Sommet de la Commission de l’océan Indien

Un nouveau souffle pour la C.O.I.

28 juillet 2005

Les responsables des collectivités locales réunionnaises et le représentant de l’État ont souligné hier l’affirmation de plus en plus forte de la C.O.I. dans notre région et au niveau mondial.

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"C’est une surprise". On l’entendra à plusieurs reprises. C’est en effet la première fois qu’un président de la République française associe directement les collectivités locales au déroulement de ses travaux, et presque étonnamment, lors d’un Sommet de la Commission de l’océan Indien. En effet, Nassimah Dindar et Paul Vergès, respectivement présidents du Conseil général et du Conseil régional, participaient à ce Sommet, non pas en tant qu’auditeurs, mais comme forces de proposition. "La COI n’a pas toujours joué le rôle d’inspiration, d’orientation qu’on aurait souhaité la voir jouer", reconnaît Paul Vergès. Cela devrait changer, et vite.
"C’est un Sommet important qui s’est déroulé à Madagascar, qui a permis de relancer la coopération, dans le cadre de la COI", explique Laurent Cayrel, préfet de La Réunion. Paul Vergès devait s’exprimer sur le développement durable au nom de la délégation française. C’est sûrement le concept politique le plus répandu au monde. Mais, "tout le monde parle de développement durable, (...) peu approfondissent le concept", précise le président Vergès, qui indique que cela doit se faire avec une prise de conscience réfléchie des grandes dates et des grands défis qui attendent les pays composant la COI. "Quel est l’avenir que nous pouvons envisager sans trop nous tromper ?", demande le président.
La COI représente aujourd’hui quelque 20 millions d’habitants. En 2025, les spécialistes prévoient 11,8 millions d’habitants supplémentaires. En 2050, la COI comptera 50 millions d’habitants. Présentement, Madagascar compte plus de 80% de la population de la zone océan Indien. Et puis, il apparaît indispensable d’avancer ensemble, même si chaque île composante de la COI a ses propres difficultés, ses défis endémiques. La canne à La Réunion et à Maurice, la pêche aux Seychelles, la misère à Madagascar, bref ! à chacun son “larlik”, à chacun son “lariaz”... mais cette volonté commune de travailler ensemble pour le devenir de l’océan Indien.

Des projets concrets

Nassimah Dindar, qui assistait à son premier Sommet de la COI, insiste sur le fait qu’il faille réfléchir au comment de l’émergence d’une identité culturelle indocéanique. Il est vrai, et Paul Vergès le rappelle, que les Malgaches ont peuplé les îles de l’océan Indien, historiquement colonies de peuplement. Outre ce lien “historique”, il reste encore beaucoup à faire. Du moins, beaucoup de projets se dessinent. La présidente du Conseil général déclare que sera créé, au nom de la coopération, un Comité citoyen pour les jeunes de l’océan Indien, ou encore l’élaboration, en France, d’une Maison des pays de l’océan Indien, à l’instar de la Maison des DOM. Par ailleurs, elle précise que la coopération entre la Grande île et La Réunion a été, par exemple, marquée par la formation de pompiers malgaches, qui se sont vu remettre du matériel de lutte contre le feu par le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS), service à la charge du Département. Pour le préfet de La Réunion, Laurent Cayrel, l’occasion est offerte aux protagonistes "de valoriser le patrimoine commun de la zone océan Indien" pour un "développement durable et une solidarité entre les peuples". On notera avec intérêt le rôle de notre pays dans la constitution d’une plate-forme d’aide humanitaire, pour répondre à l’urgence dans l’océan Indien.

Une autre vision économique

Ce Sommet a permis également de mettre en exergue les potentialités d’un partenariat économique entre pays de la COI, mais pas seulement. La Réunion tient une place quasiment stratégique. D’ailleurs, La Réunion sera l’observateur d’un Accord de partenariat économique (APE) avec le Groupe Afrique orientale et australe (AOA). La présence des deux présidents de nos collectivités locales, La Région et le Département, témoigne encore du futur rôle diplomatique de La Réunion dans la Commission de l’océan Indien, en représentation de la France, mais aussi de l’Union européenne. La COI y gagnerait même en assurance. C’est sûr, quand Louis Michel, commissaire européen chargé du Développement, annonce que les projets seront suivis de financement de l’Union européenne, on respire plus facilement. Marc Ravalomanana, le président de la République malgache, devait même jubiler, parce que cela consiste à dire beaucoup de choses, notamment pour son pays. Les axes de coopération sont multiples. La formation, le développement économique, la lutte contre la pauvreté, la santé ... "Forcément, ça détend", explique Paul Vergès.
"Cette rencontre de la COI a été précédée d’articles de presse assez tièdes", souligne le président de Région. Et de poursuivre : "ce jugement est injuste". En témoigne la visite d’études à Madagascar d’une forte délégation d’entrepreneurs réunionnais, sous la houlette du MEDEF et de la CGPME, reçue par ailleurs par le président Marc Ravalomanana. Le groupe hôtelier ACCOR devrait investir sur la Terre Rouge. La coopération économique entre nos deux pays correspond même à une opportunité pour l’économie réunionnaise. Nos pays sont en fait tributaires de quelques activités économiques. La canne à sucre, les essences, la pêche sont des secteurs porteurs, mais en danger, face aux exigences de la mondialisation. Les échanges économiques entre les îles sont par ailleurs soumis aux problèmes de manque de souplesse de nos politiques transitaires. Ce Sommet, qui avait pour thème “Valoriser notre patrimoine commun et renforcer notre solidarité pour un développement durable”, devrait à court et moyen terme apporter solutions à ces problèmes. Les énergies renouvelables demeurent aussi une piste pleine de potentiels pour les îles de l’océan Indien. Enjeux économiques, enjeux environnementaux, tout a son équilibre, tant que l’on parle de développement durable. C’est fait. La COI a pris un nouveau souffle, le souffle d’une alliance entre pays de l’océan Indien, qui œuvrent pour le développement solidaire.

Bbj


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