La Commission de l’océan Indien (1984-2004) : 20 ans au service de la coopération régionale - 3 -

Les actions de la COI pour le développement économique

14 janvier 2005

La prochaine session du Conseil de la Commission de l’océan Indien (voir communiqué ci-contre) est l’occasion de revenir sur l’Histoire de cette organisation, avec le géographe Wilfrid Bertile. En matière de coopération fonctionnelle, la COI a œuvré dans beaucoup de domaines, qu’il regroupe en trois ensembles : le développement économique, évoqué ci-après, l’environnement et le développement humain, que nous détaillerons dans nos prochaines éditions.

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La Commission de l’océan Indien (COI) a mis en œuvre plus de 20 projets régionaux, ce qu’on appelle la coopération fonctionnelle. Depuis la fin des années 1990, elle s’affirme sur la scène internationale, en particulier pour la défense des spécificités des économies et des écosystèmes insulaires.
Les objectifs de la COI n’ont jamais été clairement définis et ils ont évolué avec le temps. Les intentions des pères fondateurs en 1982 étaient essentiellement politiques. Il s’agissait de "resserrer les liens d’amitié" et d’"établir les fondements et le cadre d’une coopération rénovée, fructueuse et durable". En conséquence, l’Accord de Victoria avait défini un large champ de coopération, couvrant les domaines les plus variés : diplomatie, économie et social, agriculture, pêche maritime, conservation des ressources et des écosystèmes, culture, sciences, techniques, éducation et justice.

Des actions régionales et internationales

Jusqu’en 1989, la COI se cherche et peu d’actions sont entreprises. À partir de cette date, l’accent est mis d’abord sur la coopération économique, avant que ne soient privilégiés dans la deuxième partie des années 1990, l’environnement et le développement durable, tandis que la COI s’affirmait sur la scène internationale.
Le “Livre Blanc” de 1998 sur les orientations stratégiques de la COI pour les dix années à venir, validé par le Sommet de 1999, reprend et précise des orientations dont la mise en œuvre était déjà amorcée. Ces grands axes sont au nombre de cinq : le renforcement du dialogue politique et stratégique ; la préparation de la région et de ses acteurs économiques pour faire face aux défis de la mondialisation ; l’affirmation et la valorisation de l’identité indiaocéanique ; la représentation des intérêts spécifiques des îles de l’océan Indien auprès des instances régionales et internationales ; la promotion et la facilitation de la coopération fonctionnelle à travers la participation des populations et des acteurs économiques et sociaux aux actions de coopération régionale.

Une coopération fonctionnelle diversifiée

À l’instar de la plupart des organisations régionales, la COI a d’abord œuvré dans le domaine économique. C’est ainsi que le plan d’action à moyen terme établi en 1989 s’articule autour de deux priorités, les échanges commerciaux et la coopération industrielle, qui émanent du souci partagé de développer les échanges inter îles encore faibles (1,8 % du commerce extérieur des cinq pays de la région entre 1979 et 1982) et d’aider aux efforts de développement économique conduits par les États-membres.
Les échanges commerciaux ont été une des premières préoccupations de la Commission. Dès 1984 a été fait l’inventaire des produits susceptibles d’être échangés entre les îles. La création d’une Fédération des Chambres de commerce et d’industrie de l’océan Indien devait rapprocher les opérateurs ; la publication d’un guide import-export fournit des informations sur les procédures, les réglementations et les opérateurs économiques par secteurs ; les statistiques du commerce extérieur sont harmonisées et informatisées ; des études sont menées, notamment sur les transports maritimes régionaux ; des foires sont organisées, à La Réunion en 1989, à Maurice en 1991....
L’intégration économique régionale connaît une étape importante en 1992 quand est lancée l’idée d’un Programme régional intégré de développement des échanges (PRIDE). Celui-ci s’est déroulé de 1996 à 2002 et a permis notamment des aides directes à plus de 2.000 entreprises et, surtout, un désarmement tarifaire de 100% sur les échanges entre Maurice et Madagascar depuis le 1er janvier 2000. Les Comores et les Seychelles ont donné un accord de principe pour faire de même, mais n’ont pu concrétiser cette volonté pour des raisons budgétaires. Toutefois, étant donné que plus de 80% des échanges des quatre pays ACP de la COI se font entre Madagascar et Maurice, on peut estimer que la libéralisation des échanges intra COI (mais hors Réunion) est quasiment effective.
Le Sommet de 1999 a demandé que La Réunion soit associée à une zone de libre échange régionale. Une telle zone a été créée en 2000 par le COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), auquel appartiennent les quatre pays ACP de la COI. La négociation d’un accord de partenariat économique entre la région Afrique orientale et australe (17 pays) et l’Union européenne, qui remplacera à partir de 2008 les dispositions des Conventions de Lomé, est l’occasion de concrétiser cette volonté des chefs d’État ou de gouvernement.

Surveillance satellitaire

Les actions de développement économique ont connu des fortunes diverses. La coopération industrielle s’est traduite par la création du Comité régional de coopération industrielle (CRCI) et la rédaction d’un guide de l’investissement des pays de la COI, mais les projets régionaux pourtant retenus par le Sommet de Tananarive de 1991 (cimenterie et raffinerie de pétrole régionales...) n’ont pas abouti.
De même, certains programmes n’ont pas eu les résultats escomptés, en particulier dans le domaine de l’artisanat et du tourisme. Il s’agissait dans le premier cas de connaître le secteur, d’aider à la fabrication, à la formation et à la promotion, et dans le second cas de promouvoir la destination “océan Indien” et de former aux métiers de tourisme.
Cependant, des résultats ont été probants dans le domaine de la pêche. Deux projets thoniers régionaux se déroulent entre 1987 et 1996, augmentant les capacités de pêche de chacun des pays et améliorant la connaissance de la ressource thonière. En raison de l’importance de ce secteur dans l’économie des pays de la région, il importe de mettre l’accent sur la gestion durable de la ressource halieutique. En conséquence, sont lancés en 2004, un “Projet pilote de Surveillance, contrôle et suivi des pélagiques migrateurs”, reposant notamment sur la surveillance satellitaire des navires de pêche et un projet “Marquage des thons de l’océan Indien”.


Communiqué conjoint de la Préfecture, de la Région et du Département

21ème session du Conseil de la COI

"La 21ème session du Conseil de la Commission de l’océan Indien (COI) se déroulera les 16 et 17 janvier 2005 à Saint-Denis.
La COI est une organisation originale qui regroupe 4 États ACP (Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles) et une région ultrapériphérique (La Réunion).
Créée en 1984 par l’accord général de Victoria, la COI regroupait initialement Madagascar, Maurice et les Seychelles. L’actuelle Union des Comores et la France, agissant pour le compte de La Réunion, y ont adhéré en 1986. Le siège de la COI est situé à Quatre-Bornes (Maurice).
Le Conseil est la principale instance de décision de la COI. Il est réuni en session ordinaire une fois par an dans le pays qui assure la présidence de l’organisation.
Le Conseil général accueillera, le 16 janvier, la 1ère partie des travaux du Conseil de la COI. Elle sera placée sous la présidence de M. Xavier Darcos, ministre délégué à la Coopération, au Développement et à la Francophonie, qui repartira le soir même pour Paris où des obligations l’attendent.
Le Conseil régional accueillera, le 17 janvier, la 2ème partie des travaux du Conseil de la COI qui, en l’absence du ministre délégué, sera présidée par M. Paul Vergès, président du Conseil régional.
(...)
L’ordre du jour de cette 21ème session du Conseil de la COI comporte les principaux points suivants :

- l’examen des nouvelles orientations stratégiques de la COI ;

- la préparation du 3ème sommet des chefs d’État et de gouvernement de la COI qui se déroulera à Madagascar au mois de mars prochain ;

- l’examen de nouveaux projets développés par la COI et les dossiers appelant des décisions politiques ;

- l’adoption du budget 2005 de l’organisation ;

- un échange avec des représentants des partenaires de la COI (Union européenne, principal bailleur de fonds de l’organisation et COMESA, organisation régionale de l’Afrique australe et orientale).

À cette occasion, M. Xavier Darcos signera avec la secrétaire générale de la COI la convention de financement du projet de fonds de solidarité prioritaire par lequel la coopération française soutient l’initiative régionale de lutte contre le VIH/SIDA".


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