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L’insurrection malgache de 1947 – 1948 : la lourde responsabilité du gouvernement français -4-
7 avril 2017, par
Après avoir évoqué la cruelle répression par l’armée française de la révolte déclenchée le 29 mars 1947 à Moramanga, la dernière partie de l’article d’Eugène Rousse intitulé « L’insurrection malgache de 1947 – 1948 : la lourde responsabilité du gouvernement français », donne un coup de projecteur sur le rôle décisif de Marius Moutet, ministre des Colonies de l’époque, dans cette tragédie qui fit officiellement 89.000 morts sur une population de 4 millions d’habitants. Lors du débat sur la fin du régime colonial en Guadeloupe, Guyane, Martinique et à La Réunion, ce ministre socialiste avait été un farouche opposant à la loi d’égalité promulguée le 19 mars 1946. L’année suivante à Madagascar, il a couvert toutes les exactions pratiquées par les forces de répression, encourageant par ces actes la torture subie par les patriotes malgaches, ainsi que le scandaleux procès de Tananarive en 1948 qui a débouché sur la condamnation à mort de plusieurs parlementaires de Madagascar, arrêtés en dépit de l’immunité dont ils bénéficiaient au titre de la loi. Les inter-titres sont de Témoignages.
Pendant de longs mois, les responsables de l’administration coloniale française se sont obstinés dans leur tentative de rejeter sur le MDRM la responsabilité de l’insurrection de 1947 et 1948. Mais la vérité finira par s’imposer : les coupables sont à rechercher au sein de l’administration coloniale de la Grande Île et au sein du gouvernement français qui s’est constamment solidarisé avec son ministre de la France d’Outre-Mer, Marius Moutet, auquel il nous faut consacrer une place dans le présent dossier.
On peut raisonnablement penser que le socialiste Marius Moutet, grande figure de la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO), connaît bien les dossiers de l’Outre-Mer français pour avoir été ministre des colonies de juin 1936 à 1938 dans le cabinet Léon Blum. La Seconde Guerre mondiale terminée, il a conservé ce portefeuille de l’Outre-Mer français dans les cabinets Félix Gouin, Georges Bidault et Paul Ramadier jusqu’à la démission de ce dernier en novembre 1947.
On est fondé à penser que Marius Moutet n’était pas favorable aux évolutions qui devaient marquer l’Outre-Mer français après la guerre de 1939-45. Limitons-nous à trois faits qui se sont produits en 1946 et 1947.
1) Le 2 septembre 1945, a lieu la proclamation de l’indépendance de la République du Viet-Nam. Indépendance reconnue par le gouvernement français le 6 mars 1946. Cela n’empêche pas le bombardement de Haïphong les 20 et 23 novembre 1946 par trois navires de guerre français. Un bombardement qui fait 20.000 victimes et qui marque le début de la guerre d’Indochine, précédée normalement d’une courte période de négociation. Mais le 4 janvier 1947, Marius Moutet déclare : « Avant toute négociation, il est aujourd’hui nécessaire d’avoir une décision militaire ». La France se trouve alors engagée dans un ruineux confit, qui ne s’achèvera que le 8 mai 1954.
2) Le 14 mars 1946, se déroule à l’Assemblée Nationale le débat relatif à la transformation des « quatre vieilles colonies » en départements français. À la surprise générale, Marius Moutet déclare : « Pour les vieilles colonies il ne peut y avoir de législations différentes de celles de l’Algérie ». Il exprime ainsi sa volonté de ne pas traiter les Guyanais, les Guadeloupéens, les Martiniquais et les Réunionnais à égalité avec les citoyens français et de s’opposer au combat de ces derniers pour la décolonisation de leur pays.
3) À Madagascar, Marius Moutet nomme en mai 1946 au poste de Haut-Commissaire Marcel de Coppet, un haut fonctionnaire auquel il a une totale confiance et qui, comme lui, a adhéré à la SFIO en 1920. Partisan farouche du maintien dans la Grande Île du régime colonial, il n’hésite pas à faire du Haut-Commissaire l’exécuteur sur place de toutes ses volontés. Le 9 octobre 1946, rappelons-le, il adresse à De Coppet le télégramme suivant : « Il faut abattre le MDRM par tous les moyens ». Il n’ignore sans doute pas qu’il demande ainsi au représentant de la France à Tananarive de violer la Constitution d’octobre 1946, dont le préambule est clair : « La République n’emploiera jamais ses forces contre la liberté d’aucun peuple ». C’est, au demeurant, des forces armées supplémentaires pour Madagascar qu’il réclame au Président du Conseil, Paul Ramadier.
Début avril 1947, Marius Moutet demande à De Coppet de faire procéder à l’arrestation des 5 parlementaires malgaches présents dans l’île. Là encore, il ne peut ignorer qu’il viole la Constitution française, qui prévoit expressément que toute arrestation de parlementaire ne peut avoir lieu avant la levée de leur immunité. Ce qui lui a valu d’ailleurs « une plainte en forfaiture retenue par le Parquet » mais probablement enfouie ensuite dans les tiroirs du ministère de la Justice…
En vue sans doute d’amener Marius Moutet à abandonner ses fantasmes en matière de politique coloniale, Marcel de Coppet lui adresse en juillet 1947 le rapport suivant, dont voici de courts extraits :
« La première constatation que la révolte malgache aura permis de faire, c’est que le sentiment patriotique des Malgaches est profondément ancré, non seulement dans l’âme des élites de ce pays, mais aussi dans les couches sociales les plus humbles. (…) Ce sentiment patriotique a pris racine dans le sol même de la terre des ancêtres. (…) On peut affirmer, sans risque d’erreur, que toute la population autochtone de Madagascar aspire à l’indépendance totale de la patrie malgache. (…) On peut également avancer qu’il n’est pas de force matérielle, de domination oppressive (…) qui puissent jamais contraindre les Malgaches à renoncer à leur idéal car, à leurs aspirations patriotiques, ils ont fait par avance le sacrifice de leur vie. On ne vient pas au bout d’un sentiment national populaire par la violence. L’indépendance de Madagascar sera, quoi qu’il arrive ».
En dépit de ce courageux rapport, Marius Moutet s’obstinera à violer les institutions de la République. Ainsi, le 16 juillet 1947, il télégraphie au Haut-Commissaire : « Poussez les magistrats à faire leur devoir et ceux qui ne le font pas, signalez-les moi. Je suis prêt à les envoyer devant le Conseil Supérieur de la Magistrature ».
Une semaine plus tard, le 24 juillet 1947, Marius Moutet fait devant le Conseil de la République cette déclaration stupéfiante : à Madagascar, « il faut occuper le terrain par la vieille méthode de Galliéni, qui a fait ses preuves… ». Marius Moutet exprime ainsi sa volonté de massacrer tous les opposants à sa politique coloniale, en violation de l’engagement pris par la France à San-Francisco le 26 juin 1945 de « tenir compte dans ses colonies des aspirations politiques des populations ».
Un mois après l’envoi de ce télégramme, du 14 au 17 août 1947 se tient à Lyon le Congrès socialiste, dont voici un extrait de la résolution finale : « Le Congrès condamne plus que jamais le vieux système colonial… qui n’avait pour but que l’exploitation des terres et des peuples ».
La résolution du Congrès socialiste allait-elle conduire Marius Moutet à renoncer à sa politique coloniale et à son désir d’éliminer définitivement le MDRM de la scène politique ? La réponse est non !
Non, parce qu’informé par son ami Gaston Deferre (en mission à Madagascar en juin 1947) des « méthodes scandaleuses » utilisées par le Chef de la Sûreté Baron pour bâtir le dossier qui devait justifier l’arrestation, puis le jugement des responsables du MDRM par la Cour criminelle de Tananarive, il n’eut pas un seul mot pour condamner le tortionnaire Baron, qui put en conséquence continuer à torturer et à faire torturer tous les Malgaches convoqués comme témoins ou inculpés au siège de la Sureté à Tananarive.
Pire, lorsque fin juin Baron, inquiet après le passage de Gaston Deferre à la Sûreté, proposa sa démission, le ministre intervint pour qu’il reste à son poste sous le prétexte que le départ de Baron aurait provoqué une explosion de colère chez les Européens ; explosion de colère pouvant tourner à l’émeute à Tananarive. Baron put donc ficeler le plus important dossier présenté par l’accusation lors du « honteux procès » des parlementaires malgaches, considéré à juste titre comme une « affaire Dreyfus à l’échelle d’un peuple ».
Il faut savoir que Baron a été muté à Paris au ministère de l’Intérieur fin 1947, après la démission du cabinet Ramadier. Il n’y est toutefois pas resté, rappelé à Madagascar par des « amis » qui tenaient à lui exprimer leur gratitude en lui offrant un poste important à la tête d’une grande compagnie coloniale. Une telle récompense se passe évidemment de commentaires.
Avant de refermer ce dossier relatif à l’insurrection malgache de 1947-48, je crois devoir dire que mon seul souci en évoquant ce douloureux événement de l’immédiat après-guerre a été d’apporter ma contribution à l’appropriation de leur histoire par les Réunionnais. Car l’histoire de Madagascar est aussi l’histoire de notre pays. Les échanges entre ces deux îles si proches géographiquement ont été tellement fréquents et importants au cours des derniers siècles, qu’aujourd’hui, la culture créole réunionnaise est fortement imprégnée de culture malgache. Ce constat doit nous inciter à être très attentifs au renforcement de la coopération solidaire entre nos deux pays. Notre avenir comme celui de Madagascar en dépend.
Eugène Rousse
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