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Un groupe de Portoises à Rodrigues et Maurice
30 juillet 2008, par
Après Lyon et la Belgique en 2004, le goût du voyage vient de les porter cette fois vers deux îles sœurs de l’océan Indien. Le groupe de femmes de la cité Ravine à Marquet au Port, depuis dix ans qu’il existe, ne manque ni d’initiatives, ni de projets. Elles reviennent aujourd’hui d’une sorte de voyage remontant le temps, dans cette île Rodrigues image de notre Réunion d’il y a 40 ans, d’avant les hyper-marchés et les quatre-voies. L’étape rodriguaise a été complétée à Maurice par une rencontre fraternelle avec nos amis chagossiens, toujours en lutte pour la justice et le droit au retour au pays natal.
Tout au long de l’année, elles consacrent leur temps libre à leur association, organisant des repas dans les grandes manifestations culturelles du Port, du Festival international du film d’Afrique et des Iles à la Semaine de la Science, en passant par les soirées musicales du Kabardock. Avec les recettes ainsi engrangées, elles jouent aux abeilles qui font leur miel d’un nouveau projet de voyage. Et elles se donnent les moyens, de façon pleinement autonome, de le financer.
“Elles”... qui sont-elles ? Des femmes, des mères de famille habitant la cité Ravine à Marquet, située entre la ville du Port et le village de Rivière des Galets. Leur histoire commune a commencé dans les dernières années du siècle dernier, elles se sont regroupées, elles ont appris la mosaïque, le dessin, la peinture, la couture, la vannerie, la broderie, à monter à vélo... à nager pour certaines ! Elles ont créé une association, l’Association des Savoir-Faire Portois (ASFP), présente aux fêtes du quartier et du 20 décembre, à la Semaine créole, aux échanges des classes de ville...
Un voyage bien préparé
Elles ont préparé leur voyage, soigneusement et de longue date, habituées à se réunir à leur quartier général, la maison de quartier de la cité. Elles se sont concocté un programme non-stop, avec les conseils avisés de leurs amies Paule et Ninine. A Rodrigues, elles ont parcouru l’île en autocar - là-bas on est loin du tout-automobile ! -, elles ont aimé l’hospitalité et la gentillesse des gens, la tranquillité des rues de la capitale Port-Mathurin, elles ont goûté le “zourite” sous toutes ses formes, elles ont pris le bateau pour une journée à l’Ile aux Cocos, magnifique réserve naturelle d’oiseaux.
A Maurice, elles ont bien sûr sacrifié aux “incontournables” : marché de Port-Louis, île aux Cerfs, visite de Mahébourg sur la côte Sud... Mais la note la plus émouvante du séjour aura été ces trois rencontres avec le Groupe Réfugiés Chagos. D’abord deux soirées de fêtes, avec échanges culinaires - dignes de tous les éloges ! -, danses avec le mariage des couleurs et des figures, chants - y compris l’inoubliable “Océan Indien zone de paix” du groupe Zordi... il y a déjà presque 30 ans ! -, mais aussi bonheur d’écouter un authentique conteur, comme au temps lontan dans nos familles d’avant la télévision...
Un moment émouvant
Deux soirées et un repas de midi, suivi d’un exposé fait par Olivier Bancoult, le leader du Groupe Réfugiés Chagos. Ce fut un moment plein d’émotion et de solidarité. Olivier a le don de faire ressentir “de l’intérieur” la souffrance de son peuple, qui fut arraché de ses îles natales de l’archipel des Chagos (Peros Banhos, Salomon, Diego Garcia...), voici plus de 30 ans, pour faire place nette à la plus grande base militaire américaine dans l’océan Indien. Depuis, la lutte des femmes et des hommes des Chagos pour leurs droits ne s’est jamais démentie. Mais la justice a de terribles ennemis du côté des puissants. Ce qui n’empêche pas Olivier Bancoult et ses amis d’avoir le ferme espoir de se voir enfin reconnaître par la Chambre des Lords de Grande-Bretagne, dans moins d’un mois, le droit de vivre sur les îles qui sont les leurs.
Guilène, Lucienne, Marie-France, Martine, Rolande, Roselyne, Rose-May, Yasmine, Zabeth, avec leurs amies Cati, Maryse, Ninine et Paule, toutes ces femmes ont vécu une aventure pleine d’enseignements. Les 3 enfants et les 3 hommes qui avaient été accueillis dans le groupe sont également ravis. Déjà on rêve à la prochaine escapade : peut-être sur le continent africain ?
A.D.
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