Géopolitique et géostratégie à La Réunion

La Réunion et la coopération régionale

24 février 2005

Quel est le rôle de La Réunion dans la zone océan Indien, au plan militaire, économique, politique ? Le trinôme académique se réunissait pour l’expliquer aux futurs enseignants de l’Éducation nationale, et étudiants de grandes écoles.

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Le trinôme académique est composé des Forces armées de la zone Sud de l’océan Indien (FAZSOI), le Rectorat et l’IHEDN, l’Institut des hautes études de la défense nationale, représenté à La Réunion par l’Association régionale 27 (AR-27). Il a pour but de valoriser l’esprit et la conscience de la défense nationale. Les futurs enseignants, formés à l’Institut universitaire de formation des maîtres (IUFM), et les étudiants des classes de préparation aux grandes écoles achèvent par ailleurs un stage de formation à la défense. Christian Merlin, recteur de l’Académie de La Réunion et chancelier de l’université, insistait d’ailleurs sur le but de l’école, une des missions qu’elle se doit de répondre : former les futurs citoyens de la nation et défendre les valeurs de la République. Le stage proposé aux futurs enseignants visait à ce qu’ils appréhendent mieux "les thématiques de la défense et ceci dans l’ensemble des enseignements. 6.600 enseignants entre 2003 et 2004 y ont participé".
Ainsi, et notre lecteur aura tôt fait de comprendre, la défense nationale englobe bien plus que le simple fait d’arme pour défendre le territoire et les ressortissants français. Le général Patrick Marengo, commandant des FAZSOI, montrait cependant toute la responsabilité des forces armées françaises dans l’océan Indien, que ce soit pour des missions de maintien de la paix ou humanitaires. L’esprit de défense implique également la reconnaissance de la France auprès des pays voisins, en termes de coopération régionale. Dans l’océan Indien, La Réunion joue ce rôle. Et il est à noter que, par les dispositions de la loi d’orientation pour l’Outre-mer, le président de Région dispose d’un pouvoir de représentation de la France pour la signature d’accords de coopération.

Une politique régionale de co-développement

Nous ne sommes bien évidemment qu’au début du processus. La Réunion s’ouvre peu à peu sur le monde, et s’applique - notamment par l’effort régional - à développer les échanges avec les pays voisins de la zone océan Indien. C’est ce qui a été rappelé avec force aux futurs enseignants réunionnais, ainsi qu’aux étudiants de classes préparatoires, hier dans l’hémicycle de la pyramide inversée. La place de La Réunion est de plus en plus indéniable. Depuis 1998, selon des sources régionales, "La Région Réunion a formalisé 18 conventions de partenariat avec 9 pays de la zone océan Indien, Asie et Afrique australe". Plate-forme de choix de la France dans l’océan Indien, elle tient un rôle géopolitique et géostratégique sans contestation possible. De l’humanitaire à la coopération économique, en passant par des actions militaires ponctuelles, La Réunion a su défendre sa place dans l’océan Indien. Et comme le rappelait le président Vergès, nous ne faisons que répondre à la demande des pays de la zone, qui ont compris tout l’intérêt de mener une véritable politique de co-développement avec notre pays. Sa position dans l’océan Indien lui confie des devoirs de coopération avec ses plus proches voisins. Cela est palpable par l’attention toute particulière portée à la Commission de l’océan Indien (COI), qui réunit les Seychelles, les Comores, Maurice, Madagascar et La Réunion. La coopération multilatérale de La Réunion et de la Région se situe également avec des pays hors COI, comme par exemple le COMESA, entendez le Marché commun de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe, qui regroupe 20 membres. Cela se traduit par des échanges de chercheurs entre notre Université et celles des pays du COMESA. On notera aussi la présence de La Réunion au sein de l’Indian Ocean Rim - Association for regional co-operation (IOR-ARC), qui travaille au renforcement des échanges économiques entre les États du bassin indocéanique. Les élus régionaux réunionnais ont d’ailleurs conduit la mission française aux travaux de l’organisation régionale à Colombo au Sri Lanka, et seront présents cette année à Téhéran.

Les Réunionnais dans la zone

Le président de la Région Réunion, Paul Vergès, par ailleurs président de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC), ouvrait le débat en faisant allusion aux nombreux défis que La Réunion doit relever “avec” les pays de la zone. S’il revient sur les questions du réchauffement de la planète, il souligne l’importance de comprendre le phénomène de transition démographique dans la zone indocéanique, tout en tenant compte de la question de la mondialisation des échanges, de la globalisation du marché. La jeunesse réunionnaise doit relever ces divers défis, en trouvant une place révélée dans l’espace indocéanique. Peut-être devrait-on dire qu’elle doit faire partie de l’élite de la zone, et contribuer ainsi à la défense des intérêts réunionnais dans une politique de co-développement. "Il faut que les Réunionnais réagissent comme les Palestiniens", disait le président Vergès. Non pas qu’il faille poser des bombes à tour de bras, mais qu’il importe que notre jeunesse, comme les intellectuels palestiniens, s’exporte après avoir mis à profit toutes ses années d’études. "Nous avons l’avantage d’une formation exemplaire. Il faut que l’on réponde à l’appel de tous les pays qui nous en feront la demande. L’exportation des services doit être une priorité", poursuit-il. Reste l’éternel problème de la maîtrise des langues.

Bbj


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