Wu Jianmin, ancien ambassadeur de Chine en France

« Mettre en place son propre modèle de développement »

6 avril 2011, par Céline Tabou

Au cours de sa conférence sur la place de ’la Chine dans l’Océan Indien, aujourd’hui et demain’, Wu Jianmin a durant une heure mis en avant les principaux points du bouleversement de l’ordre mondial et de la position de la Chine dans un contexte international en mouvement, notamment dans l’Océan Indien et à La Réunion.

Venue organisée par la Fédération des Associations chinoises de La Réunion, son président Jerry Ayan a tenu à remercier le consul général de la République populaire de Chine, Zhang Guobin pour « avoir permis la venue pour la seconde fois de M. Wu à La Réunion ».

La mutation du monde d’aujourd’hui

« Pour comprendre la Chine d’aujourd’hui et de demain, il est à prendre en compte le contexte international du monde actuel, qui est en profonde mutation » a débuté Wu Jianmin. Le diplomate a expliqué que « le centre de gravité des relations internationales s’était déplacé de l’Atlantique au Pacifique, ce qui constitue selon les experts le plus grand changement depuis 4 siècles ».

En effet, le bouleversement de l’ordre mondial est passé des États-Unis et de l’Europe vers l’Asie et les zones limitrophes. Wu Jianmin explique la montée en puissance de l’Asie par le passage de cinq vagues : la montée en puissance du Japon après la 2nd guerre mondiale ; l’apparition des Quatre Tigres (Taïwan, Hong Kong, Singapour et la Corée du Sud) ; l’adoption du modèle de développement similaire entre les pays de l’ASEAN ; l’ouverture de la Chine en 1978 par Deng Xiaoping, et le lancement des réformes économiques en Inde dans les années 1990. « Réformer ou mourir » a déduit Wu Jianmin.

Ce dernier a indiqué que ces cinq vagues successives ont amené l’Asie sur la voie de l’émergence, mais « c’est un long chemin pas encore terminé. De plus, il s’agit d’un phénomène colossal qui a changé la face du monde ». Face à ce monde qui change, Wu Jianmin a expliqué qu’aujourd’hui « deux courants entrent en compétition à l’échelle mondiale. La paix, la coopération et le développement contre la guerre froide, le conflit et l’affrontement.

Chacun de ces deux courants est soutenu par deux concepts majeurs dans les relations internationales. Le premier est soutenu par l’interdépendance et les défis tels que le changement climatique, le terrorisme, les armes de destructions massives ; et le second par la mentalité de l’Homme qui est en retard par rapport à la réalité et les différents groupes d’intérêts qui régissent le monde pour leurs profits ».

La montée en puissance de la Chine préparée depuis un siècle

Wu Jianmin propose trois révolutions pour éviter que ces deux courants ne décident du destin de l’Humanité. La révolution énergétique devra être réalisée pour éviter d’accentuer la pollution dans l’air et ainsi éviter les conséquences du changement climatique. Cette révolution énergétique entrainera une nouvelle révolution industrielle, car un nouveau mode de développement et une nouvelle industrie devront s’adapter aux changements énergétiques. De même, ces deux révolutions vont entrainer un bouleversement du mode de vie, car les habitudes issues de l’ancien modèle différeront.

Donc, « le changement de la Chine n’est plus un mythe », car le gouvernement a depuis quelques années décidé de modifier son modèle de développement, notamment avec les énergies vertes et son intention de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Car comme l’a résumé Wu Jianmin « tout ce qui n’est pas durable est amené à disparaitre ».

Dans un tel contexte, la Chine était amenée à évoluer, passant d’un modèle féodal centré sur le repli sur soi à une ouverture vers l’extérieur et la mise en place d’une économie de marché. La stratégie chinoise est alors fondée sur l’ouverture et la réforme, la montée en puissance pacifique et la coopération internationale basée sur des bénéfices mutuels. Wu Jianmin conclut en indiquant que la modernisation de la Chine passe par la coopération mutuelle, le « gagnant-gagnant ».

Céline Tabou


Les pays sont amenés à développer leur propre modèle de développement

Le diplomate Wu Jianmin a tenu à expliquer que l’interdépendance des pays n’était pas une bonne solution, mais qu’il fallait au contraire développer un co-développement basé sur un contrat « gagnant-gagnant », ou chacun trouvera son modèle de développement selon ses spécificités. Car selon lui, « aucun pays ne peut se développer dans l’isolement ». L’ancien ambassadeur de Chine à Paris a également indiqué que « La Chine ne cherche pas d’intérêts unilatéraux et n’a pas d’intention hégémonique ».

A la Une de l’actuNassimah Dindar

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus