Retour sur la signature du PARDAC

« Structurer et développer l’agriculture comorienne par la valorisation de l’expertise réunionnaise »

9 février 2006

Nous reproduisons ci-après l’intervention de Paul Vergès, président de la Région Réunion, lors de la séance de signature du Programme d’appui réunionnais au développement de l’agriculture comorienne (PARDAC) mardi dernier. Les intertitres sont de “Témoignages”.

Monsieur le Ministre d’État, représentant le Gouvernement de l’Union des Comores,
Monsieur le représentant de l’État français,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,

C’est pour moi un honneur d’accueillir à l’occasion de la formalisation de ce vaste programme de coopération entre La Réunion et les Comores, Monsieur Soefo Aboudou, Ministre d’État de l’Union des Comores, Ministre des relations extérieures, de la coopération, et de la francophonie, chargé des Comoriens de l’Étranger, pour sa première visite officielle à La Réunion.

Je salue la présence dans cet hémicycle des partenaires institutionnels et des acteurs de la coopération avec les Comores, mais aussi les représentants de la communauté comorienne de La Réunion.

Je rappelle que nous allons procéder à la signature d’un accord de coopération entre le Gouvernement de l’Union des Comores et le Gouvernement français, en application des dispositions de la loi d’orientation pour l’Outre-mer qui permet désormais aux collectivités d’Outre-mer de négocier et de signer des accords de coopération au nom du gouvernement.

Le Programme d’appui réunionnais au développement de l’agriculture comorienne (PARDAC) constitue ainsi le troisième accord signé, selon ces dispositions, par la Région Réunion. Le premier a été signé en 2003 avec le gouvernement de la République de Madagascar pour la mise en œuvre du PARSEM (Programme d’appui réunionnais au système éducatif malgache) et le deuxième en 2003 également avec le Mozambique, et la Province de Cabo Delgado.

Agir solidairement

Cet acte scelle ainsi la volonté affirmée de La Réunion et des Comores d’agir solidairement, dans l’esprit du co-développement qui constitue l’orientation selon laquelle nous avons choisi d’établir des relations avec les pays voisins de notre Région de l’Océan Indien, dans le cadre de notre stratégie d’ouverture des horizons de notre île.

Le PARDAC est la traduction concrète de cette orientation.

Il vise à structurer et développer l’agriculture comorienne par la valorisation de l’expertise réunionnaise à travers la réalisation de micro-projets, la formation des cadres et techniciens de l’agriculture comorienne, et l’apport de nouvelles techniques et technologies de productions. Sur le terrain, des actions concrètes ont déjà vu le jour en 2005, et seront développées durant l’année 2006, grâce notamment à l’appui de jeunes diplômés réunionnais déployés aux Comores à travers le programme de volontaires du progrès mis en œuvre par la Région Réunion. Trois ont démarré leur mission en 2005, cette année le nombre de 5 VP devrait être atteint pour couvrir l’ensemble du projet.

La réussite de ce programme revient en premier lieu au secteur agricole réunionnais, en particulier au Conseil de l’Agriculture de La Réunion (CAR) et à la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles (FRCA), respectivement maître d’ouvrage et opérateur du programme, qui ont mobilisé leur compétence et leur expertise au service de ce projet, qui constitue indiscutablement le projet phare de notre politique de co-développement avec les Comores.

Je laisserai dans quelques instants au représentant du Conseil de l’Agriculture de La Réunion, coordonnateur de ce projet, le soin de vous présenter plus en détail ce programme qui apportera incontestablement à l’agriculture comorienne un changement d’échelle, et dont les enjeux sont de satisfaire son autosuffisance alimentaire par la production suffisante des produits alimentaires comme les fruits et les légumes, le lait, et la viande, ou encore de diversifier ses productions sur certains secteurs porteurs à l’exportation. Je rappelle que ce projet couvre les trois îles de l’Union des Comores : Grande Comore, Mohéli et Anjouan.

Je voudrais également préciser que même si la Région n’est plus compétente depuis le 1er janvier 2005 en matière d’agriculture, elle intervient sur ce projet au titre du développement rural qui correspond à un volet significatif de sa compétence en matière d’aménagement du territoire dans une île comme La Réunion ou les Comores dont les zones rurales demeurent importantes.

Un nouvel élan à la coopération

La commission mixte franco comorienne qui s’est tenue en avril 2005 à Paris a contribué à donner un nouvel élan à la coopération bilatérale entre La Réunion et les Comores.
La récente rencontre des pays donateurs en faveur des Comores qui s’est tenu à Maurice et à laquelle La Réunion a participé à titre fraternel, a également permis de réaffirmer notre engagement aux côtés de ce pays partenaire.

Nos relations s’inscrivent également dans le cadre multilatéral de la Commission de l’océan Indien. Le dernier Sommet des chefs d’État en juillet dernier à Antananarivo a constitué le point de relance de l’organisation régionale et a été l’occasion pour nous de présenter un plan global de co-développement entre nos îles, actés par l’ensemble des chefs d’État présents, et qui fera l’objet d’une instruction par la commission européenne pour sa mise en œuvre, comme nous l’a indiqué le Commissaire au développement, Monsieur Michel, qui représentait l’Union européenne lors de ce sommet.

L’impact des changements climatiques

L’autre aspect que je souhaite évoquer est l’impact des changements climatiques sur nos territoires. Je rentre de Marseille où un séminaire a été organisé à l’Hôtel de la Région Provence Alpes Côte d’Azur, sur l’impact de ces changements en particulier sur les zones côtières. Ce séminaire, à l’initiative de l’ONERC que je préside, et de la Région Réunion, a réuni de nombreux responsables de régions maritimes de l’Europe de la Finlande à la Crête. Nos îles ne sont pas épargnées par ce phénomène, il convient d’adapter nos politiques d’aménagement pour ne pas subir, et c’est dans cet esprit que le 16 février dernier, le jour de la mise en œuvre du protocole de Kyoto, que les 5 îles du Sud-Ouest de l’océan Indien, réunies à La Réunion en marge de la rencontre du GIEC, se sont entendues sur un protocole d’accord visant à intégrer dans leur politiques respectives la notion d’adaptation.

Les changements climatiques auront des conséquences sur la structure de nos agricultures, en apportant des modifications dans les conditions d’exploitation. Ce phénomène doit désormais être pris en compte dans toute politique de développement qui se doit d’être anticipative.

Enfin, un dernier aspect, sujet d’actualité dramatique à La Réunion : la progression dans notre région des maladies émergentes et des grandes pandémies. La situation que nous connaissons aujourd’hui à La Réunion avec l’explosion de l’épidémie de chikungunya doit incontestablement se traduire par un renforcement des relations de co-développement et non par un réflexe de repli sur soi. L’épidémie connaît aujourd’hui une portée régionale, La Réunion comme Maurice, ou les Seychelles, Madagascar, les Comores et Mayotte subissent la propagation de cette épidémie. La maîtrise de la progression de ces maladies, comme encore le paludisme ou la dengue qui sévissent et tuent toujours dans les pays de notre environnement immédiat, passe par une plus grande coordination des actions de lutte et de sécurité sanitaire, ainsi que des moyens mis en œuvre au service de ces maladies dans le cadre de la coopération régionale.

Je vous remercie pour votre attention,
Je passe la parole à Monsieur le Ministre d’État, Son excellence Monsieur Aboudou Soefo.


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