Fin du sommet Françafrique

Un nouveau type de partenariat

3 juin 2010, par Céline Tabou

Le 25ème Sommet entre la France et les pays du continent africain a été marqué par l’ouverture aux entreprises et aux syndicats. Le monde change et en Afrique, les anciennes puissances coloniales ne sont plus les seuls interlocuteurs. D’autres acteurs sont présents : les États-Unis, l’Inde et la Chine. La Chine a d’ailleurs d’anciennes relations avec l’Afrique, consolidées par le soutien de la Chine aux mouvements de libération qui ont lutté contre la tutelle des anciennes puissances coloniales européennes comme la France.

52 États africains ont été invités à participer à ce Sommet, mais les hauts responsables de Madagascar, en pleine crise politique, et du Zimbabwe, dont le président Robert Mugabe est interdit de séjour par l’UE, n’ont pu participé aux débats. Avant même son ouverture, le 31 mai, les organisateurs ont du faire face à la polémique. En effet, le sommet devait se tenir en janvier à Charm el-Cheikh, en Egypte, mais le Caire avait insisté sur la présence du président soudanais Omar El-Béchir, qui est visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et contre l’humanité, a entraîné son report en France.
Parmi la centaine de participants, des représentants de l’Union européenne, de l’Organisation internationale de la francophonie, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, de la Commission de l’union africaine et de la Banque mondiale étaient présents à Nice.

Ouverture à la société civile

La nouveauté de ce sommet est la présence de 230 dirigeants d’entreprises, 80 venus de France et 150 d’Afrique, et de syndicats dont la CGT. Cependant, les Organisations non gouvernementales et les associations n’étaient présentes pour évoquer les problèmes de l’Afrique. Axée sur l’ouverture au monde économique, la présence de chefs d’entreprise et de représentants syndicaux devraient, selon les participants, « favoriser les affaires ». Mais cela risque également de mettre de côté, les questions humaines notamment, la faim qui touche aujourd’hui 265 millions de personnes en Afrique sub-saharienne.
Trois thèmes majeurs dans cette réunion : "La place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale" (lundi 31 mai après-midi), "Le renforcement commun de la paix et de la sécurité" (lundi 31 mai après-midi), ainsi que "Le climat et le développement" (mardi 1er juin matin).
La place de l’Afrique dans les échanges commerciaux de la France est passée de plus de 40% dans les années 60 à quelque 2% aujourd’hui, selon le "NouvelObs". C’est ce constat qui a poussé le chef de l’État français a revoir son discours et accentuer les relations bilatérales, « ce sommet tourne la page d’une relation complexe et complexée », a-t-il affirmé lors de l’ouverture du sommet. Cette entente passe également par les entreprises françaises présentes en Afrique, dont Total, Areva, Bouygues ou Bolloré, à adopter une charte de bonne conduite en matière sociale et environnementale. Celle-ci les engage a employer de la main d’oeuvre locale.

Illusion et désillusion

Certains dirigeants africains veulent croire à l’émergence d’une nouvelle forme de partenariat bilatéral, mais le bilan de l’action de Nicolas Sarkozy en Afrique est sans équivoque : diminution des échanges afro-français, au profit de la Chine et des pays anglo saxons, rupture diplomatique entre la France et certains pays africains, Paris garde des soutiens dans des États totalitaires, et le discours du président de la République française à Dakar, « l’homme africain n’est pas suffisamment rentré dans l’histoire », a mis à mal les relations établies auparavant.
De son côté, la CGT présente à ce sommet a dénoncé de « beaux discours », et indiqué que les « pratiques des entreprises françaises sur le continent africain sont souvent bien différentes », notamment les sociétés Total, Areva et Bolloré. Le syndicat a ajouté au journaliste de Reuters, « sauf à se réduire à un simple exercice de relations publiques, la responsabilité sociale et environnementale des entreprises ne peut seulement reposer sur les démarches volontaires et non contraignantes ».
À la clôture de ce 25ème sommet, les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique et de France ont convenu de se réunir tous les trois ans. Le prochain Sommet se tiendra en Egypte.

Céline Tabou


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