À Meixian, visite au Musée des diasporas chinoises

Un soutien identitaire mutuel

23 juin 2005

(page 8)

À Meixian, joignable depuis Canton par l’autoroute ou par le train, notre groupe arrive après un voyage d’environ sept heures en bus et la traversée du Mékong.
La ville de 5 millions d’habitants, moins industrieuse que Foshan et presque aussi peuplée, s’est développée plus récemment et compte beaucoup sur le tourisme. Les autorités ont créé à cette fin un immense parc d’attractions sur plus de 6.600 hectares en pleine nature et plusieurs musées - dont un va intéresser particulièrement la délégation réunionnaise.
Le centre de Meixian (prononcer “Meichou”), très fleuri et verdoyant, très propre aussi comme toutes les villes que nous avons traversées, a été aménagé récemment, ce qui a entraîné notamment la destruction de plusieurs bidonvilles. Certains regrettent dans ces disparitions la perte de vestiges de l’habitat hakka traditionnel, mais si cet habitat doit être préservé, il le sera plus facilement dans les campagnes très proches qu’en plein cœur de ville : la préservation du patrimoine, surtout d’origine rurale, n’est pas vraiment dans les priorités actuelle des Chinois.
C’est pourtant en plein centre de Meixian, dans une de ses ruelles de terre et de boue, qu’une dionysienne de la délégation a eu le choc de vivre des retrouvailles familiales auxquelles elle n’osait plus croire (voir par ailleurs) .

La Réunion représentée

De la tradition hakka, le Musée des Chinois d’Outre-mer a gardé la forme circulaire qui est celle des villages paysans. Commencé en 1994, il a été inauguré en 1999 et compte beaucoup sur les apports des “Chinois d’Outre-mer” - c’est le nom que les Chinois de Chine donnent aux quelques centaines de millions de leurs compatriotes dispersés dans le monde.
Le Musée a recensé 64 pays de dispersion, dont chacun sera représenté par un département. Quelques départements, ceux des diasporas qui ont pu réunir des moyens conséquents, sont déjà installés : le Canada, les États-Unis d’Amérique, la Malaisie, l’Indonésie, le Royaume Uni, Singapour, les Seychelles et la Birmanie.
Celui de La Réunion est balbutiant et la visite des associations culturelles présentes dans la délégation a surtout cherché à donner un fort appui symbolique au projet. La délégation a trouvé une salle en travaux qui doit être inaugurée le 16 octobre prochain, en présence du député-maire de La Réunion, André Thien-Ah-Koon.
Selon le directeur adjoint du Bureau des Chinois de l’étranger et de l’Outre-mer, Du Mao Jiang, qui a reçu la délégation conduite par Nassimah Dindar au premier étage du Musée, celui-ci lorsqu’il sera achevé "devra montrer une image complète de l’île de La Réunion et des Chinois d’Outre-mer qui y vivent". Pour le moment, un volcan en matière plastique trône sur un présentoir et les responsables du Musée annoncent notamment pour l’inauguration, la présence d’un grand écran et d’un film documentaire sur le volcan. Mais il y a encore du travail avant que la salle du Département de La Réunion puisse exposer une vision assez complète de cette partie de l’histoire du peuplement de l’île.

Sur les traces des premiers chinois réunionnais

Maxime Chane Woon Ming, président de l’association de l’École franco-chinoise à Saint-Paul et Henri Chane Tef, président de l’association bénédictine culturelle chinoise ont apporté pour le musée des panneaux plastifiés reproduisant des documents officiels délivrés par les autorités coloniales françaises aux migrants venus de Chine. Ce sont des reproductions de passeport délivrés au moment de la création du Consulat de Chine à Madagascar, parfois plusieurs années après l’entrée effective des ressortissants chinois - et le document mentionne en ce cas la date (supposée) d’arrivée.
La plupart des Réunionnais d’origine chinoise ont ces documents dans leur famille et les responsables d’association ont déjà lancé plusieurs appels pour qu’on leur prête des traces tangibles de l’arrivée de ces migrants, ou encore des objets témoignant de leur intégration et de leur vie dans l’île. L’école franco-chinoise a présenté en 2003 une exposition réunissant certains de ces objets et a édité par la suite un catalogue de l’exposition, dont quelques exemplaires ont été offerts au Musée.
Par le détour à ce Musée, les Réunionnais ont pu constater la fierté des Chinois à être présents partout sur la planète et le soutien qu’ils attendent de leurs compatriotes d’Outre-Mer. Quant à ces derniers, les Réunionnais du moins, ils ont été parfois très émus de ce qu’ils ont trouvé là-bas et certains se sont rendu compte qu’ils avaient encore beaucoup de chemin à faire pour renouer les fils de leur histoire personnelle et/ou familiale. Un travail associatif, avec l’appui de l’ensemble de la société réunionnaise, peut faire progresser l’affirmation identitaire collective.

P. David


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