La Réunion-Maurice : Les concurrents d’aujourd’hui peuvent travailler ensemble demain

16 septembre 2004

Pour s’attaquer à l’exportation vers l’Europe, le ministre mauricien envisage ’une production régionale océan Indien’.

Le ministre de l’Agriculture de l’île Maurice, Nando Bodha, conduisait une délégation de l’île sœur ces deux derniers jours à La Réunion. La Chambre d’agriculture et la Direction de l’agriculture et de la forêt (DAF) ont organisé à son intention un parcours et des rencontres avec des exploitants réunionnais, pour "voir comment s’organise à La Réunion l’interface entre les exploitants et les consommateurs".
En effet, "l’exploitant mauricien vend à la criée et n’obtient qu’un tiers du prix auquel son produit sera vendu" ; aussi veut-il trouver "un mécanisme pour que les revenus de l’exploitant soient plus substantiels et la production de meilleure qualité".
Il a été particulièrement impressionné par l’exploitation hydroponique de M. Avril dans le Sud de l’île, qui arrive à produire sur une même surface deux fois plus de tomates et propose un prix trois fois moins cher qu’à Maurice.
Pour son ministre de l’Agriculture, Maurice doit "passer d’une agriculture traditionnelle à une agri-business" et compte y parvenir en promouvant "les jeunes agriculteurs modernes qui associent qualité et respect de l’environnement". Ainsi il était très intéressant pour lui "de voir la recherche et les techniques culturales réunionnaises, la diversification agricole". Il faut selon lui "marier l’expertise réunionnaise et les possibilités mauriciennes et explorer les secteurs d’investissements".

Paris ou Bruxelles pour la moindre négociation

Nando Bodha souhaite "une coopération régionale plus active entre les îles de l’océan Indien", notamment entre La Réunion, Maurice et Madagascar ; ceci est pour lui "une voix d’avenir, car nos îles sont petites et soumises aux mêmes pressions foncières. Il faut voir ce que nous pouvons faire ensemble".
Guy Derand, président de la Chambre d’agriculture, en convient : "ceux qui sont concurrents aujourd’hui peuvent travailler ensemble demain". Les groupements régionaux économiques ouvrent des deux côtés de belles perspectives d’échanges et de développement.
Vincent Le Dolley, directeur de la DAF, remarque que le principal obstacle à la concertation des institutions mauriciennes et réunionnaises reste "l’absence de lieu de discussions techniques". Il est vrai que la coopération régionale est limitée par l’absence d’un réel centre de pouvoir réunionnais à La Réunion et par l’obligation de passer par Paris ou par Bruxelles pour la moindre négociation. Être un département a ses avantages et ses inconvénients. Le ministre de l’Agriculture mauricien en est conscient mais pense que la coopération peut se faire sur des initiatives personnelles des opérateurs.
L’association réunionnaise des producteurs de fruits et légumes souhaite "pour le profit des producteurs des deux îles" que les débouchés soient mieux repérés. Il a été décidé hier lors d’une séance de travail à la Chambre d’agriculture de cerner des domaines et de rassembler les institutions pour mettre en place de premiers échanges économiques "avec un encadrement incitatif pour pouvoir s’installer dans la durée". Pour s’attaquer à l’exportation vers l’Europe, il envisage "une production régionale océan Indien".

Eiffel


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