunionnaises et sud-africaines". Nomasonto Maria Sibanda-Thusi se dit "ravie" de la propotion qui lui a été faite et accepte d’"être la présidente d’honneur" de l’association.


Vers un rééquilibrage des échanges régionaux

Entre 1999 et 2003, les importations de biens en provenance des partenaires régionaux de La Réunion ont connu une augmentation en valeur de 16,5 % et de 20,3% en volume.
Cette hausse peut notamment être imputée à l’essor des importations en provenance de la RSA, + 43,4%, qui est devenue un partenaire commercial majeur de la RUP de La Réunion (L’Afrique du Sud représente 49 % des importations régionales).
Au cours de cette même période de quatre années, les importations en provenance des pays de la COI ont augmenté de 13,1%. Ce chiffre aurait pu être meilleur sans le “résultats d’évolutions opposées entre l’île Maurice (+ 41,9%) et Madagascar (- 17,3%)”.
Entre 2003 et 2002, on note aussi sur cette zone régionale un repli de 4,7% des importations en valeur, tandis qu’en volume ces dernières augmentent de 24,5%. (source : IEDOM)


L’Afrique du Sud un géant du continent africain

Sur le continent africain, la RSA est un géant. Elle réalise la moitié du PIB (Produit Intérieur Brut) de l’Afrique subsaharienne, cette dernière représentant 60% du PIB de l’Afrique toute entière.
Le PIB de la RSA (156 milliards de dollars) représente à lui seul plus du quart du PIB africain, le premier de la SADC.
En dépit de nombreux problèmes, elle représente une locomotive en Afrique comme dans la zone indocéanique.
En 1994, la RSA était un pays de 38 millions d’habitants, dont 29 millions de Noirs et 5 millions de Blancs (15 % de la population), 3 millions de Métis et 1 million d’Indiens. En 2002, la population a atteint le chiffre de 44,8 millions d’habitants.
La RSA représente 4 % de la surface de l’Afrique (avec 1 127 000 km2) et 6 % de la population subsaharienne.
Au niveau continental elle totalise 23 % de la production totale, 52 % de l’électricité, 40 % de la production minière (dont 83 % pour l’acier et 97 % pour le charbon), elle possède 32 % du parc automobile, 45 % des routes asphaltées, 40 % des téléphones.


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