Artee, mère de Virendra (9 ans) :

’Une chambre à soi...’

2 novembre 2004

Artee est la mère d’un petit garçon qui aura 10 ans en décembre et qui vient se faire soigner à La Réunion pour la troisième fois. Porteur du virus d’immunodéficience humaine vraisemblablement depuis la naissance, Virendra a été reconnu séropositif vers l’âge de deux ans. À l’occasion d’une maladie qui l’a terrassé pendant huit mois, une prise de sang révèle la présence du VIH. Il a été soigné à l’île Maurice pendant cinq ans avec des médicaments génériques, mais l’apparition d’une maladie dite “opportuniste” (elles surviennent quand le taux de CD4 est inférieur à 350 par ml de sang) a nécessité un premier voyage vers La Réunion, en 2001. Il était alors atteint d’une infection pulmonaire, dont il a guéri. Trois ans plus tard, rechute. Un lymphome au cerveau cette fois. Virendra arrive dans les bras de sa mère : il est hémiplégique, comateux et sans aucun appétit.

À 48 heures près

Le diagnostic du docteur Gaud, qui le voit à son arrivée, est que à 48 heures près, le gamin serait passé de vie à trépas. C’est l’association PILS, à Maurice, qui a payé le voyage du petit garçon et de sa mère. Le séjour et les soins sont pris en charge ici par RIVE océan Indien. "Tout le personnel médical du service d’immunologie clinique du CHD travaille bénévolement pour les patients de la zone", souligne Jacques Rollin. Virendra a une fois encore été “rattrapé” à temps mais il a dû revenir en juillet, encore très affaibli. Il est donc là depuis plus de trois mois, pour des séances de perfusion et des soins hospitaliers. Lorsque les soins sont terminés, il rejoint avec sa mère le centre de RIVE, rue du Four-à-chaux (Saint-Denis), où ils sont hébergés dans l’une des trois chambres que l’association réserve aux patients de la zone.
Artee, la mère de Virendra, apprécie à sa mesure le geste de l’association. "À la Rivière des Remparts, où nous habitons, lorsque le petit est malade, il faut aller au dispensaire de Port-Louis, à 45 minutes en bus, pour prendre les médicaments, puis retourner chez nous", explique-t-elle en créole mauricien. Encore faut-il que le petit soit “transportable”. Il n’y a pas d’hôpital de jour. Et la jeune femme ne garde pas un bon souvenir d’une hospitalisation passée où, dit-elle, il n’était pas possible de se reposer "dans une chambre à soi...".
Aujourd’hui, Virendra a repris le dessus. Comme beaucoup de gamins de son âge, il joue tout le temps. Si la fièvre tombe et s’il va vraiment mieux, c’est-à-dire si le taux des lymphocites - gardiens du système immunitaire - remonte, il pourra rentrer à Maurice et peut-être, retourner à l’école à la rentrée 2005, après deux ans d’interruption...

Pas assez de logements...

RIVE océan Indien a aménagé, au dernier étage du siège dionysien, un petit appartement de trois chambres, avec séjour et cuisine en commun. L’association peut donc accueillir trois familles en même temps. Elle dispose encore de 27 appartements thérapeutiques, pour les patients réunionnais en situation sociale précaire.
Mais il n’y a pas que les patients que l’association a besoin d’accueillir. Les médecins qui viennent en formation, depuis les pays de la zone, séjournent pendant quinze jours. Et les médecins-professeurs formateurs aussi. Pour la première fois depuis dix ans, l’association a pu disposer pour eux d’un bungalow de l’hôpital, fait pour les internes et les professeurs en mission.
Des appartements dans Saint-Denis pourraient aussi être rendus disponibles, d’après une proposition faite au docteur Gaud. Globalement, d’après une projection faite par l’association sur ses besoins en hébergement, répondant aux organisations de stages pour médecins et infirmières. "On a reçu 20 médecins en 2004 - et l’année n’est pas finie - chaque médecin restant ici quinze jours", dit Jacques Rollin, le chargé le coopération régionale de l’association. "Nous donnons la priorité aux patients, poursuit-il. Donc pour les médecins, je fais souvent la tournée des hôtels... Nous essayons de faire en sorte que tout le monde soit bien accueilli, aussi bien les patients que les personnels en formation. Les patients surtout sont inquiets, coupés de leur famille. Nous déjeunons avec eux tous les jours. Il m’arrive aussi de passer au siège le week-end, pour voir si tout va bien..."


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