Convention entre la Région et la Province Sud de Nouvelle-Calédonie

Partenariat renforcé entre deux peuples

20 novembre 2007, par Manuel Marchal

Nouvelle étape dans l’ouverture de La Réunion sur le monde, la convention signée hier ouvre des perspectives de coopération dans le domaine du tourisme et du développement durable entre deux îles qui font face à des défis communs.

Paul Vergès appelle à consolider les liens : « Nous avons les mains ouvertes vers tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie ».
(photo AIC)

« Mener des actions conjointes au sein des domaines du tourisme, de la formation professionnelle et de développement durable dans lesquels des projets de partenariat peuvent être menés, selon les principes de l’équité et de la réciprocité ». Philippe Gomès, président de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie et Paul Vergès, président du Conseil Régional, ont signé hier une convention de partenariat en matière de tourisme, de formation professionnelle et de développement durable entre les deux collectivités au terme d’une rencontre sur le thème des relations de coopération entre La Réunion et la Nouvelle-Calédonie, au siège de la Région Réunion.
Cette signature fait suite à la déclaration d’intention signée le 12 novembre dernier à Nouméa par les partenaires (voir “Témoignages” du 19 novembre 2007). L’an dernier, la Région et la Province Nord avaient signé à Saint-Denis une déclaration d’intention pour la promotion du développement durable. C’est donc une deuxième collectivité de ce pays qui s’engage dans un partenariat à La Réunion. Des relations qui ne pourront qu’être confortées par la création dans douze mois d’une liaison aérienne régulière assurée par Air Austral entre La Réunion et Nouméa via Sydney en Australie.
La rencontre d’hier a également pu faire état des apports respectifs de chaque partenaire, dans la perspective du développement solidaire de deux îles des Outre-mers de la République.
Paul Vergès a rappelé les traits principaux de La Réunion, société intraculturelle. Le Réunionnais intègre des apports de toutes les civilisations qui ont peuplé l’île. « C’est un constat historique, les Réunionnais sont tous descendant d’immigrés ». Le créole, « élément essentiel de l’unité du peuple réunionnais », illustre cette intraculturalité. Cet aspect spécifique de La Réunion a impressionné la délégation de la Province Sud, a insisté Philippe Gomès, président de la Province Sud.
Cette situation “très ouverte” amène un « besoin de connaître les autres », souligne Paul Vergès. « Nous avons les mains ouvertes vers tous les habitants de la Nouvelle-Calédonie », conclut le Président de la Région qui appelle à consolider les liens entre nos deux pays.

Manuel Marchal


Air Austral : l’ouverture de La Réunion sur le monde

Au cours de son intervention, Paul Vergès a rappelé tout le chemin parcouru depuis la création de la compagnie régionale Air Austral. De quelques avions pour assurer la desserte des îles voisines, Air Austral est devenue une compagnie long-courrier qui relie La Réunion à plusieurs villes de France. Le partenariat avec deux provinces de la Nouvelle-Calédonie permettra de franchir une nouvelle étape, « c’est un moyen de renforcer la coopération entre les deux îles », précise Paul Vergès.
Cette ligne répond à une attente fortement exprimée par Philippe Gomès, président de la Province Sud de la Nouvelle-Calédonie. C’est d’ailleurs par le rappel de l’engagement de la direction d’Air Austral à assurer une double desserte hebdomadaire à partir de novembre 2008 qu’il a commencé son discours.
La croissance d’Air Austral va s’accompagner par la mise en service de deux nouveaux Boeing 777 long-courrier. Puis à moyen terme, c’est l’arrivée à La Réunion de l’Airbus A380, le plus gros avion du monde capable de transporter 852 passagers. Ce développement coïncide avec la volonté maintes fois mise en oeuvre par la collectivité de favoriser l’ouverture de La Réunion sur le monde.
Une politique rappelée par Wilfrid Bertile, vice-président de la Région : « grande présence dans la COI, participation au COMESA et à l’IOR, accords de coopération bilatéraux avec Madagascar, les Comores, les Seychelles, la région de Tianjin en Chine, l’État du Karnataka en Inde, la Province Nord de Nouvelle-Calédonie l’an dernier et la Province Sud aujourd’hui. »


15.000 descendants de Réunionnais en Nouvelle Calédonie

En 1858, 800 Réunionnais dont 500 d’origine indienne sont venus s’installer en Nouvelle-Calédonie dans le but de créer une industrie sucrière. « Six usines fonctionnaient en 1876 », rappelle Philippe Gomès.
L’industrie a ensuite décliné, il reste quelques vestiges. 500 Réunionnais sont restés, ils sont à l’origine d’une descendance de 15.000 personnes.
Plus d’un siècle après cette émigration, une nouvelle étape s’ouvre, celle du co-développement.


Les Accords de Nouméa

« Bâtir un destin commun »

À la différence de La Réunion, la Nouvelle-Calédonie était un pays peuplé depuis déjà des milliers d’années lors de l’arrivée des premiers colons. Les Kanaks ont ensuite été victimes de la colonisation, c’est ce que reconnaissent les accords de Nouméa signés en 1998 : « le peuple d’origine a été repoussé aux marges géographiques et politiques de son pays ».
Les Accords de Nouméa sont le résultat d’une réconciliation calédonienne lancée par l’action de Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur dix ans plus tôt. Ces derniers ont en 1988 signé les Accords de Matignon qui ouvraient la voix à une pacification de la situation politique et sociale, marquée par la violence issue de la colonisation.
« À la place du référendum d’autodétermination prévu en 1998, les Calédoniens ont recherché une solution consensuelle qui règle la situation institutionnelle jusqu’en 2018 », indique Philippe Gomès.
C’est une expérience sans précédent dans la République. Les Accords reconnaissent la légitimité du peuple d’origine, et aussi celle de ceux qui sont « arrivés ensuite au fil du temps ».
« Bâtir un destin commun, c’est une formidable utopie par rapport à notre Histoire, mais c’est la seule solution », affirme-t-il.
Sur le plan institutionnel, les Accords de Nouméa signifient une représentation proportionnelle, non seulement dans l’assemblée délibérante (Congrès), mais aussi dans l’exécutif (Gouvernement). C’est donc un « gouvernement d’union nationale ». D’ici 2014, des transferts progressifs ont lieu. A cette date, ne restera plus à l’État que la monnaie, la justice, la défense, l’ordre public, les Affaires étrangères. Entre 2014 et 2018 doit avoir lieu un référendum sur la question du transfert des compétences régaliennes à la Nouvelle-Calédonie.


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