Le 4ème Carrefour des Jumelages de la ville de La Possession - la pionnière des collectivités locales réunionnaises, en ce domaine, depuis 26 ans - a inscrit à son programme le 1er Forum de la coopération décentralisée dans l’océan Indien.
À ce Forum ont pris part hier, au Port, des délégations de la ville d’Antanafotsy (Madagascar), Barakani (Anjouan, République des Comores) et Port-Louis (Maurice), entre autres nombreux invités : la consul honoraire de la République malgache, une représentante des Cités Unies - membre français de la fédération mondiale du même nom - le délégué régional des Volontaires du Progrès, le vice-président chargé de la coopération régionale à la Région et ancien secrétaire général de la COI, le directeur général et un membre élu du TCO, ainsi que des représentants des communes du Port et de La Possession - dont le comité de jumelage de cette collectivité - tous réunis autour de la présidence du maire de La Possession.
Dans un premier temps, après un tour de table de présentation des délégations, les travaux ont porté sur le cadre juridique de la coopération décentralisée, définissant les compétences des collectivités locales pour des actions de coopération : loi du 6 février 1992, que propose de modifier un projet de loi déposé le 27 octobre dernier ; loi d’orientation pour l’Outre-mer de décembre 2000 ; loi du 9 février 2005. La notion “d’intérêt local en coopération décentralisée” a fait l’objet de développements particuliers, sur la base d’un rapport que le Conseil d’État a consacré à l’action extérieure des collectivités locales.
La représentante des Cités Unies a fait un bref rappel historique sur l’apparition et l’essor des jumelages et de la coopération, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, mettant en relief l’évolution des objectifs selon les différentes phases. Elle a aussi évoqué les “outils techniques” dont disposent les collectivités locales et les EPCI (Établissements publics de coopération intercommunale) pour la gestion des actions de coopération décentralisée, renvoyant à l’après-midi l’examen de la question du financement des actions de coopération décentralisées - financement que se partagent l’État, les Régions, l’Europe et les collectivités locales.

Avec les Volontaires du Progrès

Sur les motivations de chacune des délégations réunies, un 2ème tour de table a fait ressortir les différents aspects - politiques, économiques, culturels - sous lesquels les échanges entre nos îles prennent tout leur importance.
Pour Salim Abbas-Mamode, ancien maire de Port-Louis et actuel conseiller municipal, il est fondamental de s’appuyer sur notre histoire commune pour faire face, ensemble, à nos problèmes communs d’aujourd’hui - il a évoqué le chikungunya et les difficultés économiques, la pauvreté. "Dans un monde global qui devient de plus en plus violent, il n’y a pas d’autre moyen pour faire jaillir l’amitié entre les peuples", a-t-il ajouté. Port-Louis occupe une position particulière puisque la capitale mauricienne est jumelée avec la ville de La Possession depuis 1980 et s’est inscrite plus récemment avec elle dans un jumelage triangulaire avec Foshan (province du Guandong, Chine du Sud).
Antanifotsy est la ville malgache jumelée avec La Possession. Elle est représentée dans ce Carrefour par son maire, Gérard Florent Razafindrabe et plusieurs adjoints. La coopération avec Madagascar se fait aussi avec le concours des Volontaires du Progrès, notamment pour un programme de distribution de l’eau, à Antanafotsy, où la ville de La Possession a contribué à l’informatisation de la bibliothèque et à la création d’un radio locale, ainsi qu’à la première tenue d’une Foire internationale entre les îles de l’océan Indien. Les Malgaches sont venus avec le projet d’exporter vers La Réunion certains de leurs produits.
Les Anjouanais ont été poussés vers les actions de coopération avec La Réunion par leur volonté d’affirmer l’autonomie de leur île - reconnue institutionnellement depuis la crise de 1997 - par rapport au pouvoir central de Moroni. Les représentants anjouanais - et notamment le président du comité de jumelage de Barakani, Ridhoine Ahmed - ont exprimé le souhait "d’atteindre une échelle supérieure dans la coopération, sur la base de l’expérience acquise avec La Possession". Les contacts entre La Possession et Barakani, effectifs depuis 2002, ont été concrétisés dans un jumelage en novembre 2004.
Il est manifeste que l’intérêt de ces échanges entre nos peuples pour, au-delà d’une compréhension mutuelle, promouvoir une démocratie de proximité et des compétences locales accrues, n’est pas encore perçu par un nombre significatif de collectivités locales de l’île. À part les élus de La Possession, ceux des autres communes du TCO semblaient avoir perdu le chemin du “Crayon”, hier.
Le Carrefour des Jumelages sera encore aujourd’hui et demain dans l’espace Festival de la Ravine à Marquet, pour des échanges plus festifs, culturels et touristiques entre les Réunionnais et les délégations des pays voisins.

P. David