Coopération décentralisée

Les villes et ports de l’océan Indien structurent leurs échanges

9 novembre 2005

Si le maire de Durban en personne, Omed Mlaba, est venu inaugurer la Foire internationale des Mascareignes 2005 - ainsi qu’un adjoint au Lord Mayor de Port-Louis et des élus de Tamatave - c’est aussi pour structurer les échanges et la coopération entre les villes et ports de l’océan Indien.
En consolidant l’intégration de la cité maritime dans sa zone et dans un réseau mondial, le maire du Port, Jean-Yves Langenier, entend donner à la politique de la ville une ouverture à la hauteur des ambitions tracées chez nous par la collectivité régionale.

Une forte délégation de la ville de Durban est venue au Port pour la signature des conventions finalisées la semaine dernière (voir “Témoignages” du 5-6 novembre) et participer à l’édition 2005 de la Foire internationale des Mascareignes, dont elle est l’invitée de marque. Cette nouvelle étape dans les échanges entre 2 villes portuaires d’échelle très disparate est le fruit de relations suivies, depuis maintenant 3 ans, au sein d’une organisation internationale des ports, l’AITV, qui existe depuis 1988. La ville du Port a été admise au Conseil d’administration de cette Association internationale depuis la présidence basque de la ville de Bilbao (juin 2005).
En novembre 2003, le port de La Réunion accueillait la première rencontre de l’Association des Villes et Ports de l’océan Indien (AIVP) : plus de 25 pays représentés, dont 5 de l’océan Indien et 20 du Sud, ont posé alors les bases d’action de coopération future. En 2003, des contacts étroits ont été tissés avec la Ville de Port-Louis, notamment pour la solidarité avec les Chagossiens et pour une action commune de santé (diabète et obésité) qui pourrait être placée sous le parrainage de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), puisqu’il s’agit d’une action de coopération décentralisée portée par 2 villes de pays différents.

4 villes fondatrices

D’après plusieurs signaux reçus de l’île sœur, les changements politiques survenus depuis au niveau municipal et gouvernemental, ne devraient pas remettre en cause les actions engagées par les équipes précédentes.
Certes, les contraintes administratives, juridiques ou réglementaires ralentissent le rythme des actions entreprises mais elles n’ont jamais entravé le dialogue, et cette année encore, 4 villes portuaires de l’océan Indien se sont réunies. Elles ont acté d’une part une Charte pour la coopération décentralisée entre villes portuaires de l’océan Indien et d’autre part la création d’un Observatoire, c’est-à-dire une structure permanente visant à organiser les moyens nécessaires à cette coopération. Les villes signataires de la Charte de coopération sont considérées comme villes fondatrices de l’Observatoire et les membres déjà signataires vont rechercher l’adhésion de ports qui n’ont pu être représentés cette année, comme le port mozambicain de Maputo, entre autres.
Les actions de coopération vont entrer désormais dans une phase de définition plus précise, suivant les axes retenus par la Charte.
Le maire du Port porte un intérêt tout particulier à l’expérience que sa ville pourrait apporter à Ethekwini-Durban dans l’aménagement et le logement social - domaine dans lesquels la ville ouvrière de La Réunion a acquis au fil des 30 dernières années une expertise inégalée.
"On est arrivé aujourd’hui à un concept d’amélioration de l’habitat qui est très abouti, en matière de concertation avec la population", résume Jean-Yves Langenier, en signalant 4 opérations de RHI (Réhabilitation de l’habitat insalubre) en cours.
L’apparition de l’intercommunalité et la création de la SEMADER ont certes décuplé les résultats dans ce domaine. Mais la rénovation prévue - et hautement symbolique - de la ZAC 1, vient aussi rappeler que ce quartier fut, dès les années 70, un symbole de l’audace partenariale de la ville du Port, placé sur tous les parcours de visites ministérielles de l’époque !
Dans l’idée que s’en fait, notamment, le maire du Port, ce type d’expertise doit nourrir les programmes de coopération décentralisée avec, pour principale retombée, une meilleure intégration de La Réunion dans son ensemble régional et géopolitique et, au-delà, dans les réseaux mondiaux.

P. David


Observatoire régional des Villes et Ports de l’océan Indien

Des interfaces entre le local et le global

L’Observatoire créé par convention est la première réalisation de la Charte de la coopération décentralisée. La durée de l’expérience est de 10 ans, évaluée tous les 2 ans par un “comité technique”.
L’objectif de cette structure permanente est de permettre aux ports de l’océan Indien, en lien avec l’AIVP, de mettre en commun une information stratégique pour favoriser leur coopération et étendre leur rayonnement.
L’AIVP lui apporte un centre de ressources documentaires reconnu internationalement, et en retour, la structure va dynamiser et développer le réseau AIVP dans la zone.
Les priorités restent à définir, ce qui selon le maire du Port sera l’activité principale de l’Observatoire dans les 6 prochains mois. À terme, il faudra sans doute que la structure se dote d’une administration, même légère, même itinérante : une équipe tournante de très haut niveau, dont la tâche serait de dresser un “état des lieux” des différents ports. De taille et de niveau de développement très différents, les membres de l’Observatoire ont intérêt à mieux se connaître, pour voir comment conduire des actions conjointes, en se servant de leur complémentarité.

P. D.


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