
Une nouvelle prison au Port : une hérésie !
3 juillet, parUne information récente communiquée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin concerne la création de nouvelles prisons sur l’ensemble du (…)
La Nouvelle-Calédonie vient ’chercher du conseil’ à La Réunion
14 juin 2006
Après la Guadeloupe, il y a quelques semaines, l’Agence de Développement de La Réunion organisait hier une conférence-débat sur les opportunités de partenariats économiques et d’échanges de savoir avec la Nouvelle-Calédonie. Territoire d’outre-mer en pleine croissance, la Nouvelle-Calédonie fait appel à l’expertise réunionnaise pour s’engager dans un projet de développement global, profitable à chacune de ses 3 Provinces, comme au partenariat Sud-Sud.
Alain Descombels, élu de la province Sud de la Nouvelle-Calédonie, président de la Commission du développement économique et de l’emploi, est venu en repérage à La Réunion pour "chercher du conseil, éventuellement passer des accords avec les collectivités, avec, dans notre sillon, les chefs d’entreprise".
Consensus politique
Depuis les Accords de Matignon puis de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie est constituée de 3 Provinces : le Nord, les Iles et le Sud, qui compte 80% de l’activité économique du territoire centralisé autour de la capitale, Nouméa. Si l’État gère le fonctionnement administratif, en revanche, les Provinces élaborent les textes fiscaux, la réglementation de l’urbanisme commercial, leur projet de développement économique.
Les indépendantistes kanaks de la Province Nord et des Iles qui constituent 45% de la population, et les loyalistes du Sud sont parvenus à établir un consensus politique, certes encore fragile, dont dépend le développement équilibré de chaque Province. Alain Descombels affirme que les Calédoniens ont aujourd’hui envie de se projeter dans l’avenir, de se fédérer autour d’un projet commun. "Les armes sont aux greniers". Les élections provinciales diront si la Calédonie restera dans la France d’ici 2014. Mais malgré "une situation politique tendue", Alain Descombels se convainc que ce sera le cas, à condition de pouvoir d’ici là "trouver des solutions pour ceux qui ne se sentent pas intégrés".
"Assurer un peu de paix sociale"
Avec une croissance annuelle de près de 5%, un taux de chômage en dessous des 8% (5% pour le Sud), l’économie calédonienne se porte bien. Son activité minière poursuit son expansion. Le Canada prévoit 2 projets d’implantation d’un coût total de plus de 4 milliards d’euros, fédérateurs d’emplois sur site, mais aussi d’emplois induis. Mais ce potentiel de croissance doit s’élargir à l’ensemble des Provinces, aidée par une volonté politique de la main tendue. À la recherche de travail, les populations du Nord et des Iles migrent vers la capitale. Il faut alors construire 12.000 logements sociaux à une cadence de 1.000 par an pour "assurer un peu de paix sociale, commente Alain Descombels. On ne peut pas laisser 20.000 personnes aux portes de Nouméa". L’enjeu actuel pour la Nouvelle-Calédonie est donc de créer de l’activité pour sédentariser la population et c’est là que peut intervenir La Réunion.
"On ne sait pas faire venir les touristes"
Au-delà de l’exploitation des ressources minières (14% du PIB), des opportunités d’implantation dans le secteur du BTP, la Province du Sud élabore un plan de développement touristique budgétisé à 1 milliard d’euros sur 7 ans pour l’implantation d’hôtels de haut standing. Avec 100.000 touristes par an depuis 25 ans, Alain Descombels constate qu’"on a beau avoir le plus grand lagon, classé au patrimoine mondial, on ne sait pas faire venir les touristes". Appât non négligeable, les investisseurs peuvent bénéficier de la double défiscalisation en cumulant le dispositif Girardin et les mesures fiscales locales prises sur fonds propres. D’ici 2014, il y aura 2.000 emplois à créer par an dans ce secteur. Mais la Nouvelle-Calédonie a aussi besoin de développer son agriculture, son aquaculture, sa pêche... toute une série de secteurs qui seraient éligibles à la défiscalisation. Déjà, le Sud a passé un accord avec la Sémir Réunion qui formera les cadres pour une prochaine pépinière prévue à l’horizon 2007. "On a besoin de vous, des conseils des collectivités réunionnaises, besoin de partenariat, de personnels pour animer un lycée hôtelier... c’est vital pour le maintien du statut français, pour que les Calédoniens se sentent bien chez eux et puissent y vivre avec un projet. Vous avez su réussir votre développement, nous pas. Aujourd’hui, on a besoin de faire venir des étrangers, notre population jeune en a besoin. Et pas seulement d’investissements, mais d’apport physique et de matière grise".
La Nouvelle-Calédonie veut développer les échanges Sud-Sud. Le gouvernement français aimerait profiter de tensions politiques internes pour mettre la main sur les richesses naturelles du pays et gérer ses ressources minières. Mais les Calédoniens veulent exploiter eux-mêmes leur terre, développer leur pays en partenariat avec leurs voisins proches et ceux plus éloignés géographiquement mais proches historiquement, comme La Réunion.
Stéphanie Longeras
Témoignage
Nouvelle-Calédonie : La Réunion des années 70
"Nous sommes tous cousins"
Thierry Reydellet, consultant en entreprises, petit-fils de Jules Reydellet, enfant de La Réunion, est installé en Nouvelle-Calédonie depuis 7 ans. Il connaît bien le milieu kanak qui, en tant que "cousin", l’a accueilli bras ouverts. Il s’est attaché à cette terre qui a des besoins auxquels La Réunion peut répondre.
Qu’est-ce qui vous a conduit en Nouvelle-Calédonie ?
- C’est une opportunité professionnelle. Je travaillais pour une ONG de micro-crédits qui, après un passage à Mayotte, m’a proposé la Nouvelle-Calédonie. J’ai accepté et suis parti avec ma femme et mes 2 filles.
Vous êtes-vous intégré facilement ?
- En fait, c’est mon travail qui m’a permis de m’intégrer au milieu kanak. Des personnes très agréables. Le but de l’ONG étant d’aider le développement local en soutenant les personnes qui, sans projet, ni formation, n’ont pas accès aux crédits bancaires, j’ai pu sillonner le pays à la rencontre des populations rurales. Quand j’ai débarqué de La Réunion, j’avais l’impression d’être à la maison, de retrouver La Réunion des années 70, sans encombrement, sans insécurité, avec du partage. Depuis 2 ans, je m’y suis installé à mon compte.
Pourquoi n’y a-t-il pas de Kanak aujourd’hui dans la délégation calédonienne ?
- Il n’y a pas d’élu kanak dans la Province Sud qui a initié le voyage. Et puis, ce sont des gens réservés, ils viendront certainement lors du prochain déplacement. Il n’y a aucun bloc tout noir ou tout blanc, chaque groupe humain a ses différences. Il ne faut pas oublier qu’il y a 150 ans de cela, ils ne connaissaient pas la roue : c’est pour eux un passage d’un monde à l’autre dans des conditions difficiles pour cette ex-colonie pénitentiaire où se côtoient des Vietnamiens, des Javanais, des Polynésiens.
Le pays connaît une forte croissance économique, mais sans législation définie autour de la consommation. La vie n’est-elle pas plus chère ?
- Si, entre 20 et 30% plus cher qu’à La Réunion, alors que le salaire des fonctionnaires est majoré de 60 à 80%. Il faut dire que l’économie est un peu artificielle. C’est quasiment le plein emploi, donc les tensions ne portent pas là-dessus. Le problème c’est que tout est importé, c’est pourquoi il faut la mise en place d’une filière agricole.
Que peut apporter selon vous La Réunion en Nouvelle-Calédonie ?
- Beaucoup de choses. Son approche sur la culture vivrière, sur la gestion des déchets qui a bien évolué ici, même s’il reste encore à faire. Mais aussi sur l’éco-tourisme qui est une réussite ici et qui doit être développé en Nouvelle-Calédonie. Préserver l’environnement est très important pour les Kanaks. Cela crée de la richesse pour eux, pour leurs enfants et leurs petits-enfants, alors que l’industrie racle le sol. Pour moi, vraiment, l’éco-tourisme est un projet d’avenir pour cette terre isolée qui à 80% d’espèces endémiques rares. La Nouvelle-Calédonie doit attirer des investisseurs, des gens qualifiés, et je pense alors beaucoup à ces jeunes Réunionnais qui débordent d’énergie, qui sont qualifiés et qui bénéficieraient là-bas d’une meilleure intégration. Nous sommes tous cousins. Il ne faut pas oublier qu’au 18ème siècle, 60 familles réunionnaises ont débarqué en Nouvelle-Calédonie où l’on retrouve aujourd’hui des Nativel, des Carpin, etc... Il y a de vrais besoins et des solutions pour La Réunion.
SL
Quelques éclairages
La Nouvelle-Calédonie, dans le Pacifique Sud, se situe à moins de 3 heures de vol de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande et à moins de 5 heures de Tahiti. Sa superficie équivaut à 7 fois et demie celle de La Réunion pour une population de 250.000 habitants, dont 70% se situent dans la Province du Sud. 47% de la population a moins de 25 ans. Son PIB s’élève à 4,37 milliards d’euros soit 18.500 euros par habitant contre 14.000 à La Réunion. Sa devise est le franc CFP (Communauté française du Pacifique) strictement liée à l’euro. 1 euro équivaut à 119,33 CFP.
Ses ressources naturelles sont le nickel, 3ème producteur mondial, derrière la Russie et l’Australie. Elle compte 1,45 millions de km carrés de zone de pêche avec des gisements potentiels en pétrole. Les trois quarts de sa production de crevettes d’eau douce sont exportés en Europe et au Japon qui importe aussi 30% de son thon et 3.000 tonnes de son espèce locale de potiron. Les Japonais représentent 31% de son tourisme contre 28% pour la France.
Son environnement des affaires correspond au standard européen sur la lisibilité et la sécurité, ses infrastructures primaires sont aussi bien développées qu’à La Réunion, sa main-d’œuvre est qualifiée et souvent bilingue grâce à des formations en Australie et Nouvelle-Zélande. Les NTIC fonctionnent encore en liaison avec le satellite. Le réseau interne est déjà équipé en fibre optique, mais le manque de câbles sous-marins est pour l’instant un goulot d’étranglement pour les prestataires.
Quel que soit le salaire de base, les prestations chômage sont fixées à 500 euros pour tous pendant 9 mois. Le SMIC est à 963,71 euros, sachant qu’il a augmenté de 40% depuis 2001 et encore de 15% depuis 1an.
SL
Erratum
Dans l’article intitulé "Sarko veut finir le travail" paru dans notre édition de lundi, l’éducateur interviewé s’appelle bien Eric Mackwitz et non Eric Massouic. Il est chef de service au Foyer de l’enfance de Terre Rouge et responsable de l’action sociale au sein de la Federation CGTR Santé. Nous prions l’intéressé et notre lectorat de nous excuser pour cette erreur.
Une information récente communiquée par le ministre de la Justice Gérald Darmanin concerne la création de nouvelles prisons sur l’ensemble du (…)
Alors que Mayotte subit un enchevêtrement de crises - pauvreté structurelle, dégradation des services publics, conséquences dramatiques du cyclone (…)
La FSU Emploi Réunion tient à rappeler que la mise en œuvre des programmes de transformation de France Travail, issus de la loi Plein Emploi, ne (…)
Mézami, zot i rapèl lo mo kazou ? Mi anparl pa bann vyé roshé konm mwin mé la zénérassion d’apré. Si mi di kazou, kossa zot i oi dann zot (…)
Une délégation du "Collectif des usagers de la ligne Réunion - Comores" a été reçue le 2 juillet à la Région, à la demande de la Présidente (…)
Les cours du pétrole ont connu une nette hausse à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin, portés par l’extrême tension au Moyen-Orient et (…)
Mézami, mon bann dalon, mi panss zot i rapèl la mortalité, laba dann Moris, lo gran kiltirèl épi politik Dev Virashwamy ; li lé mor na pwin lontan (…)
Dan noute kiltir popilèr néna bonpé kozman pou dir sa la éspass dann tan lontan… Mi koné pa pou koué, mé mwin néna dan l’idé k’ni viv in pé an (…)
La dette française atteint 114% du PIB au premier trimestre, soit près de 48.800 euros par Français. De fait, des crédits initialement prévus « ne (…)
En 2021, 595kg de déchets par personne sont collectés à La Réunion, soit davantage que dans l’Hexagone (548 kg/pers.). La Réunion se situe au 29e (…)
La Réunion fait partie des régions françaises les plus touchées par les conséquences sanitaires, sociales et judiciaires de la consommation (…)