Communiqué du PCR

Le PCR demande à l’ambassadeur de France, Luc Hallade, de rendre public le contenu des APE

21 avril 2016, par Parti Communiste Réunionnais

« Nous célébrons cette année les 70 ans de la loi du 19 mars 1946. Le PCR en a profité pour éditer une brochure dans laquelle il appelle au rassemblement avec un sous-titre : “Mettre fin au néo-colonialisme”. L’occasion nous est donné d’illustrer un cas grave. »

L’ambassadeur de France à la tribune lors de l’ouverture de la conférence de coopération régionale.

Comment a été construite la coopération régionale ?

La coopération régionale est l’œuvre des partis politiques et organisations progressistes des îles de l’Océan Indien. Les Comores, La Réunion, Maurice, les Seychelles et Madagascar ont été colonisés par la France ou l’Angleterre. Leurs représentants ont décidé de se retrouver. En 1978, du 27 au 29 avril, une Conférence a eu lieu à Mahé aux Seychelles afin d’examiner les conditions du développement post-colonial. Pendant des siècles, nos pays étaient divisés alors qu’ils sont voisins. Pendant des siècles, ils étaient des sujets du colonisateur, ils voulaient cette fois être des acteurs. La Conférence fut un succès et jeta les bases de la COI.

En 1984, la COI est créée, à Mahé, par Madagascar, Maurice et les Seychelles. En 1986, c’est l’adhésion des Comores et de La Réunion, sous le patronage de la France puisque La Reunion n’est pas un Etat. Ainsi, en 8 ans, les colonisés se sont organisés et jetés les bases d’une communauté d’avenir. Le programme reprend les réflexions de la Conférence de 1978, il vise le Développement Durable et la Paix dans l’Ocean Indien.

Au bout de 3 décennies, la France nomme un fonctionnaire, un ambassadeur, pour représenter La Reunion auprès de nos voisins. Madame Ledoux a inauguré la série. Elle est partie, remplacée par M. Hallade. La France a ainsi instrumentalisé La Réunion.

C’est une régression historique, une erreur stratégique et une faute politique.

La coopération entre nos îles était un projet d’intégration régionale pour corriger les effets de plusieurs siècles de colonisation. La colonie ce n’est pas la France. Au lieu d’une grande fête anniversaire populaire pour encourager ce beau projet, nous assistons au développement d’un néo-colonialisme. Pour quels résultats ?

Le programme des 2 jours de rencontre comportent 3 dossiers : la sécurité maritime, le climat et le développement économique. Pas un mot sur les APE qui alimentent les inquiétudes des Réunionnais.

En effet, le Sommet des Chefs d’Etat de la COI qui s’est tenu à Moroni, le 23 aout 2014, s’est achevé par l’adoption d’une Déclaration finale. Pas une fois, le nom de La Réunion y est mentionné. Même pas par le Président de la République Française, François Hollande. Seul, le Président malgache y a fait référence. C’est clair : la France s’est imposée comme partenaire à part entière. La Réunion a été effacée de l’Histoire. C’est une régression historique.

La rencontre de 22 et 23 avril pourrait donner l’impression d’un rattrapage. Elle se tient à La Réunion, les Présidents des Collectivités pourront intervenir. Des ateliers sont ouverts au public. Un député fera la clôture. Mais, hélas, mille fois hélas, qui a fixé les thématiques, donc les priorités ?

Revenons au Sommet de Moroni. Il y a 2 ans, les Chefs d’Etat signataires ont fixé à la COI un objectif clair : accélérer la signature définitive des APE.

“Le Sommet salue le rôle joué par la COI dans la conclusion des négociations de l’Accord de Partenariat Economique (APE) intérimaire avec l’Union européenne. 
Il demande une mise en œuvre efficace de cet accord avec le soutien de la COI et de ses partenaires. 
Les chefs d’Etat et de gouvernement souhaitent une conclusion rapide d’un APE complet dans lequel le groupe Comores – Madagascar – Maurice – Seychelles (CMMS) pourrait jouer un rôle significatif. Ils souhaitent également que la COI participe activement à sa mise en œuvre. La France y participera en qualité d’observateur.”

Le mandat court actuellement, avec un bilan au prochain sommet. C’est concret. C’est daté. Il n’y a personne pour défendre nos intérêts. Les Comoriens, Malgaches, Mauriciens et Seychellois discuteront pied à pied avec les représentants Européens pour tenter de sauver les intérêts stratégiques, économiques et sociaux de leur peuple. Sur chaque produit à commercialiser, il y a des débats. Les Réunionnais paieront les conséquences car nous nous avons été effacés du radar et la France qui a pris notre place n’a même pas voix au chapitre car, elle n’a qu’un statut “d’observateur”. C’est triste la mentalité néo-coloniale.

Pendant ce temps, l’ambassadeur refait le monde. La sécurité maritime relève de la coopération bilatérale, de la compétence régalienne de la France.

Le climat et le Développement Durable : le sénateur Paul Vergès a déposé au Sénat une proposition d’initiative dans le cadre de la COP21, en 2014. La COI s’est félicité de ce projet global pour nos îles. La Présidence Française peut toujours reprendre le projet. Sinon qu’allons-nous apprendre de plus après les sommets sur le développement durable de la COI et la rencontre de l’IUCN qui se sont déjà tenus à La Reunion ? Par contre, nous serions curieux de voir comment l’ambassadeur de France va décliner le cadre fixé par les Accords de Paris qui sera officiellement ratifié à New York le même jour. Faut-il souligner le bilan de Paul Vergès comme Sénateur et Président de l’Onerc ?

Nous espérons qu’aucun Réunionnais ne va s’abaisser à donner vie à cette politique qui tourne le dos aux intérêts de La Réunion.

Pour le Parti Communiste Réunionnais,
Ary Yée-Chong-Tchi-Kan, 
Co-Secrétaire Général.

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