Recul de la pêche illicite grâce à l’action de la COI

Succès pour le programme de surveillance des zones de pêches

3 juin 2008, par Manuel Marchal

La réunion annuelle du Comité de suivi du plan régional de surveillance des pêches de la Commission de l’Océan Indien se tient jusqu’à aujourd’hui dans notre île. C’est l’occasion de saluer les réussites de ce programme auquel participent tous les pays de la COI, dans un secteur d’avenir. Alors que dans l’hémisphère Nord, la pêche intensive a provoqué la raréfaction de la ressource, c’est loin d’être le cas dans l’Océan Indien. Les pays de la COI représentent 5% des captures, la pêche a permis la création de milliers d’emplois et cette dynamique est amenée à s’amplifier.

La pêche illégale recule, c’est la première avancée obtenue par le Plan régional de la surveillance des pêches de la Commission de l’Océan Indien. Alors que le pourcentage des prises des pirates était estimé à 40%, il est sans doute aux alentours de 25% aujourd’hui. A titre de comparaison, les flottes de pêche des pays de la COI réalisent 5% des captures. Le reste est prélevé par les pays asiatiques et l’Union européenne notamment.
Gina Bonne, chargée de mission auprès du secrétariat général de la COI, note des avancées importantes. Ce programme permet tout d’abord aux professionnels de nos pays de mieux se connaître, d’apprendre à travailler ensemble. Elle prend comme exemple les missions d’inspection en mer. « C’est la première fois que l’on fait embarquer des inspecteurs de tous les pays de la COI sur un même bateau », précise-t-elle en substance. « Il n’y avait pas de problème de langue, les barrières que l’on pouvait supposer n’étaient pas là ». Autrement dit, Comoriens, Malgaches, Seychellois, Mauriciens et Réunionnais ont défini ensemble une manière de travailler.

Secteur stratégique

Le préfet Pierre-Henry Maccioni abonde dans le même sens. Selon lui, ce programme est comparable à la CECA, (Communauté européenne du Charbon et de l’Acier). Au même titre que la CECA a été l’embryon de la Communauté économique européenne, le plan régional de surveillance des pêches est « l’embryon d’une politique intégrée ». « C’est un projet de coopération exemplaire dans un domaine qui touche à la souveraineté nationale des États ». Ce parallèle avec la CECA peut s’expliquer en constatant la place stratégique qu’occupe le secteur de la pêche pour les pays de la COI. C’est une place comparable à celle de l’acier et du charbon pour l’Europe de l’Ouest au lendemain de la Seconde guerre mondiale.
En effet, au terme de décennies de pêches intensives, les pays du Nord ont très largement entamé leurs ressources. Dans l’Océan Indien, un vaste potentiel reste donc à exploiter, tout en ayant à l’esprit de ne pas reproduire les mêmes erreurs que les pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Rappelons que la somme des superficies des zones économiques exclusives des pays de la COI est supérieure à la surface de la mer Méditerranée. Or, de ce potentiel, les pays de la COI ne pêchent que 5% du total annuel des captures. Ils sont largement distancés par les Européens et les Asiatiques, ainsi que par les armements qui pêchent sans autorisation, dans l’illégalité. C’est contre ces derniers que se concentrent les efforts d’un programme de la COI, soutenu par l’Union européenne.

Surveillance par satellite

Fabrizio Donatella, chef de la division des accords bilatéraux à la Direction générale de la Pêche de la Commission européenne salue quant à lui la rapidité avec laquelle ce projet a pu se concrétiser, « un élément extrêmement encourageant ». Il souligne aussi que ce programme accompagne également un renforcement des capacités nationales dans la lutte contre la pêche illégale.
Revenant sur les objectifs de ce plan régional, Gina Bonne indique qu’il vise à renforcer les programmes nationaux de lutte contre la pêche illégale. Il se focalise uniquement sur les interceptions en mer. Il offre également la possibilité de constater les points à améliorer dans chaque pays.
Quant aux moyens utilisés, il a été beaucoup question du patrouilleur Osiris, modernisé grâce à l’intervention des fonds européens. Ce dernier a mené le mois dernier une mission dans le Canal du Mozambique avec à son bord des inspecteurs des pays membres de la COI, ainsi que du Mozambique.
Le préfet a également évoqué une extension du contrôle par satellite sur toute la région d’ici un an.
Union européenne et Etat font donc part de leurs convergences pour saluer le succès d’un programme de co-développement des pays de la COI. Dans le secteur stratégique de la pêche, gageons que cette dynamique va s’amplifier, des milliers d’emplois sont à la clé.

Manuel Marchal


Dans un pays de 75.000 habitants

La pêche aux Seychelles : 7.000 emplois

Aux Seychelles, la pêche est un des piliers du développement du pays. La navigation et l’industrie de transformation ont permis la création de 7.000 emplois. Autrement dit, près d’un Seychellois sur dix est un travailleur de la pêche. A l’échelle de La Réunion, cela représenterait 80.000 personnes, soit davantage que le nombre de travailleurs privés d’emploi inscrit dans la catégorie qui sert à donner les chiffres officiels du chômage.
Par ailleurs, des projets visent à aller encore plus loin. Du foncier est réservé pour cette industrie avec à la clé l’objectif d’atteindre 10.000 emplois.

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