Séminaire sur le développement local dans l’océan Indien

Un creuset pour échanger les expériences

30 juin 2004

Le séminaire ’Transversalité et mutualisation des actions de développement local : regards croisés sur des expériences menées dans les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien et en Afrique du Sud’, malgré son intitulé un peu rébarbatif, va se pencher sur la vie quotidienne des populations de notre région. Car le développement local, c’est avant tout une politique de développement définie et mise en œuvre avec les populations.

Qu’y a-t-il de commun à l’Institution régionale du travail social de La Réunion (IRTS) qui forme les acteurs et les cadres de la politique sociale de l’île, l’Université de océan Indien (UOI) qui impulse des formations partagées aux étudiants de la région et la Fédération communautaire de l’océan Indien (FCOI) qui vise à favoriser la pratique d’une coopération communautaire au niveau de la région ? Trois organismes qui organisent ensemble le séminaire "Transversalité et mutualisation des actions de développement local : regards croisés sur des expériences menées dans les îles du Sud-Ouest de l’océan Indien et en Afrique du Sud" qui se déroulera du 7 au 9 juillet prochain sur le campus de l’université.
Sans conteste, les responsables des trois organismes ont la volonté "de s’interroger, avec les acteurs locaux, pour répondre aux besoins multiples de la population d’un territoire donné, quelle qu’en soit sa dimension", note Juan Castro qui pilote cette initiative. Et pour cela, quoi de mieux que d‘échanger les expériences dans le cadre d’un séminaire où les acteurs du développement local prendront majoritairement la parole.
Il s’agit, toujours selon les organisateurs, de construire de nouvelles passerelles entre les acteurs, de produire de la connaissance, de créer un champ d’expertise qui bénéficiera aux étudiants dans le cadre de l’émergence d’une conscience indocéanique.
Mais encore de définir "des propositions co-construites par les organisateurs et les participants", de mettre au point des méthodes plus efficaces, de mettre en place un réseau d’acteurs pour poursuivre les échanges d’expériences et essayer ainsi “de partager dans la durée” et d’envisager une suite pratique à ce séminaire qui pourrait prendre plusieurs formes, dont celle d’une formation commune.

La parole aux acteurs de terrain

Une trentaine d’intervenants issus du terrain des différentes îles et de l’Afrique du Sud interviendront après que Paul Hoarau (FCOI), Jean-Yves Rochoux et Philippe Jean-Pierre (Université de La Réunion), Louis Rajaonera (Jureco Études Conseils) et Stéphane Nicaise (Centre Saint-Ignace) aient en quelque sorte balisé le terrain en définissant les notions de développement local.
Les acteurs prendront ensuite la parole sur des expériences aussi diverses que l’intéressement des pêcheurs comoriens à la préservation du coelacanthe, le développement de la Credit Union aux Seychelles, le travail d’Handicap international à Madagascar ou l’expérience d’éducation populaire d’enfants issus de milieux populaires à La Réunion. Des thèmes qui n’ont apparemment aucun rapport, si n’est que dans le cadre de ce séminaire on aborde le développement d’une autre manière. On va parler de transversalité et montrer que le développement est un ensemble de choses qui vont de l’économie au social, du social à la santé, de la santé à l’éducation...
À l’heure où on se rend compte de l’échec des politiques internationales d’aide au développement et où les bailleurs de fonds les plus “idéologiquement’’ marqués appréhendent mieux le rôle déterminant des populations à la définition et à la mise en œuvre des politiques de développement, ce séminaire qui conjugue transversalité et mutualisation avec les regards croisés des acteurs du développement local vient à son heure. Avec la perspective de mettre en réseau les acteurs, les expériences, les connaissances, mais aussi de participer à une meilleure coordination des actions des société civiles et des pouvoirs publics.

L. M.


Les organisateurs

L’IRTS de La Réunion a pour but de contribuer au développement social et à la qualification des professionnels du travail social. Pour cela, il mène des actions de formation dans le cadre d’un agrément par le ministère des Affaires sociales et réalise des études et des actions de conseil. Par le biais de son centre de ressources multimédia, l’IRTS est un lieu d’informations et d’échanges pour les professionnels. Des colloques et des conférences, ainsi que des journées de réflexion sur les pratiques professionnelles, sont organisés en vue d’actualiser les connaissances et de renforcer les compétences des acteurs du champ social. L’institut s’inscrit dans son environnement régional, l’océan Indien, en accueillant des étudiants originaires des îles de la zone (Mayotte, Maurice, Madagascar) et en menant des actions partenariales de formation délocalisées dans le champ du travail social, du médico-social et de la coopération régionale (Mayotte, Maurice, Seychelles, Madagascar).

L’UOI regroupe 35 institutions d’enseignement supérieur et de recherche des cinq pays de la Commission de l’océan Indien (Comores, La Réunion, Madagascar, Maurice et Seychelles). Cette association a pris le relais du projet-pilote qui a été financé par l’Union européenne jusqu’en décembre 2002. En établissant des accords inter-institutions, l’UOI a pour vocation de proposer des formations régionales et de soutenir des programmes de recherche au regard des problèmes partagés par les pays membres de la COI. L’UOI vise la valorisation des ressources humaines et l’amélioration des compétences des acteurs et bénéficiaires des projets de développement en cours.

La FCOI veut rassembler, mobiliser, organiser les forces vives (associations, syndicats, institutions, personnes physiques engagées...) dans chaque île de l’Indocéanie (Anjouan, Grande Comore, Mayotte, Mohéli, Madagascar, La Réunion, Maurice, Rodrigues, Seychelles) et les fédérer, pour promouvoir l’identité commune indocéanienne afin de développer la pratique d’une coopération communautaire en vue de réaliser, à terme, une "Union indocéanienne" des États et des peuples de la zone. La FCOI veut atteindre ces objectifs dans le cadre d’un partenariat actif entre les États et les sociétés civiles. Elle considère que ce partenariat actif entre les États et les sociétés civiles est le meilleur moyen d’assurer un développement efficace et rapide des îles dans un esprit démocratique. La FCOI a été créée, en 1996, sous l’égide de la Fondation de France. Depuis 2002, elle est une association dirigée par un président fédéral et les vice-présidents délégué des îles.

Juan Castro (IRTS) : "Améliorer les conditions de vie"
"Nous sommes dans des logiques où, sur un territoire donné, des habitants parviennent à développer ensemble des moyens pour améliorer les conditions de vie en s’appuyant sur la solidarité. C’est aussi ce que nous enseignons à nos étudiants".
"Nous voulons faire un zoom sur les expériences de développement local, sans tenir compte des différences de développement de chacun des pays. Toute expérience est intéressante à connaître".

Gérard Demange (directeur de l’IRTS) : "Ensemble construire de la connaissance"
"Nous avons (IRTS, FCOI et UOI) des intérêts et des objectifs communs. Nous voulons réfléchir ensemble, développer toutes formes de collaboration, construire de la connaissance. Le développement local est un problème commun à l’ensemble des pays de la zone dans des contextes économiques et sociaux différents (...) Nous avons tout à apprendre des autres".

Paul Hoarau (FCOI) : "Avec l’aide des pouvoirs publics"
"Nous devons établir, entre le réseau des acteurs et le réseau des formateurs, un courant de demandes et de réponses".
"Un développement ne peut être véritable qui si les hommes et les femmes concernés initient et conduisent ce développement avec l’aide des pouvoirs publics".

Masséande Allaoui (UOI) : Avec "les bailleurs de fonds"
"Pendant des années, les bailleurs de fonds n’ont pas tenu compte du contexte culturel des pays en voie de développement, des structures différentes de celles des pays développés qui y fonctionnaient. Depuis, ils ont compris : les chercheurs sont valorisés et accompagnés par les bailleurs de fonds".


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