Coopération Madagascar-Réunion et co-développement

Partenariat régional gagnant

5 juillet 2006

L’événement de ce début d’année dans la Zone industrielle “2000”, au Port, est le lancement de la production de l’usine Nutrima, née de la volonté de 2 groupes industriels de l’océan Indien - le groupe coopératif réunionnais URCOOPA et le leader de la production aquacole de crevettes à Madagascar, UNIMA. Un événement dont la dimension réelle s’appréhende au regard des projets de développement de l’aquaculture dans l’océan Indien.

Nutrima, au Port, a commencé sa production depuis environ 2 mois. Ses objectifs de lancement sont de produire 20.000 tonnes/an d’aliments destinés à l’aquaculture de haute qualité, pour atteindre plus tard une production de 30.000 tonnes/an.
L’inauguration et la visite de l’usine ont eu lieu la semaine dernière, en présence de plus d’une centaine de personnes, parmi lesquelles les porteurs du projet ont eu l’honneur d’accueillir le Préfet de La Réunion, Laurent Cayrel et l’Ambassadeur de France à Madagascar, Alain Le Roy, entre autres nombreux représentants du monde économique et politique réunionnais. C’est dire l’importance que les pouvoirs publics accordent à ce projet, souvent décrit comme exemple d’une forme originale de coopération industrielle entre Madagascar et La Réunion.

Aquaculture malgache, technologie réunionnaise

Le but poursuivi est de fournir les projets aquacoles de l’océan Indien - Réunion-Madagascar, mais aussi Maurice, Mozambique et Mayotte - en aliments de qualité, "Made in France" et bénéficiant des retombées de la qualité "Label Rouge", attendue pour septembre ou octobre sur la marque “Nossi-Bé”, produite par Unima.
Unima est le premier producteur aquacole de crevettes à Madagascar, avec une production annuelle de 4.000 à 5.000 tonnes, sur les 7.500 tonnes de crevettes produites par l’aquaculture malgache. Les bassins aquacoles d’Aqualma (filiale d’Unima), dans les méandres du fleuve Betsiboka, sont entretenus par le travail d’environ 600 familles du pays Sakalava (voir “Témoignages” du 21 février 2005) .
Les pêcheurs de Madagascar ramènent dans leurs filets une production équivalente en tonnage, portant la production crevettière malgache à environ 15.000 tonnes. C’est insignifiant dans les 4 millions de tonnes du marché mondial de la crevette, mais c’est une production haut de gamme, que les promoteurs ont souhaité transformer à La Réunion pour bénéficier, en plus de l’ouverture sur l’Europe, de son environnement en recherche et développement, d’une main-d’œuvre qualifiée et d’un coût d’investissement réduit par les aides à l’installation.

Une unité de co-développement Sud-Sud

Sur les 10 millions d’euros apportés par l’URCOOPA (75%) et UNIMA (25%), les aides publiques représentent 52% de l’investissement, dans un projet dont le coût global est estimé à 17 millions d’euros.
L’URCOOPA, union de coopératives agricoles déjà bien identifiées dans la production d’aliments pour bétail, poursuit par ce projet son développement vers l’alimentation animale et aquacole de qualité, pour tenir compte de la législation actuelle.
Par leur union dans ce projet, les 2 groupes renforcent une coopération Sud-Sud au service de l’intégration des filières agro-alimentaires de la zone océan Indien, dans un engagement opérationnel, technique et financier partagé. Ils œuvrent aussi à la création de nouveaux débouchés commerciaux, au renforcement de l’export réunionnais - 75% de la production de Nutrima est destiné à l’export - et à la création d’emplois, même si, comme on peut l’imaginer, ce type d’entreprise fonctionne avec un effectif qualifié et réduit : 2 équipes de 5 personnes à la production et 12 agents administratifs.
L’usine est aisément repérable dans la zone 2000, avec sa forme de demi-poire en habillage d’une cheminée de 34 mètres, qui utilise la gravitation (pour économiser l’espace) dans le processus de traitement des aliments. Nutrima est la seule usine régionale exclusivement dédiée à la production d’aliments destinés aux produits de la mer. Elle a la capacité de répondre aux besoins des producteurs régionaux, en substituant ses aliments aux produits d’importations asiatiques, issus d’élevages intensifs.

P. David


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