Élie Hoarau et l’ouverture sur le monde

Une nécessité pour l’avenir de La Réunion

28 octobre 2004

Vendredi dernier sur KOI, le secrétaire général du PCR a apporté un éclairage sur les possibilités d’ouverture de La Réunion vers l’extérieur.

Que pense le Parti communiste réunionnais des échanges avec la France, l’Europe, dans la zone et les ouvertures qu’il peut y avoir vers l’Asie, la Chine et l’Inde notamment ? Quel est le point de vue du PCR sur cette ouverture sur le monde ?

Élie Hoarau : Un constat d’évidence : nous sommes une petite île, notre vocation est effectivement qu’on s’ouvre vers l’extérieur. Rappelons que pendant des siècles - cela a été extrêmement dommageable pour les Réunionnais - on a fait une ouverture uniquement à sens unique. Ce n’est pas la direction qu’il faut prendre, et nous avons été depuis fort longtemps parmi les premiers à dire qu’il fallait qu’on s’ouvre, notamment sur notre environnement voisin dans un premier temps, et ensuite sur un cercle beaucoup plus large.
Quand on l’avait fait à l’époque, on a été traité de tous les noms puisque s’ouvrir sur le monde était considéré comme subversif. Je me souviens des quolibets dont on a été l’objet pendant des années et des années de la part de ceux qui étaient responsables et qui dirigeaient le pays.
La vérité finit par s’imposer et nous avons une nécessité de s’ouvrir non seulement sur le cercle très proche de La Réunion, les pays voisins de l’océan Indien, mais également les pays de l’extérieur et nous avons une opportunité de le faire puisqu’à La Réunion, nous avons des atouts. C’est d’ailleurs le slogan de la Région : valorisons nos atouts.
Dans certains domaines, nous avons l’excellence, nous pouvons porter la voix réunionnaise et l’expérience réunionnaise dans des pays beaucoup plus importants que nous ou plus grands. On peut le faire sans complexe.
Dans un certain nombre de domaines, nous pouvons effectivement coopérer avec les meilleurs du monde et c’est un devoir pour nous, même si nous voulons nous développer, et c’est aussi un devoir vis-à-vis des autres d’apporter notre voix à l’extérieur.
Pour prendre quelques exemples immédiats, nous savons que pour les îles voisines, avec les changements climatiques, nous courons un certain nombre de risques. Pour cela il faut prévoir les conséquences de ces changements climatiques, que ce soient les intempéries ou les élévations du niveau de la mer.
À partir de là, il y a une recherche à faire, et elle peut être internationale. Dans ce cadre, nous avons une certaine expérience que nous pouvons mettre au profit des autres.

Partager les compétences

Par exemple, nous savons que notre lagon est menacé. Mais cela ne concerne pas seulement La Réunion, c’est le cas à Madagascar et à Maurice. Or, Maurice a ciblé ses activités économiques sur le tourisme. Le tourisme à Maurice, c’est pas les montagnes, c’est les plages, c’est la mer...
Là nous avons une coopération scientifique à prévoir, d’autant plus que nous avons un certain nombre d’acquis dans la reproduction des coraux etc...
Voilà une ouverture, et c’est non seulement une contribution scientifique entre scientifiques mais cela aura des effets sur l’économie même de l’île Maurice. Je pense à Maurice, je pense à Madagascar, à Rodrigues ou aux Seychelles, voilà un domaine où nous pouvons apporter notre contribution.
C’est également le cas dans le domaine de la canne à sucre.
Nous avons un positionnement géo-stratégique. Nous sommes à la fois intégrés à l’Union européenne et nous sommes au centre des échanges entre les pays du Sud, que ce soient les pays d’Asie vers l’Afrique, l’Afrique du Sud ou l’Australie, nous avons là un positionnement tout à fait extraordinaire dont il faut tirer profit.
Là aussi, avec la Région, le président de la Région a initié des contacts, et même des accords avec des pays d’Asie. Ces initiatives de Paul Vergès ont été soumises par lui-même au Premier ministre lors de son passage à La Réunion qui a considéré que cela relevait des prérogatives de l’État, mais que si cela devait servir le développement de La Réunion et bien pourquoi pas.
Il y a là un acquis de fait pour des échanges qui pourraient se faire, plus que des échanges, une véritable coopération avec les grands pays d’Asie, La Réunion et la conquête du marché européen.
Tout cela, c’est l’ouverture de La Réunion vers l’extérieur et je pense que nous avons des atouts qu’il faut absolument mettre en valeur car il y va de l’avenir de La Réunion.
Vous voyez que quand nous parlons de l’avenir de La Réunion, on a tort de se focaliser seulement sur un aspect. On discutait tout à l’heure des problèmes de déplacement, cela contribue au développement de La Réunion mais l’ouverture de La Réunion vers le monde extérieur est aussi un des facteurs essentiels contribuant au développement de notre île pour bâtir notre avenir.

Des réalités s’imposent

Il faut faire la part des choses, il y a eu dans les débats antérieurs beaucoup de procès d’intention. On était dans un contexte mondial particulier qu’on appelait la période de la guerre froide et toute tentative d’ouverture de La Réunion vers le monde extérieur était interprétée comme une prise de position de tel ou tel parti vers tel ou tel camp.
Cela a beaucoup faussé le débat, il faut dire aussi qu’on ne s’embarrassait pas de brider la démocratie à l’époque, mais il y a aujourd’hui des données totalement nouvelles et des réalités s’imposent.
La difficulté pour nous est de voir comment on peut impulser une coopération avec les pays voisins et avoir un certain nombre de compétences pour mettre en œuvre cette coopération. Il faut qu’il y ait en quelque sorte une espèce de délégation de compétences pour que ce genre de problème puisse être traité dans des délais normaux et ne pas subir les difficultés des tracasseries administratives pour la moindre des choses.

La décentralisation, c’est doter les élus locaux de moyens suffisants pour mener une politique soit de proximité, soit de coopération avec les États et les pays voisins. Il y a un début de compréhension.

Maintenant, la réalité est en train de s’imposer. Il faut qu’on trouve notre chemin dans le cadre d’un dialogue, et surtout en excluant toute sorte de procès d’intention qu’on nous avait fait à l’époque et qui n’était pas de nous.


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