9ème Sommet du Marché commun de l’Afrique orientale et australe

Pour un statut spécial de La Réunion au sein du COMESA

12 juin 2004

Le 9ème Sommet du COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) s’est tenu à Kampala (Ouganda) mardi et mercredi derniers.
Depuis deux ans, la France, comme d’autres pays, est associée à cette instance en qualité d’observateur. Ce fut l’occasion pour la délégation française d’intensifier la coopération de La Réunion avec les pays membres.

La délégation française au dernier Sommet du COMESA comprenait M. Jean-Paul Monchau, ambassadeur, Représentant spécial de la France auprès du COMESA, M. Jean-François Bouffandeau, Ambassadeur délégué à la coopération régionale dans la zone de l’océan Indien et M. Benjamin Thomas, Chargé de mission à la Région. Elle était conduite par Wilfrid Bertile, Vice-Président du Conseil Régional, qui représentait La Réunion en concertation avec le Conseil Général.
Prés d’une dizaine de Chefs d’États africains ont participé à ce sommet, dont M. Azali Assoumani, Président de l’Union des Comores. Les Seychelles, Madagascar et l’île Maurice étaient représentés par leurs ministres des affaires étrangères.
Le COMESA est, rappelons-le, une organisation régionale dont fait partie l’ensemble des pays ACP de la COI et qui regroupe 19 États d’Afrique orientale et australe, pour un PNB de 170 milliards d’USD.
Le thème du 9ème Sommet était : “Union douanière du COMESA, le meilleur mécanisme de consolidation de l’intégration régionale”. En effet, le COMESA a déjà institué une zone de libre échange depuis 2000. Celle-ci doit être suivie d’une union douanière, à compter de décembre 2004.
Parallèlement au sommet, le COMESA a organisé son 1er Forum des Affaires, ainsi qu’une rencontre des “1ères Dames du COMESA”.

Un enjeu culturel et économique


Depuis deux ans, la France a développé un partenariat de plus en plus étroit avec le COMESA, qui s’est traduit en particulier par des avancées telles que la première participation d’élus de La Réunion (M. Antoine Minatchy, Conseil régional) à l’occasion du Conseil des ministres du COMESA (Addis Abbeba, avril 2002) ; la visite en France de M. Erastus Mwencha, Secrétaire général du COMESA (mai 2002) ; la visite à Lusaka, siège du COMESA, de M. Renaud Muselier, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères (janvier 2003) ; ou encore la visite à La Réunion de M. Mwencha (septembre 2003).
Ainsi que l’a soulignée la délégation française dans le texte ci-après, rendu public au cours du sommet, l’enjeu d’un rapprochement avec cette organisation est important, tant pour la France dans son ensemble que pour La Réunion en particulier. Cet enjeu est en effet à la fois culturel et économique.
Sur le plan culturel, il s’agit de la défense de la francophonie, assurée par l’Agence internationale pour la Francophonie, dont 9 états du COMESA sont membres, et du rapprochement de La Réunion de ces pays de peuplement, l’Afrique orientale et australe étant la terre d’origine d’une importante composante de la population réunionnaise.
D’autre part, l’enjeu est économique, en raison de l’importance du marché du COMESA (380 millions d’habitants), de la négociation d’un accord de partenariat économique entre l’Union européenne et l’Afrique orientale et australe, englobant les pays de la COI, et de la nécessité pour La Réunion de s’associer à une zone de libre-échange dans l’océan Indien, conformément à la déclaration du Sommet des chefs d’États de la COI, en décembre 1999.
C’est pourquoi la délégation française a rappelé le souhait de la France/Réunion d’obtenir un statut spécial au sein du COMESA et demandé, dans cet esprit, la constitution d’un groupe de travail.


Déclaration

"Une communauté de destin..."

On lira ci-après le texte intégral de la déclaration de la délégation française au 9ème sommet des chefs d’État et de gouvernement du COMESA à Kampala :
La délégation française au 9ème sommet des chefs d’État et de gouvernement du COMESA organisé à Kampala était composée de :

- M. Wilfrid Bertile, vice-président du Conseil régional de l’Île de La Réunion.

- M. Jean-Paul Moncheau, ambassadeur, représentant spécial de la France auprès du COMESA,

- M. Benjamin Thomas, chargé de mission au Conseil régional de La Réunion.
La délégation française remercie tout d’abord les autorités et le peuple de la République d’Ouganda pour l’excellent accueil qui lui a été réservé et félicite S.E. le président Yoweri Musevini pour son accession à la présidence du COMESA.
La délégation française tient à féliciter le COMESA pour les progrès très importants accomplis au cours des derniers mois dans l’élargissement de la Zone de libre échange, avec l’arrivée du Burundi et du Rwanda, dans l’intensification des échanges commerciaux à l’intérieur de la ZLE et au sein du COMESA dans son ensemble, ainsi que pour les avancées significatives réalisées dans les autres domaines de compétence de cette organisation.
Depuis le Sommet de Khartoum en mars 2003, les relations entre le COMESA et la France se sont intensifiées à la demande de nos partenaires africains. La politique africaine de la France s’adresse à l’ensemble du continent et aux pays de l’océan Indien et le COMESA rassemble à lui seul plus de 380 millions d’habitants qui ont décidé de se donner un avenir économique commun pour constituer l’une des organisations régionales les plus importantes en vue de la mise en œuvre du NEPAD, auquel la France apporte un soutien résolu.
Dans le cadre de cette coopération, qui s’exerce notamment à travers notre représentant spécial auprès du COMESA, l’ambassadeur de France à Lusaka, le Dr. Mwencha, secrétaire général du COMESA a effectué du 21 au 23 mai 2003 une visite à Paris au cours de laquelle il a signé une convention de partenariat avec le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie. À l’occasion de cette visite, des entretiens ont eu lieu avec le gouvernement français afin d’examiner les futurs développements de la coopération entre cette organisation et la France. Son excellence le Dr. Erastus Mwencha a eu aussi l’occasion de rencontrer au Centre français du commerce extérieur de nombreux représentants des entreprises françaises et des investisseurs afin de leur présenter les opportunités qu’offre le vaste espace que constitue la zone du COMESA et le potentiel que recèle l’ouverture progressive des marchés d’Afrique orientale et australe.
Le secrétaire général du COMESA a aussi effectué, du 16 au 18 septembre 2003, à l’invitation de Mme Brigitte Girardin, ministre de l’Outre-mer, une visite à l’Île de La Réunion. À cette occasion, il a pu s’entretenir avec les autorités de l’État, de la Région, et du Département et prendre la mesure du développement rapide de l’Île de La Réunion, département français voisin de quatre pays membres du COMESA (des Comores, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles) avec lesquels La Réunion partage aussi une identité indocéanique originale dans le cadre de la Commission de l’océan Indien. Le Dr. Erastus Mwencha a pu visiter des installations agricoles et industrielles qui font la richesse de l’île et qui vont intensifier leurs activités dans le cadre d’une intégration économique régionale indispensable au développement des territoires des pays appartenant à la Commission de l’océan Indien. Cette coopération a vocation à s’étendre aussi au domaine de la recherche universitaire, domaine dans lequel La Réunion a beaucoup à offrir, comme a pu le constater la délégation du COMESA.
La coopération qui se met en place progressivement entre le COMESA et la France porte sur plusieurs domaines. Tout d’abord, dans le cadre du renforcement de la place du français, langue officielle de cette organisation, des actions ont été mises en place auprès du secrétariat général à Lusaka où les fonctionnaires bénéficient de cours de langue intensifs. Par ailleurs, une expertise en matière de traduction a été offerte sous la forme d’une mission d’évaluation, par des renforts ponctuels de traducteurs et, récemment, par la fourniture de logiciels et de bases documentaires, indispensables pour la mise à niveau linguistique souhaitée par les pays francophones du COMESA.
Cette coopération a été étendue au domaine de la communication avec notamment la création l’an dernier du “Courrier du COMESA”, publication mensuelle électronique rédigée en français, qui va bénéficier désormais d’une traduction en anglais. A propos de cette coopération dans le domaine du français, il importe de souligner ici le rôle de l’OIF dont le représentant auprès de l’Union africaine et de la Commission économique pour l’Afrique, S.E. M. Moussa Camani, a effectué une mission à Lusaka, à l’occasion de la Semaine de la francophonie, afin d’identifier les avancées qui viendraient compléter l’effort de la France dans ce domaine.
Sur un autre plan, la coopération de la France avec le COMESA va porter sur le point très important que constitue la mise en place de l’union douanière. La France, pour répondre à la demande du secrétariat général, a décidé de partager avec les États membres l’expérience que ses services douaniers ont acquise durant la phase de construction du marché commun de l’Union européenne. Une expertise et des documentations sont donc mises à la disposition du secrétariat général, sur un financement du Fonds de solidarité prioritaire.
La France, premier contributeur du Fonds européen de développement (à hauteur de près de 25%), au titre duquel ont été alloués 223 millions d’euros pour soutenir les programmes régionaux de la région australe et orientale de l’Afrique, souhaite saisir cette occasion pour saluer le rôle que joue le COMESA dans la négociation des Accords de partenariat économique (APE). Ces accords qui doivent être conclus pour 2007, ont été lancés en février dernier à Maurice pour la zone orientale et australe du continent.
Les APE vont régir dans l’avenir les relations commerciales entre les pays ACP de la zone considérée et les pays de l’Union européenne. La France suit cette question avec d’autant plus d’intérêt que certains territoires ultra périphériques de l’Union européenne, comme l’île de La Réunion, verront leur commerce extérieur affecté par la teneur de ces accords.
Dès lors, la France se sent une communauté de destin avec les pays de l’océan Indien qui sont membres du COMESA. Dans cet esprit, la France souhaite qu’un groupe de travail soit créé. Ce groupe de travail examinerait aussi la question des rapports de La Réunion avec la zone de libre échange du COMESA.


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