Le président des Seychelles, James Alix Michel, a signé, mardi 19 décembre, à Saint-Denis, un accord bilatéral avec la France, représenté par le préfet de la Réunion, Pierre-Henry Maccioni. Ce texte international est relatif à la coopération en matière de surveillance des pêches maritimes dans la zone économique exclusive (ZEE). On rappelle que la ZEE, en droit international, permet à tout pays d’avoir la souveraineté sur toutes les eaux autour de ses côtes sur 200 miles. Pour les Seychelles, la ZEE représente une superficie considérable puisqu’elle atteint 1,4 million de kilomètres carrés.
Cet accord permet aux autorités d’un État, en l’occurrence, la France, de procéder à la surveillance des ressources halieutiques d’un autre État, dans le cas présent, les Seychelles, et de lui rendre compte de ce qui s’y déroule. Il y avait urgence à intervenir puisque 90% des pêches qui se produisent dans la ZEE seychelloise sont le fait de flottilles étrangères, pour la plupart asiatiques. En outre, un tel accord est une conséquence directe des conclusions du sommet des chefs d’État de la COI du 22 juillet 2005 qui cherchaient à améliorer la gestion des ressources halieutiques et la lutte contre la pêche illégale du thon dans l’Océan indien. L’accord évoque également la nécessité du développement durable des activités de la mer et la défense contre l’intrusion des bateaux étrangers aura pour conséquence de lutter contre la progressive raréfaction des poissons. Les eaux concernées sont très poissonneuses, notamment en thon, mais il y avait urgence à agir tant cette ressource est appréciée des consommateurs.
Selon le préfet, cet accord pourrait être le début d’une coopération plus étroite avec la Réunion sur d’autres sujets, notamment le tourisme. Pour montrer l’importance que ce voyage revêt aux yeux des autorités seychelloises, Patrick Pillay, le ministre des Affaires étrangères, était du déplacement.

M.D.

Synergies possibles avec le monde du tourisme réunionnais

D’ici au premier semestre 2010, les Seychelles prévoient près de deux milliards de dollars d’Investissements directs étrangers dans le secteur du tourisme. 30 projets ont été identifiés dans l’hôtellerie de luxe. Un même nombre de projets a été prévu pour la construction d’hôtels compris entre trois et quatre étoiles. Enfin, trente projets encore sont identifiés au niveau “gîte de France”. Cela représente une croissance de 4.000 nouveaux lits prévus d’ici à 2010. Ces investissements sont surtout le fait du monde arabe, de Maurice, des Maldives, mais très peu de la France. C’est pourquoi, les acteurs du monde touristique aux Seychelles se sont déplacés afin de séduire d’éventuels financeurs réunionnais.
Maurice Loustau-Lalanne, le président du comité du tourisme des Seychelles, a bien voulu nous communiquer quelques chiffres. Il a tout d’abord indiqué que, de 2000 à 2004, une stagnation s’est produite que ce soit en termes de touristes ou de recettes issus de ce secteur. Puis, en 2005, on a constaté 7% d’augmentation du nombre de touristes, puis 12% en 2006 et 9% sont attendus en 2007, ce qui permettrait de passer de 140.000 actuellement à 154.000 pour décembre 2007. Dans le même temps, le responsable seychellois constate que les nouveaux arrivants dépensent plus. En effet, en 2005, les recettes issues du tourisme ont progressé de 12% et en 2006, de 18%. L’objectif est d’atteindre 200.000 touristes et de se focaliser principalement sur le haut de gamme, l’île étant trop petite (405 km2) pour une arrivée massive de vacanciers.
Maurice Loustau-Lalanne a alors mis en valeur le fait que 58% des devises provenaient de ce secteur, contre 29% pour la pêche. Quant au poids du tourisme dans le Produit Intérieur Brut, il s’élève à 19%. De façon plus concrète, ce responsable a souhaité des liens, notamment avec Air Austral afin que des liaisons moins chères et plus régulières séduisent le Réunionnais. Il souhaiterait également développer le concept de “Two Center holidays”. Cette idée consisterait à proposer au voyageur métropolitain de passer quelques jours à La Réunion, puis quelques jours aux Seychelles avant de rentrer chez lui. Pour cela, l’épineuse question des visas est en passe d’être résolue.

Les Seychelles et La Réunion partenaires dans la COI

Les Accords de Partenariat Economique devraient être signés en 2007 et ce prochain accord concernera directement La Réunion et les Seychelles. Pourtant, selon le préfet, aucune discussion n’a porté sur ce point au cours de la visite du président seychellois. Il faut dire que son programme était chargé. On y remarque notamment la visite de la ferme éolienne de Sainte-Suzanne, mais aussi Kelonia à Saint-Leu. Interrogé sur un éventuel développement des énergies renouvelables et d’un parc à tortues, le président a répondu qu’il s’agissait avant tout de projets, mais que la réalisation concrète ne se ferait pas dans l’immédiat.
En ce qui concerne la Francophonie, le dossier relève plus du ministère des Affaires étrangères que de la Préfecture de La Réunion ou des collectivités locales.
Quid du possible développement d’une arbovirose de type chikungunya qui ruinerait tous les espoirs placés dans les énormes investissements futurs dans le tourisme ? A cette interrogation, le président seychellois a répondu que les responsables de la santé de son pays développaient des relations avec leurs homologues réunionnais afin de prévenir un tel danger.
Sur un point plus politique, le président seychellois a été interrogé sur la possible implication des cercles proches du pouvoir dans l’attentat qui a visé un des chefs de l’opposition, M. Sullivan, du Seychelles National Party, le 17 décembre aux Seychelles. Il a répondu en indiquant qu’il n’était au courant d’attentat sur place.
Enfin, M. James Alix Michel a souhaité mettre l’accent sur la présidence de la COI (Commission de l’Océan Indien) que son pays va assurer à partir de mars 2007 pendant un an. Il tient à profiter de ce mandat pour faire avancer certains dossiers, notamment... le tourisme et la pêche.

M.D.